Qu’est-ce que la confession ?

Quand Pie XIII (photo ci-dessus) sort du confessionnal… c’est pas la grande joie !

Dans la série The Young Pope / The New Pope du réalisateur Paolo Sorrentino diffusée simultanément sur Canal+, Sky Atlantic et HBO, on constate une vision fantasmée de la confession, bien loin de toute réalité. Ainsi l’anti-pape Pie XIII s’amuse même à dire qu’il ne croit pas en Dieu à son confesseur, effaré ! Mais en fait, qu’est-ce que la confession ? La réponse du Père Jean Legrez, tirée du chapitre « Dieu pardonne-t-il ? » dans 100 questions sur l’Eglise (Editions Artège).

La confession – ou sacrement de la réconciliation n’est pas autre chose qu’un haut lieu de la joie chrétienne (ce qui manque cruellement à la série The Young Pope / The New Pope, soit dit en passant, ndlr). C’est cela qu’il faut découvrir. Nous devons prendre conscience que le péché est cette tendance à faire cavalier seul, à vouloir être indépendant, et que cette tendance s’oppose à ce pour quoi nous sommes faits, la communion avec Dieu, la communion avec le prochain, et une certaine communion avec nous-mêmes. Le sacrement de la réconciliation est justement ce haut lieu de la joie où nous pouvons retrouver la communion avec le Christ, notre prochain et nous-mêmes.

Mais bon, c’est sûr que dans le cas d’un pseuo-pape Pie XIII aussi tourmenté, l’exercice est difficile… comme on le comprend !

Et vous, avez-vous peur de vous confesser ? Regardez cette vidéo, peut-être que cela vous aidera :

Vous pouvez aussi parler de la confession avec l’un de nos bénévoles sur le live chat’ de ce site (fenêtre en bas à droite) : vous êtes les bienvenus, dans tous les cas !

Précision, utile, pour se confesser, il faut déjà avoir reçu le premier sacrement de la vie chrétienne, qu’on appelle le baptême : mais vous pouvez aussi en parler avec nous ! 😉

Pour aller plus loin :

Pourquoi avoir peur de se confesser ?

Pie XIII sort du confessionnal - The Young Pope

Dans la première saison de la série The Young Pope / The New Pope, on voit le Pie XIII sortir du confessionnal  (photo ci-dessus). Admirez l’éclairage de la Bible et du crucifix : comme dans un musée ! Alors se confesser, est-ce si poussiéreux ?

Dans cette série, la confession semble être davantage un outil du pouvoir vaticanesque qu’autre chose. Dans ces conditions, on comprend que cela ne donne pas envie au téléspectateur d’aller rencontrer un prêtre. Peut-être, d’ailleurs, que certains d’entre eux ont tout simplement peur d’aller se confesser… Or faut-il en avoir peur ? La réponse du Père Jean Legrez, tirée du chapitre « Dieu pardonne-t-il ? » tirée (et librement adaptée) du livre 100 questions sur l’Eglise (Editions Artège).

Dans un de ses fameux Sermons, Marcel Pagnol écrit à propos de la confession: « Et pourquoi avez-vous peur de la confession ? Il y en a beaucoup que c’est par vanité. Ils ont peur d’avouer à un autre homme toutes les fautes qu’ils ont commises, et ils s’imaginent que je vais prendre des notes dans ma tête, et que si je les rencontre dans la rue, je vais les regarder d’un air malicieux, en pensant à leur confession. Mais, mes pauvres enfants, si un prêtre gardait dans sa mémoire tous les péchés qu’on lui confie, il lui pousserait une tête comme une coucourde ! En réalité, ce n’est pas moi qui vous écoute, moi, ça renne par une oreille, ça sort par l’autre pour aller jusqu’aux pieds du Bon Dieu. »

Pourquoi cette appréhension de la confession ? Qu’est-ce qui fait obstacle à cette démarche d’aller voir un prêtre pour se confesser ?

