Le pape prend-il ses vacances à Venise ?

Dans la série The New Pope, on voit le pape se balader en maillot de bain sur une plage de Venise, entourée de belles jeunes femmes peu habillées qui jouent au volley… Mais le pape prend-il ses vacances à Venise dans sa maison de vacances ?

Bien sûr que non : sans allusion aucune à toute polémique sur le célibat des prêtres, le pape a choisi de donner entièrement sa vie à Dieu, sans retard, sans retour et sans… restriction. Aussi, il n’a pas spécialement envie d’aller se balader en maillot de bain papal – qui ressemble plutôt ici à un vulgaire slip – sur une plage huppée de la Reine de l’Adriatique ou ville des amoureux, allias Venise…

Un pape jamais en vacances

Le pape François, on le sait, n’aime pas les vacances, et s’il doit se reposer, il se limite, contraint et forcé, à annuler quelques rendez-vous. En dehors des déplacements pontificaux, il reste toujours dans son petit appartement de la maison Sainte-Marthe où il a élu domicile depuis son élection, pour ne pas avoir à habiter le palais apostolique officiel, « trop grand et trop fastueux » pour lui.

Vue arérienne de Castel GandolfoD’ailleurs, le pape François a décidé, trois ans à peine après son élection, de ne plus profiter de la résidence d’été des papes, Castel Gandolfo, pour vivre un été plus sobre, renonçant ainsi définitivement à aller s’y reposer comme faisaient tous ses prédécesseurs et mettant fin ainsi à une tradition de plus de 420 ans ! Dès son élection, il avait fait ouvrir aux touristes les magnifiques jardins de ce bel écrin légèrement moins chaud que Rome en été, car situé en hauteur. Il a donc aussi ouvert aux publics les prestigieux appartements, de la même façon qu’il n’habite plus les appartements pontificaux.

Lire aussi : comment déjeune le pape ?

Jardins du pape - Castel GandolfoSi le pape François a patienté un peu avant d’ouvrir au public l’intégralité de ce magnifique espace chargé d’histoire, c’est qu’il voulait laisser le temps au pape émérite Benoît XVI, retiré à Castel Gandolfo depuis sa renonciation au trône de Pierre, de s’installer au petit monastère Mater Ecclesiae, dans les jardins du Vatican, qui avait besoin de gros travaux…

La longue histoire de Castel Gandolfo

Acquis par le Saint-Siège en 1596 en rémission d’une dette des Gandolfo-Savelli sous le Pape Clément VIII, le château était devenu résidence d’été des papes en 1626, sous le pontificat d’Urbain VIII (1623-1644). Les papes Pie XII et Paul VI y moururent en 1958 et 1978. Jean XXIII et Jean Paul II y séjournaient chaque été pour fuir la chaleur romaine (ce dernier appelait malicieusement les lieux « Vatican II »).

Bureau du pape - Castel Gandolfo
Bureau du pape – Castel Gandolfo

Cependant, le pape François ne reste pas reclus au Vatican comme un ermite. A la maison Sainte-Marthe, il déjeune souvent avec le personnel, invite même les pauvres de Rome, reçoit beaucoup. « Je ne peux pas vivre seul entouré d’un tout petit groupe de personnes. J’ai besoin de vivre avec des gens, de rencontrer des gens », a-t-il toujours dit.

 

Un domaine chargé d’histoire qui fait désormais partie des Musées du Vatican

Chambre du pape - Castel Gandolfo
Chambre du pape – Castel Gandolfo

Le domaine de  cinq hectares de nature et d’art  abrite plusieurs villas comme la magnifique villa Barberini ou encore celle de l’empereur Domitien, dernier empereur de la dynastie des Flaviens, avec une vue imprenable sur le lac d’Albano, près de Rome. Accueillant une petite ferme, le téléscope de l’Observatoire du Vatican et doté de l’électricité dès 1934, le domaine abritera à partir de 1943 plus de 3000 juifs fuyant les persécutions. Mais rien à voir avec le Pie XIII de la série The New Pope !

 

 

Pour aller plus loin :

Le pape voyage-t-il à genoux ?

Jude Law, un pape (Pie XII) qui prend l'avion...

Dans la série The Young Pope/The New Pope, le pape Pie XIII (rien à voir avec Pie XII) voyage à genoux. Pire : il y aurait une classe en dessous de la classe économique, où il n’y a même pas de siège mais un simple coussin… ou tapis ? Alors, qu’en est-il vraiment ?

Nous nous sommes renseignés auprès de la Secrétairerie d’Etat de la Cité du Vatican, pardon, non, du Saint-Siège (lire aussi : le Vatican et le Saint-Siège, c’est pareil ?), pour tirer tout cela au clair. En effet, c’est une affaire plus que supprenante de voir le pape voyager à genoux, qui plus est en priant ! (Bien sûr, pour les catholiques, il n’est pas interdit de prier quand on voyage… ni de voyager quand on prie, mais quand-même).

