Le Vatican est-il riche ?

L'exubérance de Pie XIII tranche avec la simplicité du pape actuel..

L’exubérance de Pie XIII (Jude Law), dans The Young Pope / The New Pope, tranche avec la simplicité du pape actuel, qui reçoit des SDF au Vatican…

Parlons gros sous : le Vatican est-il riche ? Pas tant que ça, détrompez-vous : voici un détail de son budget, dépenses et recettes, d’après Théo, l’encyclopédie catholique pour tous (édition 2009).

Les budgets du Vatican

L’organisation interne du Vatican se subdivise en deux types de services : ceux qui assurent le fonctionnement interne de la Cité du Vatican et ceux qui contribuent au gouvernement de l’Église universelle. L’organisation financière se fait en deux budgets distincts, auxquels il faut ajouter le budget des missions qui est totalement indépendant.

Le budget du Saint-Siège

Ses dépenses ont trait à tout ce qui concerne le gouvernement de l’Eglise universelle. Elles comportent en premier lieu, les traitements et retraites du personnel concerné (en 2007, 2748 personnes, depuis les secrétaires jusqu’aux cardinaux de la Curie ; soit 778 ecclésiastiques, 333 religieux, 1637 laïcs – dont 425 femmes – auxquels il faut ajouter 929 retraités).

Les dépenses comportent, en second lieu, les frais de fonctionnement et de déplacement (on compte de nombreuses rencontres internationales chaque année). En 2007, le montant total de dépenses était de 245,8 millions d’euros, contre un montant total de recette de 236,7 millions d’euros, soit un déficit de 9 millions d’euros (après trois années de gains des exercices antérieurs).

L’activité institutionnelle du Saint-Siège, secrétairerie d’État, congrégations, conseils, tribunaux, synodes et autres organismes, ne produit aucun bénéfice.

Le budget du Saint-Siège comprend également les frais des nonciatures apostoliques et des représentations pontificales sur les cinq continents auprès des organisations internationales, qui sont au nombre de 178.

Lorsque Jean-Paul ll est devenu pape, il n’y avait que 77 représentations diplomatiques du Saint-Siège. Cette augmentation est liée notamment au développement des relations entre les États, aux voyages du Saint-Père et aux nouveaux pays d’Europe de l’Est. Ce développement pèse sur le budget du Saint-Siège.

Certaines institutions rattachées au Saint-Siège présentent un déficit structurel : Radio Vatican (367 salariés) et le journal officiel du Vatican, L’Osservatore Romano (117 salariés) qui n’ont aucun soutien publicitaire (et pour cause).

En revanche, la Typographie, la LEV (maison d’édition vaticane — 114 salariés) et le CTV (centre de télévision vaticane — 20 salariés) sont bénéficiaires.

La contribution des diocèses en 2007 s’est élevée à 18,7 millions d’euros. Les plus gros contributeurs étant : l’Allemagne (31,5 %), les États-Unis (28,3 %), l’Italie (18,9 %) et l’Autriche (3,7 %).

Le denier de Saint-Pierre (contribution des fidèles) a permis de recueillir près de 50,8 millions d’euros en 2007 (contre 74,6 millions d’euros en 2006). Les pays les plus contributeurs sont : les Etats-Unis (28,3 %), l’Italie (13%), l’Allemagne 6,1%), I’Espagne (4,1 %) et la France (3,7 %).

Habituellement, le saint-père destine le Denier à des interventions caritatives en faveur des populations de divers pays du monde frappes par des catastrophes, au soutien de nombreuses initiatives des communautés ecclésiales du tiers-monde et à aux Églises locales les plus pauvres.

Le Gouvernorat de la cité du Vatican

Le bilan économique de la Cité du Vatican, qui comprend ses musées et ses services propres comme toute ville (de la pharmacie au supermarché), est indépendant de celui du Saint-Siège. Le Gouvernorat a en charge l’entretien et la restauration des bâtiments et musées situés dans l’enceinte du Vatican, le financement de la Garde suisse, de la Gendarmerie pontificale, ainsi que les traitements et retraites du personnel de ses services propres (900 retraités et environ 1 700 salariés :
ouvriers, pompiers, gardes, employés de la poste vaticane, gardiens, etc.).

L’accès au magasin hors taxes est réservé au personnel et l’organisation médicale gratuite, avec un très faible ticket modérateur, améliorent le niveau de vie.  L’Association des employés laïcs du Vatican (ADLV) joue le rôle de syndicat.

Les recettes du Gouvernorat de la Cité du Vatican proviennent principalement des ventes de timbres, de monnaies de collection et des entrées des musées. En 2007, ce budget est positif de 6,7 millions d’euros, contre 21,8 millions d’euros pour l’exercice 2006. Le Gouvernorat couvre aussi la moitié du déficit de Radio-Vatican (12,2 millions d’euros en 2007).

Le Gouvernorat fait appel au mécénat pour de grosses dépenses, comme la restauration de la chapelle Sixtine, qui a été financée par une chaîne de télévision japonaise.

Pour aller plus loin :

Quelle est la place de l’Eglise catholique dans le monde ?

L'élection d'un nouveau pape, un évènement planétaire transformé ici en scène machiavelique...

L’élection d’un nouveau pape, Pie XIII (photo ci-dessus), un évènement planétaire transformé dans The Young Pope en scène machiavélique, avec un Pie XIII imbu de lui-même, vitupérant, cassant, autoritaire et caractériel, d’après Pèlerin magazine… Mais quelle est la véritable place de l’Eglise dans le monde ?

Dans la vision extravagante et sarcastique du réalisateur de la série The Young Pope / The New Pope vendue dans plus de 110 pays, il n’est nullement question de l’importance de l’Eglise catholique, qui se tient pourtant au chevet du monde. Au contraire, même, le réalisateur et scénariste italien Paolo Sorrentino a déclaré « Il est illusoire de croire que l’Eglise a pris le chemin de l’ouverture et des bras tendus ». Qu’en est-il, en réalité, des bras ouverts de l’Eglise envers des millions de personnes, alors que pas plus tard que dimanche dernier par exemple, le pape François lui-même recevait des milliers de personnes sans domicile fixe au Vatican ? Deux auteurs, Austen Ivereigh et Natalia Trouiller, nous apportent ici une réponse à cette question, extraite de leur livre Comment répondre aux questions brûlantes sur l’Eglise sans refroidir l’ambiance

Un acteur mondial doté d’une vision mondiale

À l’heure actuelle, l’Église catholique compte 1,2 milliards de fidèles (17,5 % de la population), répartis sur tous les continents : 50% en Amérique du Nord et du Sud, un 25% en Europe, et le nombre de fidèles ne cesse d’augmenter en Afrique (16%), en Asie (11 %) et en Océanie (moins de 1 %). On compte plus de 5.000 évêques, environ 405.000 prêtres, 41.000 diacres mariés, 55.000 religieux et plus de 700.000 religieuses présents dans des centaines de pays.

