Dans The Young Pope, Esther (Ludivine Sagnier, photo ci-dessus) est une très *trop* fervente catholique ; le pape Pie XIII (Jude Law) lui affirme à son confesseur ne pas croire en Dieu, en fait…
Dans la série The Young Pope / The New Pope, le pape Pie XIII déclare au cours d’un discours que ce sera désormais aux non-croyants de prouver que Dieu n’existe pas. A l’inverse, peut-on prouver l’existence de Dieu ? La réponse de Paul Clavier, philosophe normalien, tirée de son livre 100 questions sur Dieu (Editions Artège). Accrochez vos ceintures !
Supposons que Dieu ait donné aux humains la faculté de découvrir son existence par la raison. Quelles pourraient être les preuves de l’existence de Dieu? Assurément pas des preuves au sens où l’entendent les sciences formelles (logique et mathématiques) ou naturelles (physique, chimie, biologie, etc.) puisque Dieu n’est pas, en principe, une structure mathématique ou un objet physico-chimique.
Mais peut-être que sur la base d’une définition de Dieu, on en arriverait à conclure que, nécessairement, il existe ! C’est le scoop qu’a lancé il y a dix siècles Anselme de Cantorbéry et qui a été rendu célèbre sous le nom d’« argument ontologique » (dont on reparlera, si vous le souhaitez, ndlr).
D’autres « preuves » sont envisageables, non plus sous la forme d’une déduction nécessaire,mais sous la forme d’une recherche de la cause ultime de l’univers, un peu comme on rechercherait l’auteur d’un crime (et que crime !) ou celui d’une œuvre d’art. On peut également se demander dans quelle mesure l’hypothèse Dieu explique de manière satisfaisante telle ou telle donnée, par exemple le fait qu’il existe quelque chose plutôt que rien. On est alors en pleine métaphysique.
Une vénérable tradition définissait ces « preuves » comme des voies ou des chemins, sur lesquels on peut s’arrêter, hésiter ou repartir de plus belle. Thomas d’Aquin, au XIIIe siècle, en a proposé cinq.
La première part du phénomène du mouvement et plus généralement du changement dans le monde. À la suite d’Aristote, Thomas pensait qu’on pouvait remonter à un premier « moteur » réalisation des mouvements que nous constatons.
La deuxième voie s’intéressait à la production des réalités par voie causale et suggérait de remonter à une première cause incausée.
La troisième stipule que tout ce qui existe est contingent, c’est-à-dire aurait pu ne pas exister, et qu’il faut bien qu’un être nécessaire soit responsable de l’existence de ces êtres contingents.
La quatrième considère que, en toute chose, il y a des degrés de vérité, de bonté, d’être, et qu’il doit exister un degré maximum de vérité, de bonté et d’être : un être suprême.
La cinquième voie invite à considérer que l’univers est gouverné selon un certain ordre, et qu’il est donc raisonnable de poser un organisateur de l’ensemble. Là, au moins, Voltaire est d’accord avec Thomas :
« L’univers m’embarrasse et je ne puis songer / Que cette horloge marche et n’ait point d’horloger. »
Pour sa part, Gandhi affirmait : « Bien que Dieu transcende toute réalité sensible, il est, jusqu’à un certain point, possible par la raison de savoir qu’Il existe. »
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