Démenti officieux

Après avoir fait sonner les portables, nous avons donc eu la confirmation du contraire : le pape voyage en réalité soit débout, soit assis. Tout simplement. En voici les preuves…

Sur cette image, on voit bien que le pape voyage assis :

Voici une autre image dans laquelle il voyage debout :

Parfois, il lui arrive même d’assister les pilotes (peut-être a-t-il eu son brevet d’aéronautisme quand il était ado ?) :

Autre précision incroyable : le pape a même son bagage en cabine ! Et n’a pas de jet privé, le Vatican n’étant pas aussi riche qu’on le croit parfois… (lire aussi : Le Vatican est-il riche ?).

Alors voilà, non seulement nous avons les preuves, mais en plus, un expert en sécurité aéronautique affirme que lors du décollage, cette position à genoux n’est pas autorisée par les procédures en vigueur dans l’aviation civile, d’autant que le coussin ne possède pas non plus de ceinture de sécurité. Et comme le pape est très respectueux de la législation, il respecte aussi cette règle-là…

“De fait, pour le moment la classe la plus  basse c’est la classe éco, or dans cette classe, chaque passager a bien un siège attitré”, précise ce spécialiste des voyages papaux. Un autre expert, spécialiste des genoux celui-là, affirme que “cette position n’est pas à garder durant la totalité d’un vol Paris-New-York, et ce même si on porte des bas de contention”. Et comme le pape est très respectueux du corps que Dieu lui a donné, il est aussi très respectueux de la médecine…

Un pape, ça voyage toujours beaucoup…

De fait, un pape, ça voyage beaucoup ! Si on prend par exemple Jean-Paul II, il est passé par 130 pays (sur les 191 que compte la planète), il a parcouru plus d’un million de kilomètres et visité près de 900 villes, ce qui n’est pas rien. D’ailleurs, selon les statistiques du Vatican, Jean-Paul II a ainsi effectué un peu plus de trois fois la distance entre la Terre et la Lune, ou encore près de 30 fois le tour de la Terre ! Il aurait même pu voyager en fusée ou en navette spatiale ! Et oui ! Enfin, si l’on compte ses nombreux déplacements en Italie (près de 150), le pape de la nouvelle annonce de la Bonne Nouvelle (*) a été absent presque trois ans du Vatican… loin de la vision véhiculée par la série The Young Pope / The New Pope, où le pape se la coule douce en buvant du Coca Zéro à la cerise ou en jouant au billard

Pour aller plus loin :

 

(*) pour ne pas dire nouvelle évangélisation, qu’on pourrait confondre à tort avec du prosélytisme…

Le pape joue-t-il au billard en fumant sa clope ?

Lenny Belardo dit Pie XIII (Jude Law) dans la Série The Young Pope

Oui, bien sûr, il en fume même 12 par jour, comme les apôtres ! 😉 Bon en fait, il ne faut pas se leurrer, une vie de pape n’est pas vraiment – voire même pas du tout – comme dans The Young Pope / The New Pope, où le Saint-Père fume sa clope tranquillement en jouant au billard avec son Coca à la cerise (véridique !) et décide de tout comme un chef maffieux…

Ceci est une vision déformée de la réalité. Mais bon, qui a dit que les séries à succès étaient toujours les plus réalistes ? 😉

Il faudrait déjà, avant toute chose, que le pape fume. Or, ce n’est pas le cas du cas actuel, François, à qui il manque un poumon. C’est d’ailleurs pas très sympa d’avoir représenté un jeune pape qui fume alors que le nôtre est déjà assez âgé et ne peut plus cloper !

Ensuite, il faudrait aussi que le pape joue au billard. Or cela n’est pas confirmé par la Secrétarie d’Etat. Il n’y en a d’ailleurs pas au Vatican, du moins à notre connaissance, car les caves vaticanesques renferment sans aucun doute de nombreux secrets cachés au commun des mortels que nous sommes…

C’est un peu comme le fait que le pape sache ou non jongler : ce n’est pas impossible, bien sûr, mais qui connaît la vérité ? Le plus simple serait de lui demander au cours d’une audience papale ou lors de sa catéchèse place Saint Pierre, lorsqu’il s’aventure dans la foule…

Enfin, il faudrait encore que le pape soit très mal élevé pour fumer au-dessus d’un billard : ça coûte une blinde de refaire le tapis si une cendre encore allumée le perce !

En revanche, ce qui est absolument certain, c’est que l’Eglise catholique n’a rien d’une maffia dont le pape serait le chef, pas plus que l’Eglise n’est une ONG à laquelle on cotise (dixit François), ni encore moins une secte qui a réussi.