L’Église catholique a la responsabilité de plus de 220 000 paroisses, 5 000 hôpitaux, 17 500 dispensaires et 15 000 maisons de retraite, ainsi que des dizaines de milliers d’écoles. Elle est certainement un des plus grands organismes d’aide au développement, si ce n’est le plus grand. Caritas Internationalis, une confédération de 165 organisations catholiques nationales à but caritatif, présente dans plus de 200 pays, basée à Rome et fondée il y a plus de soixante ans, estime son budget annuel à plus de 5 milliards de dollars. En Afrique, pour ne prendre que cet exemple, l’Eglise tient un quart des hôpitaux, et ses écoles reçoivent et instruisent environ 12 millions d’enfants chaque année. L’Eglise catholique soigne, éduque, forme et accompagne des millions de personnes à travers le monde entier. Il s’agit de l’acteur le plus important et le plus influent de la société civile mondiale.

Sa vraie richesse : son expertise en humanité

La richesse de son expérience et de sa sagesse, acquises par sa présence dans le monde, lui offre une véritable « expertise en humanité(1) », qui légitime ses prises de position morales à l’échelle internationale. L’Église catholique est le seul corps religieux à avoir une présence officielle aux Nations Unies, grâce à son statut d’Etat observateur.

C’est la seule religion à bénéficier d’un corps diplomatique (le plus ancien existant à ce jour). L’Église est un partenaire majeur des « Objectifs du millénaire pour le développement » (OMD), le plan d’action mondial des Nations Unies, et se bat sans relâche pour l’annulation de la dette et en faveur de multiples autres formes d’aide financière pour les pays en voie de développement.

A l’avant-garde de nombreuses causes

Le Vatican est le premier Etat du monde à avoir un bilan carbone neutre. Le pape François souhaite d’ailleurs que toute l’Église dans le monde entier suive cet exemple et fasse de la bonne administration de la création la plus importante de ses questions sociales.

Le Saint-Siège joue un rôle capital dans les négociations de désarmement et dans les traités sur le commerce des armes; il fait campagne contre la peine de mort, il négocie la libération d’otages et participe à la résolution de conflits. Il défend également des réformes destinées à mettre davantage l’économie au service de l’humanité.

En 2011, par exemple, le Conseil pontifical Justice et Paix a appelé à mettre en place de nouvelles structures mondiales capables de restreindre et de réguler les marchés financiers internationaux en vue du bien commun, en soutenant notamment l’idée d’une taxe sur les transactions financières.

Toutes ces initiatives pourraient être considérées comme progressistes, mais l’Église juge tout aussi progressiste son opposition aux lois favorables à l’avortement, au suicide assisté, au mariage pour les couples homosexuels, aux recherches sur les cellules souches embryonnaires, à la fécondation in vitro, à la gestation pour autrui et à la peine de mort que sa défense des migrants, des victimes des trafics humains et des personnes sans emploi.

La dignité des personnes avant tout

Le point commun de tous ces sujets est la défense de la dignité de la personne humaine, même si cette dignité n’est pas évidente pour la majeure partie de la société. Les droits et la dignité des bébés avortés, des enfants élevés dans un foyer homosexuel et privés d’un père ou d’une mère, des personnes âgées hospitalisées et des étrangers ne sont pas reconnus. Ils sont les victimes d’une « société du déchet », selon la puissante métaphore du pape François: « Malheureusement, ce ne sont pas seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, dit-il, mais souvent les êtres humains eux-mêmes, qui sont ‘jetés’ comme s’ils étaient des ‘choses non nécessaires’ (2) »

Le Saint-Siège, grâce à sa présence dans l’ensemble du monde et à l’attention qu’il porte à tous les hommes, a une position unique, qui lui permet de coordonner des réponses à des défis mondiaux tels que le trafic des êtres humains, le commerce des armes ou la peine de mort, que le pape François qualifie de méthode de punition « cruel(le), inhumain(e) et dégradant(e) », qui « ne rend pas justice aux victimes mais fomente la vengeance » (3).

Le Saint-Siège peut aussi apporter son aide à toutes les personnes exclues des structures traditionnelles qui protègent les plus vulnérables (comme les syndicats, par exemple). En octobre 2014, le pape François a prononcé un discours devant les participants la Rencontre mondiale des Mouvements populaires, afin d’appeler à la reconnaissance de leurs droits. Il est difficile d’imaginer n’importe quel autre dirigeant déclarer aux éboueurs, aux professionnels du recyclage, aux marchands ambulants, aux couturiers, aux pêcheurs, aux agriculteurs et aux autres travailleurs du secteur informel que « déjà à présent, chaque travailleur, qu’il appartienne ou non au système officiel du travail salarié, a droit à une rémunération digne, à la sécurité sociale et à une retraite, (…) je désire aujourd’hui unir ma voix à la leur et les accompagner dans la lutte. » (4)

Pour aller plus loin :

Notes :

  1. Selon les termes de Paul VI dans un discours aux Nations Unies, le 4 octobre 1965.
  2. Discours du Pape François au Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, 1 3 janvier 2014.
  3. Lettre au président de la Commission internationale contre la peine de mort, 20 mars 2015.
  4. Discours aux participants à la Rencontre mondiale des Mouvements populaires, 28 octobre 2014.

D’où vient la Cité du Vatican ?

Vue de la Cité du Vatican, dans The Young Pope (le bus est arrêté en pleine côte)

Dans la série The Young Pope et son Pie XII fantasmé, l’impasse est faite sur la fabuleuse histoire réelle de la Cité du Vatican. D’où nous vient-elle ? La réponse de Michèle Jarton, historienne des religions, dans son livre L‘épopée du catholicisme, pour expliquer 2000 ans d’Eglise à mes amis.