Je crois que c’est essentiellement la perte du sens du péché (cette coupure d’avec Dieu, ndlr). Il y a probablement plusieurs raisons. Il y a sans-doute eu au XIXe siècle et jusqu’à la deuxième guerre mondiale, un excès de moralisme, de rigorisme, de légalisme, hérité du jansénisme, qui était (malheureusement) courant dans l’éducation chrétienne, et qui a finalement produit chez beaucoup de fidèles un phénomène de culpabilisation extrêmement désagréable. Certaines personnes en sont devenues malades et ont développé un tempérament scrupuleux ou malheureux. Il s’en est suivi que le sacrement de la réconciliation était très mal vécu. Lorsque j’ai été ordonné prêtre, il y a un peu plus de 25 ans, je me souviens très bien — nous étions dans la période où les sciences humaines, la psychologie en particulier, étaient très à la mode — alors que je préparais des enfants à la première communion, des parents me disaient: « Surtout, ne leur parlez pas du sacrement de la réconciliation et de la pénitence. La confession est quelque chose d’épouvantable, et même de dangereux. » Je devais prendre beaucoup précautions pour expliquer à ces parents que recevoir le pardon de Dieu est source d’une joie qui apporterait un bonheur profond à leurs enfants.

Ainsi, on ne peut pas nier qu’un certain moralisme a fait beaucoup de dégâts. On avait oublié que le Dieu de Jésus-Christ est amour et non pas un Dieu gendarme, un Dieu père fouettard, un justicier implacable… (comme le Dieu du pseudo pape Pie XIII, ndlr). La religieuse Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est en grande partie responsable de la sortie de cette sinistre impasse ! (Sinistre, comme dans la série The Young Pope ? – ndlr). Bref…

Donc la confession, au final est sensée vous apporter beaucoup de joie, précisément celle des retrouvailles !

Alors, maintenant que vous êtes briefé, chiche d’aller vous confesser à un prêtre ? Qu’est-ce qui vous retient, maintenant, de vous réconcilier avec Dieu ? Lâchez un com’ ! 😉

Quel est vraiment le rôle du prêtre dans la confession ?

Pie XIII se confesse... mais ne confesse aucun péché : cherchez l'erreur ! :-)
Pie XIII se confesse… mais ne confesse aucun péché : cherchez l’erreur ! 🙂

Dans la série The Young Pope, le pseudo-pape Pie XIII, sous les traits de Jude Law se confesse plusieurs fois, sans jamais se trouver le moindre péché ou exprimer des regrets – ce qui ne l’empêche pas, comble du farfelu, de recevoir l’absolution, c’est-à-dire le pardon de Dieu. Mais au fait, quel est exactement le rôle du prêtre dans la confession, qu’on appelle aussi « sacrement de réconciliation »  ? La réponse du Père Jean Legrez, tirée de 100 questions sur l’Eglise (Editions Artège), au chapitre « Dieu pardonne-t-il ? ».

Jamais le Christ n’a pardonné à une foule, il a multiplié les pains pour une foule, mais il a toujours pardonné, dans un dialogue personnel. Nous avons tous finalement besoin d’entendre de la bouche d’un frère, qui a reçu les pouvoirs de pardonner, cette parole de Jésus à la femme adultère: «Va et ne pèche plus. » Donner ce pardon est un acte du ministère du prêtre, dans lequel ce dernier se sent, en réalité, totalement dépassé. C’est vraiment l’un des mystères les plus bouleversants de la vie du prêtre.

Nous avons tous besoin de nous savoir aimés et de nous l’entendre dire. L’amour n’est pas une abstraction. Il doit résonner à nos oreilles pour aller jusqu’au plus profond de notre cœur. Jésus a toujours pardonné dans un dialogue personnel et c’est pour cela qu’aujourd’hui encore, l’Église ne s’estime pas le droit de pardonner de manière collective si ce n’est dans les cas limites où le bateau coule, où l’avion tombe…

Le prêtre est aussi ministre de la miséricorde (c’est-à-dire de l’amour plus fort que la haine, de l’amour par dessus tout, si l’on peut dire, ndlr). Il n’est pas là pour condamner, il est là pour dire à celui qui veut se confesser de tout son coeur : « Tu as péché, mais sache que le cœur de Dieu est plus grand que ton cœur, sache que tu es aimé, que tu es sauvé, que tu es pardonné. Tu peux te relever, le Christ, ton Sauveur, te relève. Il a versé son sang pour toi sur la croix qui ouvre à l’humanité, le paradis, le cœur du Père. »