Non, vraiment, la seule fumée que le pape connaisse bien, c’est la blanche qui l’a vu élire.

Pour aller plus loin :

Le pape sait-il jongler ?

Le pape sait-il jongler ?

A priori non – en tout cas à notre connaissance – le pape ne sait pas jongler. Du moins, pas avec des balles ou des oranges, comme on le voit dans The Young Pope / The New Pope.

En revanche, le pape sait très certainement bien jongler avec la Curie romaine, les prélats ou les évêques un peu casse-pieds, voire même les cathos de son entourage un peu trop mollassons face à l’urgence de l’annonce du Christ aux périphéries de l’Eglise… Il est possible aussi qu’il sache jongler comme n’importe quel jongleur, mais il s’en est bien caché : après tout, nombre de saints savaient parfaitement jongler, comme par exemple Saint Jean Bosco, qui était aussi un acrobate hors pair.

Qui était Saint Jean Bosco ?

Saint Jean Bosco
Saint Jean Bosco / “Don Bosco”

Né en Italie en 1815, dans une famille pauvre de paysans, il perd son père alors qu’il n’a que deux ans. Assez cancre à l’école, il passait la plupart de son temps dehors, comme berger, pendant lequel il apprend de nombreuses acrobaties. Finalement, il surmonte son manque d’éducation et devint prêtre. Toute sa vie, il manifestera une profonde compassion pour les jeunes orphelins. Devenu Don Bosco, il rassemble autour de lui un groupe de garçons qu’il héberge, nourrit, habille et éduque. Parfois, ce groupe peut atteindre jusqu’à 500 gamins. En tant que père de substitution, saint Jean Bosco est incroyablement gentil avec ses petits protégés, et généreux de son temps. Il courre avec eux, grimpe aux arbres avec eux et participe à tous leurs jeux. Il leur montre des tours de magie, sa jonglerie et des acrobaties. Il leur apprend même ! Et c’est ainsi qu’il leur apprend aussi à devenir de bons chrétiens, de fidèles témoins de la Bonne Nouvelle de ce Jésus venu sur Terre pour nous sauver de nos égarements, nous racheter et nous donner la vie éternelle !

Quid du pape ?

Si le pape sait jongler, en tout cas, jamais il ne le fait avec un air aussi bête que dans la série The Young Pope / The New Pope !

Pour aller plus loin :

 

Quelle musique Dieu écoute-t-il ?

La première image de la série The Young Pope

Première image officielle de la série The Young Pope / The New Pope (photo ci-dessus) : on se demandait si le pape Pie XIII n’était pas en train d’écouter de la musique…

La bande-son électro-rock de la série The Young Pope / The New Pope fait l’unanimité et apporte beaucoup au rythme de la série. Pie XIII, d’ailleurs, qui cite cite Daft Punk, aime beaucoup écouter de la musique : lorsqu’une ministre d’un pays scandinave lui offre un vinyle, il s’empresse de demander à l’écouter… Contrairement à ce qu’on pourrait penser, d’ailleurs, les papes peuvent tout à fait être musiciens (Benoît XVI jouait du piano). Et Dieu, quelle musique écoute-t-il ? La réponse de Paul Clavier, philosophe normalien, dans son livre 100 questions sur Dieu.

Selon une légende propagée par le théologien suisse Karl Barth, Dieu, sur son trône, écoute (religieusement) les cantates de Jean—Sébastien Bach, interprétées par le chœur et l’orchestre des anges du paradis. Mais lorsque les anges sont entre eux, au cours des répétitions, ils se mettent à jouer du Mozart, et Dieu écoute à la porte.

Cet apologue traduit une intuition sur la personnalité de Dieu, très révélatrice de nos attentes humaines. En public, Dieu aime la majesté, la gloire, la solennité. En catimini, il goûte la frénésie mélancolique de Wolfgang… Amadeus. D’un côté, nous reconnaissons aisément la grandeur et la puissance de Dieu, et seule une « grande » musique semble alors à la hauteur. Mais nous tenons également à un Dieu sensible, capable de s’attendrir.

Nous imaginons sans peine Dieu à l’aise dans le Messie de Haendel et dans le chœur final de la « Neuvième symphonie » de Beethoven, où il est d’ailleurs évoqué sans détour :

« Frères, par-delà la tenture des étoiles doit habiter un père chéri. Vous prosternez-vous, milliards de créatures ? Monde, pressens-tu ton Créateur ? »

On peut également penser à la « Neuvième symphonie » de Bruckner, dédiée à Dieu, et qui propose un véritable trip métaphysique à l’auditeur emporté vers des horizons mystiques. Mais pourquoi Dieu ne se réjouirait pas d’une simple comptine qui chante la vie, les saisons, l’amour ou la nature ? Il n’est même pas exclu que Dieu aime la musique métal, à condition toutefois qu’elle célèbre l’énergie de la création, et non le plaisir douteux de la destruction.