Pie XI (1922-1939) et Pie XII (1939-1958) s’efforcèrent, en temps que papes, de faire reconnaître et respecter la liberté et les droits de l’Eglise sur la scène publique, comme le moyen de sa mission spirituelle. Dans un monde politique qui s’internationalise, il n’est plus question pour les gouvernements d’accepter que Rome intervienne directement dans les affaires temporelles.
Les relations entre l’Église catholique et les autres États prennent un nouveau visage avec la création de l’État pontifical, le Saint-Siège : le souverain pontife devient aussi chef d’État. Le traité du Latran va donner à l’Église catholique des moyens adaptés à la vie internationale de ce nouveau siècle, tant pour faire fonctionner librement son gouvernement centralisé et son extension universelle (lire aussi notre article Le Vatican est-il une dictature ?), que pour établir un réseau diplomatique qui deviendra planétaire. Il confère aussi à l’autorité du Vatican la faculté de prendre place au sein des organisations internationales nées après la Première guerre mondiale et qui se multiplieront après la Seconde (le Saint-Siège aura un statut d’« observateur », en raison de la neutralité imposée par les Accords du Latran, art. 24). Ce cas est unique pour une confession religieuse.

La Cité du Vatican

plan-cite-du-vatican

La fameuse « question romaine » trouve sa conclusion dans les Accords du Latran entre le Saint-Siège et l’Italie. Le 11 février 1929, le cardinal Gasparri, secrétaire d’État (au nom du pape Pie XI) et Mussolini, premier ministre (au nom du roi Victor-Emmanuel III) signent un traité et une convention financière annexe. Ils créent un nouvel État de 0,44 km2, sur la scène internationale, la Cité du Vatican.

On lit dans le préambule : « Étant donné que, pour assurer au Saint-Siège l’indépendance absolue et visible, il faut lui garantir une souverain indiscutable, même dans le domaine international, on s’est rendu compte qu’il était nécessaire de constituer… la Cité du Vatican, reconnaissant au Saint-Siège, sur cette même Cité, la pleine propriété, la puissance exclusive et absolue et la juridiction souveraine ».
Au regard du droit international, c’est le « Saint-Siège » (et l’« Église catholique ») qui a une personnalité juridique. Il est représenté par le pape qui exerce lui-même une double souveraineté territoriale (sur un État de 44 ha) et spirituelle (sur 1 milliard de fidèles). On distinguera donc l’action du Saint-Siège en tant qu’entité de la Cité du Vatican et en tant qu’entité de l’Eglise catholique (lire aussi notre article Saint-Siège et Vatican, c’est pareil ?).
Une convention financière stipule qu’à titre de dédommagements pour la perte de ses anciens États (les fameux Etats pontificaux) et de ses biens ecclésiastiques, le Saint-Siège recevrait de l’Italie 750 millions de lires et des titres à 5 % d’une valeur nominale de 1 milliard.
A l’occasion de la signatures des Accords du Latran, Pie XI affirme :

« Il nous plaît de voir le domaine foncier réduit à de si minimes proportions qu’il puisse et doive être lui-même considéré comme spiritualisé par l’immense, sublime et vraiment divine puissance spirituelle qu’il est destiné à soutenir et servir ».

Le pape va entreprendre de transformer cet ensemble de palais et musées en un lieu de gouvernement. Il construit une petite gare, une poste, un magasin d’approvisionnement, un service hospitalier… Seuls sont logés dans le minuscule périmètre du Vatican, le pape, la secrétairerie d’État, plusieurs services, collèges et musées. Les autres organismes, dont les Congrégations (ou ministères) sont situés à Rome, dans des bâtiments qui bénéficient du privilège de l’extraterritorialité, avec exemption d’expropriation (Annexe II, du traité du Latran).

Jésus fait-il de la politique ?

L'élection du présomptueux pape Pie XIII, dans la série The Young Pope : à l'inverse de celle du pape François.
L’élection du présomptueux pape Pie XIII, dans la série The Young Pope / The New Pope : à l’inverse de celle du pape François, qui, lui, s’était incliné et avait demandé la bénédiction du peuple de Dieu.

Dans The Young Pope / The New Pope, le vicaire du Christ, Pie XIII, fait de la politique de bas étage. Mais au fait, Jésus, lui, fait-il de la politique ? La réponse du Père Henri-Dominique Lacordaire, dominicain, un des précurseurs du catholicisme moderne, dans son fabuleux livre Qui est Jésus-Christ ?qui nous fait entrer dans l’intimité de Jésus.

Jésus-Christ voulait être reconnu comme Dieu, aimé comme Dieu, servi comme Dieu, adoré comme Dieu : il semble que la volonté dût quelquefois fléchir sous un si lourd fardeau, et que du moins Jésus-Christ devait recourir à tous les moyens humains capables d’assurer le succès d’une aussi gigantesque ambition (et y compris la politique, ndlr). Il n’en est rien, Jésus-Christ a méprisé tous les moyens humains, ou plutôt il s’en est abstenu.

La politique compte au premier rang de ces moyens. Elle est l’art de saisir dans un moment donné la tendance des esprits, d’assembler des opinions et des intérêts qui recherchent satisfaction, de pressentir ce que veut un peuple sans qu’il en ait toujours lui-même une conscience exacte, de se poser, à l’aide des circonstances, comme son représentant naturel, et de le pousser un jour sur une pente qui nous emportera
avec lui pour cinquante ans. Telle est la politique, art illustre, dont on peut user pour le bien et pour le mal, et qui est la source des vicissitudes heureuses et malheureuses parmi les nations.

Jésus-Christ était admirablement placé pour se faire l’instrument d’une révolution qui eût servi ses desseins religieux. Le peuple dont il était issu avait perdu, sous le joug des Romains, les restes de son antique nationalité. La haine de Rome y était au comble, et chaque jour les déserts et les montagnes de la Judée voyaient se former des bandes libératrices, sous le commandement de quelque patriote pourvu de hardiesse ou de considérations (voir aussi notre site La Résurrection du Christ).

Ces mouvements étaient secondés par des prophéties célèbres, qui avaient annoncé de longue main au peuple juif un chef et un sauveur. Le rapport de ces idées et de ces intérêts avec le nouveau royaume dont Jésus-Christ annonçait la venue prochaine, était manifeste.