The Young Pope (Pie XIII) : la bande-annonce


Synopsis :
Lenny Belardo, dit Pie XIII, est le premier pape américain de l’Histoire. L’élection de cet homme jeune et séduisant au trône de saint Pierre pourrait apparaître comme un coup médiatique orchestré par le Collège des cardinaux. Pourtant les apparences peuvent s’avérer trompeuses. Particulièrement au Vatican, et parmi ceux qui ont choisi le grand mystère de Dieu pour guider leur existence : les dignitaires de l’Église catholique. Et le pape Pie XIII se révèle le plus mystérieux et pétri de contradictions d’entre tous (ça promet, ndlr !). Tout à la fois perspicace et naïf, ironique et prétentieux, conservateur et avant-gardiste, en proie aux doutes et déterminé, mélancolique et implacable, il tente de dépasser la solitude infinie de l’homme à la recherche d’un Dieu pour l’humanité. Et pour lui-même.
Bafouille de Paolo Sorrentino, réalisateur :
« Ces dernières années, de nombreux grands réalisateurs ont contribué à extraire les séries des canons traditionnels des feuilletons et autres fictions qui, à une époque pas si lointaine, dominaient la production télévisuelle. La possibilité d’expérimenter librement et sur toute la longueur une histoire aussi complexe et multiforme me semblait une formidable occasion de jouer avec l’imagination sans renoncer à tous ces éléments narratifs qui, bien souvent, sont sacrifiés au cinéma pour des raisons d’espace et de temps. »
Commentaire de notre contributeur Pacôme Anvret (cf qui sommes-nous) :
Bon évidemment, on a tous compris la première blague : on parle du pape comme étant, tenez-vous bien, le Saint Père, et là il confesse…. qu’il n’a pas de péché… donc qu’il est saint : ah ah ah ! Blague à part, on voit bien toute la crédibilité majestueuse de cette bande-annonce : c’est l’Eglise comme on l’aime, maléfique, terrriiiiiible, pleine de secrets divers et variés, de gros méchants maffieux, de camion-bennes (?), de piscines olympiques (vu la taille), de crucifix à l’envers (pas déjà vu quelque part, ça ?), de religieuses pas gaies du tout, de paquets de clopes et de cire dégoulinante un peu comme dans Ainsi soient-ils, Inquisitio, les Borgia, du très réel et surtout très novateur, il faut bien le préciser. ;-). Bref, ça promet, le pire n’est jamais moins sûr !
Pour aller plus loin : ce que nous réservent les premiers épisodes (synopsis officiels)

Le pape sort-il souvent d’une piscine tout habillé ?

The Young Pope (Pie XIII) sort de sa piscine

Cette image est un peu capilotractée, tout comme celle du pape qui fume (cf notre article « mais que fait donc le pape de ses journées ? »). Alors même s’il s’agit d’une campagne de Canal + faite pour susciter des abonnés autour de la nouvelle série The Young Pope / The New Pope, bien sûr que le pape ne sort pas trempé de sa piscine, il n’y entre même pas tout habillé comme en burkini, et sa piscine n’est pas en forme de croix, comme tout ce qui concerne l’Eglise et le pape (églises en forme de croix ?, Vatican ou place saint Pierre en forme de croix ?, papamobile en forme de croix ?, avion papal en forme de croix ?, micros en forme de croix ?, petit-déj en forme de croix ?, bénédicité en signe de croix ?, crucifix en forme de croix mais à l’envers cf bande-annonce, etc.).

On peut cependant révéler ici qu’il existe bel et bien une piscine papale. Et oui ! Elle a été installée par le plus sportif de nos trois derniers papes, à la résidence d’été de Castel Gandolfo, à 20 km du Vatican, par   Jean-Paul II (François, il lui manque un poumon dû à une grave maladie étant étudiant, Benoît XVI était déjà un peu âgé quand il est arrivé). Dès qu’on trouve une photo, on vous la montre…

Ainsi, je ne sais pas si ça vous intéresse, mais on surnommait Karol Wojtyla alias Jean-Paul II, l’«athlète de Dieu». Il est ainsi le seul successeur de Pierre à avoir pratiqué le football, la natation, le canotage, le ski et l’alpinisme. Au foot, il était plutôt courageux si l’on considère qu’à l’époque les jeunes polonais – par ailleurs assez pauvres – ne jouaient pas avec les chaussures à crampons comme cela se fait aujourd’hui mais utilisaient des chaussures de montagne, souvent pourvues de clous… Ainsi, il n’était pas rare que le petit Karol, pour parer les tirs et encaisser la charge des adversaires, rentre chez lui en loques… Heureusement, son père était plutôt cool, affirmant paraît-il que les coups de pieds pouvait bien tremper le caractère d’un jeune polonais…

Aussi nous laissons ici la plume à Franco Bucarelli, journaliste vaticaniste de la RAI, qui donne son témoignage… il y est question aussi de la piscine de Jean-Paul II, et des clichés ‘compromettants’ (?) pris en sortant de celle-ci…

A douze ans, Karol découvrait la beauté de la natation. L’idée de courir et de participer à des courses sur l’eau le fascinait mais cela n’était pas facile dans la mesure où, dans cette région de la Pologne, la mer est très éloignée et représentait presque un mirage pour ces jeunes. Il fallait donc apprendre à nager dans les rivières. Mais ce n’était pas rien car les courants étaient forts et, comme chacun sait, l’eau douce ne soutient pas les nageurs. Mais le garçon était tenace et, en peu de temps, il a appris à utiliser la technique des longues brasses et de la respiration à fleur d’eau.