Conclusion : c’est pareil pour The Young Pope / The New Pope, Dieu peut aimer la bande-originale, à condition toute fois qu’il ne s’agisse pas se servir l’entreprise de destruction massive d’un pseudo-pape Pie XIII revanchard et sournois, pour ne pas dire pervers… Allez, on vous met un lien vers la playlist de la BO de The Young Pope.

 

Pour aller plus loin :

Éteignez la télé, changez-vous l'esprit !

Le pape François, un anti-pape-Pie XIII, d'après le réalisateur de la série The Young Pope

Le pape François, un anti-pape-Pie XIII, d'après le réalisateur de la série The Young Pope
Le pape François, un anti-pape-Pie XIII, d’après le réalisateur de la série The Young Pope

…Et découvrez l’envers du décors, le vrai Vatican et le vrai pape, avec ces propositions à des milliards d’années-lumière de ce que vous avez pu voir dans la série The Young Pope avec ce grand malade de Pie XIII.

Les derniers tweets du pape François


 

Sites et médias du pape François

Appli mobiles du pape François

Revues et mooks sur le pape François

Les 7 rêves de FrançoisLes 7 rêves de François pour changer le monde

Présentation : Sous la forme de rêves (qui ne sont pas les cauchemars de Pie XIII…), en réalité des pistes d’actions très concrètes, les grandes intentions spirituelles portées par ce pape hors-normes. Le magazine est constitué à 99% de magnifiques photos de moments forts ou rares avec le pape François, des images qui s’accompagnent de ses plus belles paroles pour illustrer sa pensée. Une parution d’une grande qualité, d’un contenu riche autant en textes qu’en photos, à lire et à relire…
Se procurer Les 7 rêves de François pour changer le monde via Amazon
 
 
 
Continuer la lecture de « Éteignez la télé, changez-vous l'esprit ! »

Le Vatican et le Saint-Siège, c'est pareil ?

Cardinal Voiello (Silvio Orlando) - The Young Pope
Cardinal Voiello (Silvio Orlando) dans la série The Young Pope
Le Cardinal Voiello (Silvio Orlando) dans The Young Pope : une éminence grise aux manigances pas très catholiques, mais qui conseille assidûment le pape Pie XIII…

Dans la série The Young Pope du réalisateur Paolo Sorrentino diffusée simultanément sur Canal+, Sky Atlantic et HBO, l’action se déroule au Vatican. Sans qu’il soit toutefois expliqué une seconde, dans la bouche d’un des protagonistes, ni même du pseudo obscurantiste pape Pie XIII, ce que ce petit Etat représente. Les explications d’Austen Ivereigh, avec la participation de Natalia Trouiller, dans le livre Comment répondre aux questions brûlantes sur l’Eglise sans refroidir l’ambiance (Editions de l’Emmanuel 2016).

La ville du Vatican, malgré sa splendeur, n’est qu’une petite partie de la ville de Rome. Elle est cependant reconnue comme un Etat suite aux Accords du Latran de 1929. Cet accord signé avec le dictateur italien Benito Mussolini mettait un terme à la question de la souveraineté territoriale du Vatican qui se posait depuis la perte des États pontificaux et la naissance de l’Italie en tant qu’Etat-nation.

On entend dire parfois que c’est uniquement grâce à ces accords que le Vatican est reconnu sur le plan international. Mais ce serait confondre le statut du Vatican comme État et la souveraineté internationale du Saint-Siège, reconnue, elle, depuis des siècles, et donc bien avant 1929. Par exemple, les plus anciennes relations diplomatiques que la France entretient sont celles qui la lient au Saint-Siège depuis le XIIIe siècle. Ces relations ont été formellement établies sous Henri IV et ne connurent d’interruption qu’entre 1904 et 1921, soit plusieurs années avant les Accords du Latran. La nonciature apostolique en Suisse, établie en 1597 à Lucerne, est la plus ancienne représentation permanente du Saint-Siège au nord des Alpes. Le nonce était alors accrédité auprès des cantons catholiques, avant de l’être auprès de la Confédération dès 1803.

Les Accords du Latran manifestent que le Vatican est un Etat insignifiant en termes de «pouvoir dur» (il n’a ni armée ni force économique), mais, étant donné sa capacité à toucher les cœurs et les esprits, on lui reconnaît un «pouvoir doux». Le Saint-Siège a participé de près à certains évènements historiques, comme l’effondrement de l’Empire soviétique, dans lequel le pape Jean-Paul II a personnellement joué un rôle crucial.

La plupart du temps, comme l’atteste la restauration des liens entre les Etats-Unis et Cuba en décembre 2014, suite à la patiente médiation du pape François, les résultats montrent l’efficacité considérable du travail mené en coulisse par le réseau diplomatique de l’Eglise.