Cependant, loin d’y conniver et de s’en servir, Il les foule aux pieds. On lui demande, pour le sonder, s’il faut payer le tribut à César, il se fait apporter une pièce de monnaie, et s’informant de qui en est l’image et l’inscription, il répond ensuite froidement :

« Rendez donc à César ce qui est à César; et à Dieu ce qui est à Dieu. » (c’est cela, la laïcité, ndlr).

Il va plus loin. Il annonce la ruine temporelle de sa nation. Il parle contre le temple, objet de la vénération
religieuse et patriotique des Juifs, et il prédit ouvertement qu’il n’en restera pas pierre sur pierre, ce qui fut cause qu’on rangea ce grief parmi les accusations portées contre lui devant la souveraine magistrature.

Sa doctrine, très favorable au peuple et aux petits, était de nature à lui concilier une grande popularité, ce qui est un ressort admirable pour les révolutions. Il obtint, en effet, l’ascendant sur le peuple, jusque là qu’on veut l’élire pour roi d’Israël, mais il s’enfuit pour éviter cet honneur, et brise entre ses mains une arme que le vulgaire des grands hommes eût estimée un don et un aveu du Ciel.

Conclusion :  Jésus s’est passé de la politique.

  • Pour aller plus loin : se procurer le livre Qui est Jésus-Christ ? sur Amazon.

Peut-on prouver l’existence de Dieu ?

Ludivine Sagnier - Jude Law - The Young Pope

Dans The Young Pope, Esther (Ludivine Sagnier, photo ci-dessus) est une très *trop* fervente catholique ; le pape Pie XIII (Jude Law) lui affirme à son confesseur ne pas croire en Dieu, en fait…

Dans la série The Young Pope / The New Pope, le pape Pie XIII déclare au cours d’un discours que ce sera désormais aux non-croyants de prouver que Dieu n’existe pas. A l’inverse, peut-on prouver l’existence de Dieu ? La réponse de Paul Clavier, philosophe normalien, tirée de son livre 100 questions sur Dieu (Editions Artège). Accrochez vos ceintures !

Supposons que Dieu ait donné aux humains la faculté de découvrir son existence par la raison. Quelles pourraient être les preuves de l’existence de Dieu? Assurément pas des preuves au sens où l’entendent les sciences formelles (logique et mathématiques) ou naturelles (physique, chimie, biologie, etc.) puisque Dieu n’est pas, en principe, une structure mathématique ou un objet physico-chimique.

Mais peut-être que sur la base d’une définition de Dieu, on en arriverait à conclure que, nécessairement, il existe ! C’est le scoop qu’a lancé il y a dix siècles Anselme de Cantorbéry et qui a été rendu célèbre sous le nom d’« argument ontologique » (dont on reparlera, si vous le souhaitez, ndlr).

D’autres « preuves » sont envisageables, non plus sous la forme d’une déduction nécessaire,mais sous la forme d’une recherche de la cause ultime de l’univers, un peu comme on rechercherait l’auteur d’un crime (et que crime !) ou celui d’une œuvre d’art. On peut également se demander dans quelle mesure l’hypothèse Dieu explique de manière satisfaisante telle ou telle donnée, par exemple le fait qu’il existe quelque chose plutôt que rien. On est alors en pleine métaphysique.

Une vénérable tradition définissait ces « preuves » comme des voies ou des chemins, sur lesquels on peut s’arrêter, hésiter ou repartir de plus belle. Thomas d’Aquin, au XIIIe siècle, en a proposé cinq.

La première part du phénomène du mouvement et plus généralement du changement dans le monde. À la suite d’Aristote, Thomas pensait qu’on pouvait remonter à un premier « moteur » réalisation des mouvements que nous constatons.

La deuxième voie s’intéressait à la production des réalités par voie causale et suggérait de remonter à une première cause incausée.

La troisième stipule que tout ce qui existe est contingent, c’est-à-dire aurait pu ne pas exister, et qu’il faut bien qu’un être nécessaire soit responsable de l’existence de ces êtres contingents.

La quatrième considère que, en toute chose, il y a des degrés de vérité, de bonté, d’être, et qu’il doit exister un degré maximum de vérité, de bonté et d’être : un être suprême.

La cinquième voie invite à considérer que l’univers est gouverné selon un certain ordre, et qu’il est donc raisonnable de poser un organisateur de l’ensemble. Là, au moins, Voltaire est d’accord avec Thomas :
« L’univers m’embarrasse et je ne puis songer / Que cette horloge marche et n’ait point d’horloger. »

Pour sa part, Gandhi affirmait : « Bien que Dieu transcende toute réalité sensible, il est, jusqu’à un certain point, possible par la raison de savoir qu’Il existe. »

Les cathos ont-il un problème avec le sexe ?

Ludivine Sagnier - The Young Pope - Pie XII

Dans la première saison de la série The Young Pope / The New Pope, on voit Esther (Ludivine Sagnier), qui, faute d’avoir un enfant avec son mari garde-suisse, s’entiche d’un prêtre et bientôt, du pape Pie XIII, pas insensible à ses avances… Chaude ambiance !

Alors, les cathos et le sexe, voyez-vous le rapport ? Pourtant, dans la série, il apparaît clairement que les catholiques ont nécessairement un problème avec leur sexualité : les prêtres (y compris le pape) sont des frustrés et ont manqué l’amour de leur vie, les autres estiment que ce n’est qu’une question de procréation (sic). Enfin vous connaissez le topo…  Notre envoyée spéciale, Lidy Commandement, est partie enquêter : interview.

Comment ont commencé vos recherches ?

Lidy Commandement : J’ai voulu commencer par… le commencement. Chaque religion a son livre sacré. Chez les chrétiens, c’est la Bible. Et là vous ne devinerez jamais sur quoi je suis tombée… un poème érotique ! Si si, vous pouvez aller voir par vous-même ! Cela s’appelle le Cantique des Cantiques. Fait encore plus étrange, ce poème érotique, se trouve… pile au milieu de la Bible, comme en son cœur. Ce qu’il y a d’étonnant dans ce poème c’est qu’a aucun moment il n’est question d’enfant à venir ou de grossesse ! Bref, l’amour physique, l’amour passion, n’est pas l’inverse de la foi dans une religion monothéiste. Je ne résiste pas au plaisir de vous en citer quelques lignes (chapitre 7, traduction Louis Segon) :

« Le bien aimé : les contours de ta hanche sont comme des colliers, œuvre des mains d’un artiste. Ton ventre est une coupe arrondie, où le vin parfumé ne manque pas. Ton sexe est un amat de froment entouré de lis. Tes deux seins sont comme deux faons, jumeaux d’une gazelle. Ton cou est comme une tour d’ivoire ».