Le Vatican est le siège de la gouvernance universelle de l’Eglise catholique. Il détient une souveraineté internationale, ce qui signifie qu’il est reconnu comme une entité légale, avec laquelle les gouvernements peuvent entretenir des relations. Cette souveraineté est ce qui permet, par exemple, à l’évêque d’un diocèse d’être nommé par le Vatican plutôt que par le gouvernement local.

Elle donne aussi à l’Église une indépendance déterminante par rapport à tout pouvoir politique. La liberté religieuse, c’est-à-dire la liberté de pratiquer sa religion, de manifester sa foi, etc., est protégée par l’indépendance de l’Eglise catholique, manifestée par sa souveraineté internationale.

Rien de ce que le Saint-Siège parvient à accomplir dans le monde (en usant de son autorité morale et de sa présence auprès des pays du monde entier pour faire changer les choses de façon efficace) ne serait possible sans cette souveraineté internationale.

Le Saint-Siège existe en tant qu’oganisation de manière ininterrompue depuis le IVe siècle, ce qui fait de lui un des États-Nations les plus anciens au monde. Ses relations ne sont pas restreintes aux pays de tradition catholique : quelques 180 pays entretiennent des relations diplomatiques avec le Saint-Siège, et on compte 83 ambassadeurs près le Saint-Siège résidant à Rome.

Pietro Parolin vs cardinal Voiello (Silvio Orlando)

Le parcours de l’actuel secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin (à des années-lumière du cardinal Voiello joué par Silvio Orlando dans The Young Pope), donne un bon aperçu du type dactivités diplomatiques dans lesquelles le Saint-Siège est impliqué. Cet homme a renforcé les liens entre le Vatican et le Vietnam, ce qui a permis d’établir des bases de la liberté religieuse. Il a fait faire un grand pas en avant aux relations entre le Saint-Siège et la Chine. Il a été à la pointe des efforts du Vatican pour approuver le Traité de Non-Prolifération Nucléaire et à l’origine de la libération des quinze membres de la marine anglaise pris en otage par les forces iraniennes dans le Golfe persique en avril 2007.

Plus tard, comme sous-secrétaire de la section pour les relations avec les États, il a notamment pris part à des médiations dans des zones troublées telles que le Timor oriental, et aux négociations de paix entre L’Équateur et le Pérou au sujet de leurs frontières. Il a également soutenu les efforts internationaux pour bannir les armes à sous-munitions. Depuis sa nomination comme secrétaire d’État, il a supervisé les efforts du Vatican pour combattre le trafic d’êtres humains. Pierre Morel, ancien ambassadeur français près le Vatican (que l’un des contributeurs de ce blog a connu lorsqu’il était ambassadeur à Moscou, mais on s’en fiche un peu nous direz-vous), décrit en ces termes le rôle unique du Saint-Siège dans la diplomatie mondiale :  « Le Vatican exprime les profondes frustrations des peuples du monde, et son appel provient de la souffrance des communautés des deux côtés. »

Qu’est-ce que la confession ?

Quand Pie XIII (photo ci-dessus) sort du confessionnal… c’est pas la grande joie !

Dans la série The Young Pope / The New Pope du réalisateur Paolo Sorrentino diffusée simultanément sur Canal+, Sky Atlantic et HBO, on constate une vision fantasmée de la confession, bien loin de toute réalité. Ainsi l’anti-pape Pie XIII s’amuse même à dire qu’il ne croit pas en Dieu à son confesseur, effaré ! Mais en fait, qu’est-ce que la confession ? La réponse du Père Jean Legrez, tirée du chapitre « Dieu pardonne-t-il ? » dans 100 questions sur l’Eglise (Editions Artège).

La confession – ou sacrement de la réconciliation n’est pas autre chose qu’un haut lieu de la joie chrétienne (ce qui manque cruellement à la série The Young Pope / The New Pope, soit dit en passant, ndlr). C’est cela qu’il faut découvrir. Nous devons prendre conscience que le péché est cette tendance à faire cavalier seul, à vouloir être indépendant, et que cette tendance s’oppose à ce pour quoi nous sommes faits, la communion avec Dieu, la communion avec le prochain, et une certaine communion avec nous-mêmes. Le sacrement de la réconciliation est justement ce haut lieu de la joie où nous pouvons retrouver la communion avec le Christ, notre prochain et nous-mêmes.

Mais bon, c’est sûr que dans le cas d’un pseuo-pape Pie XIII aussi tourmenté, l’exercice est difficile… comme on le comprend !

Et vous, avez-vous peur de vous confesser ? Regardez cette vidéo, peut-être que cela vous aidera :

Vous pouvez aussi parler de la confession avec l’un de nos bénévoles sur le live chat’ de ce site (fenêtre en bas à droite) : vous êtes les bienvenus, dans tous les cas !

Précision, utile, pour se confesser, il faut déjà avoir reçu le premier sacrement de la vie chrétienne, qu’on appelle le baptême : mais vous pouvez aussi en parler avec nous ! 😉

Pour aller plus loin :

The Young Pope (Pie XIII) : la bande-annonce


Synopsis :
Lenny Belardo, dit Pie XIII, est le premier pape américain de l’Histoire. L’élection de cet homme jeune et séduisant au trône de saint Pierre pourrait apparaître comme un coup médiatique orchestré par le Collège des cardinaux. Pourtant les apparences peuvent s’avérer trompeuses. Particulièrement au Vatican, et parmi ceux qui ont choisi le grand mystère de Dieu pour guider leur existence : les dignitaires de l’Église catholique. Et le pape Pie XIII se révèle le plus mystérieux et pétri de contradictions d’entre tous (ça promet, ndlr !). Tout à la fois perspicace et naïf, ironique et prétentieux, conservateur et avant-gardiste, en proie aux doutes et déterminé, mélancolique et implacable, il tente de dépasser la solitude infinie de l’homme à la recherche d’un Dieu pour l’humanité. Et pour lui-même.
Bafouille de Paolo Sorrentino, réalisateur :
« Ces dernières années, de nombreux grands réalisateurs ont contribué à extraire les séries des canons traditionnels des feuilletons et autres fictions qui, à une époque pas si lointaine, dominaient la production télévisuelle. La possibilité d’expérimenter librement et sur toute la longueur une histoire aussi complexe et multiforme me semblait une formidable occasion de jouer avec l’imagination sans renoncer à tous ces éléments narratifs qui, bien souvent, sont sacrifiés au cinéma pour des raisons d’espace et de temps. »
Commentaire de notre contributeur Pacôme Anvret (cf qui sommes-nous) :
Bon évidemment, on a tous compris la première blague : on parle du pape comme étant, tenez-vous bien, le Saint Père, et là il confesse…. qu’il n’a pas de péché… donc qu’il est saint : ah ah ah ! Blague à part, on voit bien toute la crédibilité majestueuse de cette bande-annonce : c’est l’Eglise comme on l’aime, maléfique, terrriiiiiible, pleine de secrets divers et variés, de gros méchants maffieux, de camion-bennes (?), de piscines olympiques (vu la taille), de crucifix à l’envers (pas déjà vu quelque part, ça ?), de religieuses pas gaies du tout, de paquets de clopes et de cire dégoulinante un peu comme dans Ainsi soient-ils, Inquisitio, les Borgia, du très réel et surtout très novateur, il faut bien le préciser. ;-). Bref, ça promet, le pire n’est jamais moins sûr !
Pour aller plus loin : ce que nous réservent les premiers épisodes (synopsis officiels)

Le pape sort-il souvent d’une piscine tout habillé ?

The Young Pope (Pie XIII) sort de sa piscine

Cette image est un peu capilotractée, tout comme celle du pape qui fume (cf notre article « mais que fait donc le pape de ses journées ? »). Alors même s’il s’agit d’une campagne de Canal + faite pour susciter des abonnés autour de la nouvelle série The Young Pope / The New Pope, bien sûr que le pape ne sort pas trempé de sa piscine, il n’y entre même pas tout habillé comme en burkini, et sa piscine n’est pas en forme de croix, comme tout ce qui concerne l’Eglise et le pape (églises en forme de croix ?, Vatican ou place saint Pierre en forme de croix ?, papamobile en forme de croix ?, avion papal en forme de croix ?, micros en forme de croix ?, petit-déj en forme de croix ?, bénédicité en signe de croix ?, crucifix en forme de croix mais à l’envers cf bande-annonce, etc.).

On peut cependant révéler ici qu’il existe bel et bien une piscine papale. Et oui ! Elle a été installée par le plus sportif de nos trois derniers papes, à la résidence d’été de Castel Gandolfo, à 20 km du Vatican, par   Jean-Paul II (François, il lui manque un poumon dû à une grave maladie étant étudiant, Benoît XVI était déjà un peu âgé quand il est arrivé). Dès qu’on trouve une photo, on vous la montre…

Ainsi, je ne sais pas si ça vous intéresse, mais on surnommait Karol Wojtyla alias Jean-Paul II, l’«athlète de Dieu». Il est ainsi le seul successeur de Pierre à avoir pratiqué le football, la natation, le canotage, le ski et l’alpinisme. Au foot, il était plutôt courageux si l’on considère qu’à l’époque les jeunes polonais – par ailleurs assez pauvres – ne jouaient pas avec les chaussures à crampons comme cela se fait aujourd’hui mais utilisaient des chaussures de montagne, souvent pourvues de clous… Ainsi, il n’était pas rare que le petit Karol, pour parer les tirs et encaisser la charge des adversaires, rentre chez lui en loques… Heureusement, son père était plutôt cool, affirmant paraît-il que les coups de pieds pouvait bien tremper le caractère d’un jeune polonais…