Et un peu plus loin :

« Ta stature ressemble au palmier, et tes seins à des grappes. J’ai dit : je monterai au palmier, j’en saisirai les fruits ! Que tes seins soient comme des grappes de raisin, le parfum de ton souffle comme celui des pommes, et ta bouche comme le vin du bonheur. La bien aimée : Il coule tout droit pour mon bien aimé, il glisse sur les lèvres de ceux qui dorment ! Je suis à mon bien aimé, son désir est sur moi. »

Donc le plaisir sexuel n’est pas un interdit dans la religion catholique ?

C’est ce que je me suis tout de suite dit ! Alors là j’ai fait un truc, et vous pouvez tenter l’expérience. Je suis allée sur Google et j’ai tapé les deux mots « plaisir, sacré » pour voir comment ces notions a priori contradictoires cohabitaient ensemble. En tête des recherches, Amazon.fr me proposait un livre au titre complètement révolutionnaire : « Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré ! Pour une liturgie de l’orgasme », écrit par Olivier Florant, un sexologue… théologien (comme quoi, on peut être sexologue et théologien à la fois !). Je l’ai tout de suite acheté ! Ce livre surprenant et captivant ouvre des horizons bouleversants. Il explique que le mariage chrétien ne se limite pas à la procréation. Le désir physique, le plaisir, bref, le sexe, le vrai, en font totalement partie. Mieux encore, le respect envers la personne prôné par la religion chrétienne peut même porté le plaisir sexuel jusqu’à  des bonheurs réciproques que l’on n’atteint pas autrement !  Le livre montre que faire l’amour est un art.

A un moment une comparaison est intéressante. L’auteur prend l’exemple de l’art de gastronomie ! Simple mais parlant. Un repas réussi, c’est d’abord un bon moment passé ensemble. Tout compte pour cela : les sensations exquises ressenties par nos papilles, le temps pris pour  goûter, et apprécié, la décoration de la table, les conversations. Pour l’Eglise, le plaisir du sexe pour le plaisir du sexe n’a pas de sens. Mais le plaisir pour nous unir, oui. Car nous sommes faits pour vivre ensemble, être en relation, et nous aimer. D’ailleurs, savez vous que le film préféré du pape François est le Festin de Babette ?

olivier-florant-livre-sexualiteDonc l’Eglise n’autorise pas le sexe que pour la procréation ? Et pourquoi alors s’oppose-t-elle à la contraception ?

Bien sur que  l’Eglise n’autorise pas le sexe que pour la procréation ! D’ailleurs si c’était le cas elle refuserait le mariage aux couples qui ont dépassé l’age de la fertilité. Et ce n’est pas le cas, depuis toujours l’Eglise accueille et marie des personnes qui désirent consacrer leur amour et qui ne sont plus en âge de procréer. En fait, il faut bien remettre les choses à leur place et relier correctement jouissance et procréation.

Olivier Florant cite D.H. Lawrence commentant lui même son sulfureux roman l’Amant de Lady Chatterley : « Nous savons cela, le phallus est une colonne de sang qui remplit la vallée de sang d’une femme. La grande rivière de sang masculin touche jusque dans ses profondeurs la grande rivière de sang féminin et pourtant aucun d’eux ne brise ses frontières. C’est la plus profonde de toutes les communions, comme le savent en pratique toutes les religions ».

Si l’Eglise exige une ouverture à la vie, c’est parce qu’elle rappelle que l’acte sexuel dans toutes ses dimensions est un hymne à la vie et à la communion. Il est donc important de laisser la vie suivre son cours et de ne pas dénaturer l’acte.

Olivier Florant nous fait part également des confidences reçues de ses patients en tant que thérapeute. Il explique cliniquement les rapports entre jouissance et procréation :

« Pour les femmes, le don du sperme a un sens fort. Certaines femmes confient ressentir et apprécier le passage du sperme dans leur vagin. (…) La puissance virile reste liée au sperme dans les arrières pensées. (…). Pour la plupart des hommes, l’insémination est considérée comme essentiel à l’acte sexuel pour qu’il soit total, complet, satisfaisant. (…) Le véritable achèvement de l’acte sexuel dans la profondeur du psychisme comporte la procréation. Sinon il n’en est qu’une tentative. C’est la seule explication possible des sexologues pour comprendre les actes manqués de contraception. Si tel n’était le cas, on ne saurait expliquer un si grand nombre d’échecs de la contraception quelque soit la méthode employée. »

La bonne nouvelle qu’annonce l’Eglise sur le sexe, c’est aussi que le couple peut aussi utiliser les périodes infertiles de la femme pour célébrer son amour. Elle pose la question suivante : se limiter aux périodes infertiles quand on ne veut pas de nouvel enfant pendant un temps, est-ce une contrainte intolérable pour l’épanouissement érotique ? « Boulimie n’est pas gastronomie » répond Olivier Florant !

Le Vatican est-il une dictature ? La réponse du pape Benoît XVI

Pie XIII - The Young Pope
Pie XIII, dans The Young Pope, est un tyran qui humilie ses conseillers, comme ici le cardinal Voiello (Silvio Orlando) en l'obligeant à baiser son pied, devant tous les autres cardinaux...
Lenny Belardo, allias Pie XIII, dans The Young Pope, est un tyran qui humilie ses conseillers, comme ici le cardinal Voiello (Silvio Orlando) en l’obligeant à baiser son pied, devant tous les autres cardinaux…

Le Vatican est-il une dictature et le pape, un homme autoritaire imposant ses points de vue, comme Pie XIII dans la série The Young Pope ? La réponse du pape Benoît XVI, tirée du livre d’entretiens avec le journaliste Peter Seewald, Lumière du monde / le pape, l’Eglise et les signes des temps, paru en 2010.