Aussi nous laissons ici la plume à Franco Bucarelli, journaliste vaticaniste de la RAI, qui donne son témoignage… il y est question aussi de la piscine de Jean-Paul II, et des clichés ‘compromettants’ (?) pris en sortant de celle-ci…

A douze ans, Karol découvrait la beauté de la natation. L’idée de courir et de participer à des courses sur l’eau le fascinait mais cela n’était pas facile dans la mesure où, dans cette région de la Pologne, la mer est très éloignée et représentait presque un mirage pour ces jeunes. Il fallait donc apprendre à nager dans les rivières. Mais ce n’était pas rien car les courants étaient forts et, comme chacun sait, l’eau douce ne soutient pas les nageurs. Mais le garçon était tenace et, en peu de temps, il a appris à utiliser la technique des longues brasses et de la respiration à fleur d’eau.

Il a également défié de petits rapides et de gros cailloux à bord d’un canoë artisanal, évitant avec brio les cents dangers qui caractérisent un parcours aquatique de ce genre. Devenu un peu plus grand, au lycée, il commença à découvrir les beautés de la montagne. (…) A la première occasion, il s’unissait à des amis qui partaient pour la chaîne des monts Tatra, qui marquent la frontière entre la Pologne et la Slovaquie, cimes merveilleuses entourées par des forêts de pins. Il profitait des vacances du mois d’août pour s’adonner aux joies de l’escalade, souvent en solitaire, par ces sentiers raides, jusqu’à atteindre les 2.499 mètres d’altitude du mont Rysy, au sommet duquel on découvre un panorama extraordinaire avec, en arrière plan, le lac Morskie Oko que les polonais appellent «l’œil de la mer».

C’est là que le jeune Karol aimait pêcher en solitaire, concentré dans ses pensées de jeunesse et dans ses méditations qui annonçaient déjà sa future vocation sacerdotale. Tous ces sports, il a continué à les pratiquer en tant que prêtre, d’abord comme curé et même en tant qu’évêque.

En 1967, il se trouvait justement en barque quand il fut rejoint par la nouvelle que le Pape Paul VI l’avait créé cardinal. L’appel en Conclave interrompait la pratique du ski qui avait vu ce jeune et vigoureux cardinal prendre sur ses épaules une vieille paire de skis et s’élancer sur les pistes qui entourent Zakopane, la Chamonix polonaise où les champs de poudreuse s’étendent à perte de vue.

Depuis sa jeunesse, il avait appris à descendre comme une gazelle d’hiver, le long de ces pentes dangereuses, jouant à faire le slalom entre les centaines de sapins, défiant presque la nature pour laquelle il avait cependant un respect sacré. Jusqu’à l’hiver 1978, il n’y eut pas d’hiver qui ne le vit skier sur les pistes des monts Tatra.

Devenu le Pape Jean-Paul II, au cours d’une vacance sur l’Adamello, il laissa littéralement de glace le Président italien Pertini qui s’attendait à tout sauf à ce que le Pape soit un excellent skieur. Le chef de l’État s’approcha et lui dit: « Compliments, Sainteté, je dois vous confesser que j’ai été choqué de vous voir aller aussi vite sur la neige ». Karol Wojtyia, souriant, lui répondit: «Monsieur le Président, je suis fils des montagnes !».

Autour de la fameuse piscine

Au cours des premières années de son Pontificat, il se fit construire une piscine à Castel Gandolfo, faisant de longues séances de natation à l’heure de la sieste. Alors que tous ses collaborateurs sommeillaient, lui, à coup de brasses vigoureuses, allait d’un bout à l’autre du bassin à la stupeur des gardes suisses…

Imaginez aussi la surprise des jardiniers qui, entre une taille et l’autre, se montraient pour voir le pape nageur… Mais ce hobby dura peu de temps parce que la nouvelle fut dévoilée et des photographes se positionnèrent dans les environs de la villa pendant des semaines entières !

Puis, grâce à un jeu diabolique de miroirs et de téléobjectifs, ils réussirent à prendre une photographie du pape qui sortait de la piscine ruisselant d’eau et qui s’essuyait avec une nappe sans que personne de la surveillance vaticane ne s’aperçoive de la présence des intrus. Les clichés firent le tour des agences mondiales. Mais le Souverain Pontife – quand il l’apprit -ne se troubla apparemment pas et quelqu’un prêtant même qu’il se soit amusé du truc utilisé par les photographes et de l’embarras que l’affaire avait provoqué au sein de la Curie romaine.

Mais ces photographies du pape au bord de la piscine ne furent jamais publiées parce que quelqu’un les acheta et en fit don au Saint-Siège. Cependant, connaissant bien Karol Wojtyta, je suis sûr qu’il ne se serait pas offusqué dans la mesure où, en lui, il avait toujours conservé un peu de l’esprit désinvolte du jeune étudiant polonais qui s’amusait à faire des blagues à ses amis.

Une histoire de chaussures…

A peine élu, il étonna les vieux cardinaux de la Curie et le cordonnier du Vatican parce que, quand on lui apporta les chaussures rouges, il les prit délicatement et les mit de côté, commandant aussitôt une belle paire de mocassins, par ailleurs marrons et pas même noirs, à utiliser immédiatement, lors de sa deuxième apparition en public.

Et depuis ce jour-là, c’est avec ces mocassins couleur cuir naturel qu’il a parcouru le monde entier avant de les porter avec lui dans la tombe. Le football lui est toutefois toujours resté cher. En 1984, au cours du Jubilé du sport, à Rome, il demanda à aller s’asseoir sur les tribunes du stade, faisant encore une fois frémir les conservateurs de la Curie qui se plaignaient en disant: «II nous manquait seulement le Pape au stade!». Mais lui ne s’en préoccupait guère et il s’amusait même beaucoup. A ce qu’en raconte son secrétaire particulier, Mgr Dziwisz, jusqu’à ce que sa santé le lui permit, il n’a jamais perdu une finale de coupe du monde. Et ce n’est pas tout. Il tint à renforcer l’équipe de football qui, encore aujourd’hui, endosse les couleurs du Vatican et se trouve formée de toutes pièces par des éléments qui travaillent outre les murs léonins qui jouent dans un championnat local. Je me rappelle encore une fois qu’il déclara dans un discours: «Les disciplines sportives pratiquées par des personnes de races et d’extraction sociale différentes deviennent un excellent moyen pour promouvoir la connaissance et la solidarité, tant nécessaire dans un monde déchiré par les conflits ethniques, religieux et raciaux».

Il ajouta ensuite: « Le sport est un médicament fabuleux qui réussit même à transformer les pulsions négatives des hommes en bonnes intentions » (du coup, on se demande si Pie XIII fait assez de sport, ndlr). Il l’a répété souvent, ajoutant au cours de son pontificat que c’est le sport qui avait trempé son caractère énergique.

Et de fait, qui mieux que lui et que son exemple peut enseigner aux autres comment entrer en compétition, comment accepter les grands défis de la vie ? Chacune de ses rencontres avec des sportifs de tout type avait toujours eu un impact extraordinaire réciproque: pour les athlètes, une injection d’enthousiasme et de fair-play, pour lui, un renforcement de souvenirs de jeunesse devenus toujours plus précieux au fur et à mesure que l’inexorable maladie poursuivait son agression. Il aimait à répéter ce que l’apôtre Paul disait souvent au Corinthiens: «Ne savez-vous par que, dans les courses au stade, tous participent mais un seul remporte le prix ? Courez, vous aussi, de manière à pouvoir le remporter!».

Le dernier match

La dernière course de Karol Wojtyla a duré cinq ans et a commencé lorsqu’il sentit qu’il ne pouvait plus marcher avec ces jambes qui l’avaient porté annoncer l’Évangile sur les cinq continents. Il confia à une canne, faite de bois de sa terre de Pologne, la mission de le soutenir plus encore moralement que physiquement, canne qui devint une précieuse compagne pendant au moins deux ans.

Puis ce soutien devint inutile parce que le vieux Karol avait déjà engagé un corps à corps avec la maladie qui l’assaillait tous les jours davantage, le clouant sur un fauteuil jusqu’à le contraindre à jouer le dernier match contre la mort. Quelle douleur pour qui l’avait vu escalader les montagnes, nager dans les rivières, grimper sur les cimes enneigées de ses chères montagnes ! Mais lui avait compris que le meilleur médicament était la rencontre avec les jeunes. Avec eux, il a retrouvé la vigueur de ses jeunes années, il a imaginé d’être redevenu de leur âge et ainsi il chantait, il battait les mains au rythme de la musique, il faisait onduler ses bras dans un mouvement affectueux de pendule entre une jeunesse qui exultait et une vieillesse sur le chemin du crépuscule.

Cher Karol, de lui on a dit tant de choses, à temps et à contre temps, comme cela arrive quand la vanité humaine parvient à écraser la discrétion et la vérité (et parfois aussi comme dans les séries comme The Young Pape, ndlr).

Moi qui ai été un grand admirateur et un ami dévoué, je veux l’imaginer, au moment le plus solennel de sa vie, redevenu le jeune qui, sur les prés de Wadowice, au coup de sifflet final du match de la Vie, sort du terrain en silence et sur le mur de l’Éternité met ses chaussures à crampons au clou de l’Histoire.

Pour aller plus loin :