Peter Seewald : Dans de nombreux pays, des associations laïques militent pour l’indépendance à l’égard de Rome et pour une Église spécifique, d’esprit national et démocratique. Le Vatican est alors présenté comme une dictature, le pape comme un homme qui, d’une main autoritaire, impose ses points de vue. Quand on examine la situation plus précisément, on remarque l’accroissement des forces centrifuges plutôt que celle des forces centrales, la rébellion contre Rome plutôt que la solidarité avec Rome. Cette lutte d’orientation, qui dure à présent depuis des décennies, n’a-t-elle pas aussi provoqué depuis très longtemps une sorte de schisme au sein de l’Eglise catholique ?

Benoît XVI : Je dirais dans un premier temps que le pape n’a pas le pouvoir d’obtenir quelque chose par la force. Son «pouvoir» relève uniquement d’une conviction qui fait comprendre aux gens que nous dépendons les uns des autres et que le pape est chargé d’une mission dont il ne s’est pas chargé de son propre chef. Seule cette conviction permet à cet ensemble de fonctionner. Seule la conviction de la foi commune permet aussi à l’Eglise de vivre en communion. Je reçois tant de lettres, aussi bien de gens simples que de personnalités de premier plan, qui me disent : « Nous ne faisons qu’un avec le pape, il est pour nous le vicaire du Christ et le successeur de Saint-Pierre, soyez assurés que nous croyons et que nous vivons en communion avec vous. »

benoitxviIl existe bien entendu, et cela ne date pas d’hier, des forces centrifuges, une tendance à former des Eglises nationales — et certaines sont effectivement apparues. Mais aujourd’hui, justement, dans la société globalisée, dans la nécessité d’une unité interne de la communauté mondiale, on voit bien que ce sont en réalité des anachronismes. Il devient clair qu’une Eglise ne grandit pas en se singularisant, en se séparant au niveau national, en s’enfermant dans un compartiment culturel bien précis, en lui donnant une portée absolue, mais que l’Eglise a besoin d’unité, qu’elle a besoin de quelque chose comme la primauté.

J’ai été intéressé en entendant le théologien russe orthodoxe John Meyendorff, qui vit en Amérique, dire que leurs autocéphalies(1) sont leur plus grand problème ; nous aurions besoin, disait-il, d’une sorte de premier, d’un primat. On le dit aussi dans d’autres communautés. Les problèmes de la chrétienté non-catholique, que ce soit sous l’angle théologique ou pragmatique, tiennent en bonne partie au fait qu’elle n’a pas d’organe assurant son unité. Il est donc clair qu’un organe de ce type est nécessaire, il ne doit pas agir de manière dictatoriale, bien sûr, mais depuis la communion intérieure de la foi. Les tendances centrifuges ne disparaîtront certainement pas, mais l’évolution, la direction générale de l’histoire nous le disent : l’Eglise a besoin d’un organe pour assurer l’unité.

(1) Du grec autokephal, autodéterminé ; dans l’Eglise grecque, cela désigne une Eglise autonome. Les autocéphalies ont leur propre chef et désignent elles-mêmes leur archevêque/métropolite.

Dieu aime-t-il le sexe ?

La nouvelle responsable communication du Saint-Siège (jouée par Cécile de France, photo ci-dessus) sera-t-elle la future conquête du pape Pie XIII, étant la seule à lui tenir tête ?

Dans la série The Young Pope / The New Pope, l’idée que de Dieu puisse aimer le sexe semble définitivement rejetée… même si bien sûr, certains des protagonistes en sont obsédés ! Mais alors, qu’en est-il réellement, dans la réalité vraie ? La réponse du philosophe Paul Clavier, normalien, auteur du livre 100 questions sur Dieu.

Si l’on se place dans la perspective d’un Dieu Créateur du ciel et de la Terre, créant librement l’être humain à son image et à sa ressemblance, on devrait arriver logiquement à la conclusion que Dieu aime le sexe.

Non pas au sens où Dieu serait un adepte des relations sexuelles, que lui apporteraient-elles ? Mais au sens où il n’y a pas, de sa part, réprobation de l’activité sexuelle. Dans la Bible, le Livre de la Sagesse (chapitre 11) insiste : « Oui, tu aimes tout ce qui existe, et tu n’as de dégoût pour rien de ce que tu as fait ; car si tu avais haï quelque chose, tu ne l’aurais pas formé. Et comment une chose aurait-elle subsisté, si tu ne l’avais voulue ? Ou comment ce que tu n’aurais pas appelé aurait-il été conservé ? Mais tu épargnes tout, parce que tout est à toi, Maître ami de la vie. » 

La faute au péché originel ?

Une étrange habitude de pensée voudrait que la faute originelle soit liée à l’acte sexuel. Cette interprétation du livre de la Genèse, au début de la Bible, est évidemment tendancieuse. Calvin, pasteur emblématique de la Réforme protestante, la traitait de « fantaisie froide et sotte », et pourtant Calvin n’était pas un boute-en-train sexuel. Que la sexualité humaine soit un lieu où l’égoïsme, la violence, l’orgueil, la perversité trouvent à s’exercer, on le constate tous les jours. Mais rien, a priori, ne condamne l’activité sexuelle à être du côté obscur de la force (!). Le sexe n’est pas plus maudit que le travail, l’art, la politique, le sport. Si Dieu a créé l’homme à son image, et si « homme et femme, il les créa », alors c’est que quelque part, la vie sexuelle exprime quelque chose de l’amour de Dieu. Mais peut-être pas dans toutes les positions ni dans tous les cas de figure !

Sexe : quand les papes contredisent The Young Pope !

Dans The Young Pope, la très *trop* fervente catholique Esther (Ludivine Sagnier, photo ci-dessus) estime que le sexe est uniquement fait « pour la procréation » (sic)…

« Le sexe est fait pour la procréation ». C’est qu’Esther (Ludivine Sagnier) affirme sérieusement à son mari garde-suisse qui lui reproche à demi-mots de ne pas éprouver de plaisir. Comme si c’était ce qu’enseigne l’Eglise ! En attendant une explication plus longue, voici un florilège de citations, envoyé par un de nos lecteurs, qui contredisent totalement que l’Eglise réduit la fonction de la sexualité à la procréation. En effet, la sexualité est sainte et bonne en tant que telle, et un de ses fruits est la fécondité, mais il n’est ni le seul, ni le premier !

Pape François

« L’érotisme le plus sain, même s’il est lié à une recherche du plaisir, suppose l’émerveillement, et pour cette raison il peut humaniser les pulsions. Par conséquent, nous ne pouvons considérer en aucune façon la dimension érotique de l’amour comme un mal permis ou comme un poids à tolérer pour le bien de la famille, mais comme un don de Dieu qui embellit la rencontre des époux. Étant une passion sublimée par un amour qui admire la dignité de l’autre, elle conduit à être une pleine et authentique affirmation de l’amour qui nous montre de quelle merveille est capable le coeur humain, et ainsi pour un moment, on sent que l’existence humaine a été un succès ».

Benoît XVI

« C’est seulement lorsque les deux se fondent en une unité que homme ou femme devient vraiment lui-même : c’est dans la communion avec l’autre sexe qu’il peut devenir complet »
« L’Eros ivre et indiscipliné n’est pas montée ni extase vers le divin, mais chute et dégradation », mais si les époux avancent sur un « chemin de montée, de renoncement, de purification et de guérison » il peut alors « goûter non le plaisir d’un instant mais comme l’avant-goût du sommet de l’existence, de la béatitude vers laquelle tend tout notre être. Oui, l’Eros peut élever en extase vers le Divin ».

 

Jean-Paul II

« L’éternelle, la constante, la puissance attirance sexuelle de l’homme et de la femme est à trouver dans le Mystère même de Dieu-Communion, dans ce « Une seule chair » originel, dans la joie immense de la rencontre et de la communion d’Adam et Eve qui forment en cela « le modèle pour tous les hommes et pour toutes les femmes qui, à n’importe quelle époque, s’uniront l’un à l’autre »
« A travers l’un et l’autre, mari et femme, le langage du corps devient la langue de la liturgie (qui) élève le pacte conjugal aux dimensions du mystère »
« A la mesure de leur écoute et attention à l’autre, dans le soucis de ne pas d’abord prendre mais de donner cela« conduit homme et femme à participer à cet étonnement originel qui pousse Adam à crier ‘C’est l’os de mes os, la chair de ma chair’, étonnement dont on perçoit l’écho dans le Cantiques des Cantiques : ‘tu me fais perdre les sens, ma sœur, ô fiancée’ ‘. Ainsi, « loin d’appauvrir les manifestations affectives des époux, (cela) les rend spirituellement plus intenses et par conséquent les enrichit ».
«  Le Cantique des Cantique développe en un livre l’exultation d’Adam d’Adam lors du ‘une seule chair’ de la Genèse : « en un ample dialogue mutuel où s’expriment et se répètent continuellement stupeur, allégresse, fascination, séduction, dialogue, affection, admiration, ravissement, attachement, découverte, émerveillement dans l’expérience directe de leur visibilité et de leur expression de tendresse. »
« Formés à l’image de Dieu comme communion de personnes, l’homme et la femme sont appelés à manifester l’Esprit quand ils s’unissent, de manière à former « une seule chair » ». Ainsi ils peuvent « Glorifier Dieu dans leur corps ! » (1 Co 6, 20). »

Tout savoir sur les gardes suisses !

La Garde Suisse, au Vatican
La Garde suisse, au Vatican, a toute une histoire… elle a même changé plusieurs fois d’uniforme – ce que n’a pas envisagé le pape Pie XIII dans la série The Young Pope !

D’où vient la Garde suisse et ses militaires, que l’on retrouve toujours dès qu’il est question de filmer quelque chose au Vatican, comme dans The Young Pope ? (Le mari d’Esther – Ludivine Sagnier – en est un). Que faut-il pour devenir garde suisse et se mettre ainsi au service direct du pape ?

D’où vient la Garde suisse ?

Crée par le pape Jules II le 22 janvier 1506 (annoncé depuis le 7 décembre 1505), la Garde Suisse est la plus petite armée du monde (110 militaires), chargée de veiller à la sécurité du pape et du Vatican. Il fut un temps où le seul métier autorisé pour un Suisse hors de Suisse était d’être mercenaire. C’étaient alors de très bons soldats : le futur Jules II, encore évêque de Lausanne, avait remarqué chez eux cette qualité, pendant les guerres de Bourgogne.

La Garde suisse est la dernière encore existante (des détachements de mercenaires suisses servaient de garde rapprochée et protocolaire pour différentes cours européennes à partir du XVe siècle : y compris en France, ils protégèrent Louis XVI lors de l’attaque des Tuileries, et la plupart périrent pour sauver le roi…

Les accords du Latran (1929) signés entre l’Etat italien et l’Eglise catholique sont une étape importante pour la Garde suisse : ils comportent un traité qui reconnaît au Saint-Siège une juridiction souveraine, exclusive et absolue sur le Vatican. Celui-ci, précise, à l’article 3 :

« L’Italie reconnaît au Saint-Siège la pleine souveraineté et l’autorité exclusive et absolue et juridiction souveraine sur le Vatican, tel qu’il est actuellement constitué, avec toutes ses pertinences et dotations, en créant de cette façon la Cité du Vatican dans les buts spécifiques et avec les modalités du présent Traité. »

Un autre paragraphe reprend et précise la question des accès et des frontières :

« Il est entendu que la place Saint-Pierre, tout en faisant partie du Vatican, continuera d’être normalement ouverte au public et assujettie aux pouvoirs de police des autorités italiennes ; lesquelles s’arrêteront au pied des marches de la basilique, bien que celle-ci continue d’être destinée au culte public, et par conséquent elles s’abstiendront de gravir les marches et d’accéder à ladite basilique, sauf si elles y sont invitées par l’autorité compétente. Si le Saint-Siège, en vue de fonctions particulières, souhaitait soustraire temporairement la place Saint-Pierre à la libre circulation du public, les autorités italiennes, à moins qu’elles ne soient invitées à rester par l’autorité compétente, se retireront au-delà des traits extérieurs de la colonnade du Bernin et de leur prolongement. »

La création du nouvel État de la Cité du Vatican pose aussi une question délicate à la Confédération helvétique, du moment qu’il s’agissait de permettre à certains de ses citoyens de s’enrôler dans une « armée » étrangère. La question fut résolue par un délibéré du Conseil fédéral suisse, qui, quatre jours après la signature des accords, précise :

« Il est difficile de considérer la garde papale comme un corps armé étranger, au sens de l’article 94 du Code pénal militaire, dans la mesure où cette troupe est une simple garde de police, quiconque pourra y prêter service sans l’autorisation du Conseil fédéral. »

C’est aussi en 1929 que commencent les travaux pour la construction des locaux d’habitation des officiers et sous-officiers de la garde, et que l’on achève la restauration de la petite église des Saints-Martin-et-Sébastien que Pie V avait fait bâtir en 1568 dans le quartier des Suisses… S’il leur est demandé d’être célibataires, c’est surtout à cause de la vie en caserne où ils sont plusieurs par chambre, et qu’il y a peu de logements indépendants…

Que faut-il pour devenir Garde suisse ?

Le site Internet de la Curie romaine dresse très clairement la liste des qualités nécessaires pour devenir soldat du pape :

« Je suis citoyen suisse. Je suis de foi catholique romaine. J’ai une réputation irréprochable. J’ai fréquenté l’école des recrues en Suisse. J’ai entre dix—neuf et trente ans. Je mesure au moins 1 74 centimètres. Je suis célibataire. Je suis titulaire d’un certificat d’aptitude professionnelle ou d’un baccalauréat. »

Bref : sexe masculin, suisse, taille moyenne, célibataire et… catholique. Précisons, sur cet aspect, qu’il faut obligatoirement être baptisé, confirmé, avoir fait sa première communion, avoir une lettre d’un prêtre suisse qui certifie que vous puisez vos forces aux sacrements de l’Eglise… Il faut enfin avoir fait au moins 1 des 2 années de service militaire (si on en a fait qu’une on peut faire la seconde à la Garde suisse mais comme on signe pour au moins 2 ans, on a donc un service militaire de 3 ans !). Le salaire mensuel d’environ 1 350 euros. On ne peut se marier qu’après l’âge de vingt-cinq ans, à condition d’avoir trois ans d’expérience et le grade de caporal, et de s’engager à servir l’Église de Rome pendant au moins trois années encore.

Que fait la police ?

Les deux tiers du personnel sont attachés à la garde des différentes entrées des palais apostoliques : dans la cour Saint-Damase, dans celle du Belvédère, aux étages des Loggias, dans la salle Royale, face aux bureaux du secrétariat d’État, dans les appartements privés du pape. De plus, la garde surveille les accès extérieurs : accès du Petriano, Arc des Clochers, porte de Bronze et porte Sainte-Anne.

Les gardes suisses sont de service d’honneur et de sécurité chaque fois que le pape est présent : lors des cérémonies à la basilique Saint-Pierre, des audiences générales et au cours des visites de chefs d’États étrangers, etc. Il y a ensuite les inspections, les marches, les exercices de tir, les répétitions de la fanfare, le chœur…

Les cent seize soldats sont répartis en trois escadrons qui alternent au cours de la journée. L’un est de service, l’autre de renfort, le troisième a quartier libre. Trois officiers et un groupe de sous-officiers travaillent sous les ordres du commandant-colonel. En général, les officiers et le sergent-major travaillent en civil. Le chapelain du corps est l’équivalent d’un lieutenant-colonel. Les gardes se restaurent à la cantine interne, gérée par les religieuses albertines.

Le drapeau de la garde suisse est partagé en quatre champs par une croix blanche. Le premier affiche le blason du pape régnant, le quatrième celui de Jules II, les deux étant sur fond rouge. Les deuxième et troisième champs se rehaussent en revanche des couleurs du corps militaire : le bleu, le rouge et le jaune. Au point d’intersection des bras de la croix, se détache le blason du commandant en charge.

Bon à savoir

Dans les guide touristiques de Rome, il est dit que l’uniforme fut dessiné par Raphaël chargé à l’époque de la décoration du Vatican. En réalité, chaque pape, avec sa fortune personnelle, s’il le souhaite, peut faire changer l’uniforme et les couleurs de la garde. Le dernier en date à le faire fut Benoit XV au début du 20ème siècle.

Enfin on ne peut parler de la Garde suisse sans parler du 6 mai 1527 : 40.000 soldats sous les ordre des Bourbons attaquèrent Rome. Rome de son côté avait formé à la hâte, pour se défendre, une armée de 3.000 hommes et quelques anciens gardes suisses étaient venu prêter main forte pour former une troupe de 189 gardes suisses sous les ordre du Commandant Kaspar Roist. Autant vous dire que les 3.000 hommes ne furent pas le poids et que les 189 gardes suisses furent le dernier rempart pour protéger le pape. Il décidèrent alors d’amener le pape au château Saint Ange pour le mettre à l’abri. Certains partir avec le pape et d’autres restèrent pour retarder l’armée adverse. Le pape fut sauvé. Il restait alors seulement 42 gardes suisses qui réussir à tenir le siège jusqu’au 5 juin, où le pape finit par se rendre contre l’assurance de sa vie sauve et de celle de ses garde, contre une rançon en or et en territoire, avec l’assurance de continuer d’être pape et la possibilité que les gardes suisses encore en vie puissent rester dans sa garde personnelle. Depuis, la fête de la Garde suisse est le 6 mai : si vous êtes à Rome ce jour-là, vous pouvez aller les voir défiler place Saint-Pierre !

Un autre anniversaire

En mai 2006, la garde suisse a fêté le cinquième centenaire de sa fondation. Le pape Benoît XVI a alors déclaré, dans son homélie :

« Devenir gardes suisses signifie adhérer sans réserve au Christ et à l’Eglise, prêts pour cela à donner leur propre vie.(…) A Rome, où se trouve en effet le centre de l’Eglise universelle, se croisent des chrétiens du monde entier. L’Eglise catholique est internationale et malgré la multiplicité de ses formes elle est une. Cette unité s’exprime dans la profession de foi et se manifeste concrètement dans le lien avec Pierre et le Pape, son Successeur. L’Eglise rassemble des hommes et des femmes de cultures très diverses, qui forment ensemble une communauté de vie et de foi, c’est cette expérience de grande importance que l’Eglise vous offre aujourd’hui, afin de la communiquer ensuite à d’autres, de montrer que dans la foi en Jésus-Christ, des mondes différents peuvent être une chose seule et créer des ponts de paix et de solidarité entre peuples. »