Il a également défié de petits rapides et de gros cailloux à bord d’un canoë artisanal, évitant avec brio les cents dangers qui caractérisent un parcours aquatique de ce genre. Devenu un peu plus grand, au lycée, il commença à découvrir les beautés de la montagne. (…) A la première occasion, il s’unissait à des amis qui partaient pour la chaîne des monts Tatra, qui marquent la frontière entre la Pologne et la Slovaquie, cimes merveilleuses entourées par des forêts de pins. Il profitait des vacances du mois d’août pour s’adonner aux joies de l’escalade, souvent en solitaire, par ces sentiers raides, jusqu’à atteindre les 2.499 mètres d’altitude du mont Rysy, au sommet duquel on découvre un panorama extraordinaire avec, en arrière plan, le lac Morskie Oko que les polonais appellent «l’œil de la mer».

C’est là que le jeune Karol aimait pêcher en solitaire, concentré dans ses pensées de jeunesse et dans ses méditations qui annonçaient déjà sa future vocation sacerdotale. Tous ces sports, il a continué à les pratiquer en tant que prêtre, d’abord comme curé et même en tant qu’évêque.

En 1967, il se trouvait justement en barque quand il fut rejoint par la nouvelle que le Pape Paul VI l’avait créé cardinal. L’appel en Conclave interrompait la pratique du ski qui avait vu ce jeune et vigoureux cardinal prendre sur ses épaules une vieille paire de skis et s’élancer sur les pistes qui entourent Zakopane, la Chamonix polonaise où les champs de poudreuse s’étendent à perte de vue.

Depuis sa jeunesse, il avait appris à descendre comme une gazelle d’hiver, le long de ces pentes dangereuses, jouant à faire le slalom entre les centaines de sapins, défiant presque la nature pour laquelle il avait cependant un respect sacré. Jusqu’à l’hiver 1978, il n’y eut pas d’hiver qui ne le vit skier sur les pistes des monts Tatra.

Devenu le Pape Jean-Paul II, au cours d’une vacance sur l’Adamello, il laissa littéralement de glace le Président italien Pertini qui s’attendait à tout sauf à ce que le Pape soit un excellent skieur. Le chef de l’État s’approcha et lui dit: « Compliments, Sainteté, je dois vous confesser que j’ai été choqué de vous voir aller aussi vite sur la neige ». Karol Wojtyia, souriant, lui répondit: «Monsieur le Président, je suis fils des montagnes !».

Autour de la fameuse piscine

Au cours des premières années de son Pontificat, il se fit construire une piscine à Castel Gandolfo, faisant de longues séances de natation à l’heure de la sieste. Alors que tous ses collaborateurs sommeillaient, lui, à coup de brasses vigoureuses, allait d’un bout à l’autre du bassin à la stupeur des gardes suisses…

Imaginez aussi la surprise des jardiniers qui, entre une taille et l’autre, se montraient pour voir le pape nageur… Mais ce hobby dura peu de temps parce que la nouvelle fut dévoilée et des photographes se positionnèrent dans les environs de la villa pendant des semaines entières !

Puis, grâce à un jeu diabolique de miroirs et de téléobjectifs, ils réussirent à prendre une photographie du pape qui sortait de la piscine ruisselant d’eau et qui s’essuyait avec une nappe sans que personne de la surveillance vaticane ne s’aperçoive de la présence des intrus. Les clichés firent le tour des agences mondiales. Mais le Souverain Pontife – quand il l’apprit -ne se troubla apparemment pas et quelqu’un prêtant même qu’il se soit amusé du truc utilisé par les photographes et de l’embarras que l’affaire avait provoqué au sein de la Curie romaine.

Mais ces photographies du pape au bord de la piscine ne furent jamais publiées parce que quelqu’un les acheta et en fit don au Saint-Siège. Cependant, connaissant bien Karol Wojtyta, je suis sûr qu’il ne se serait pas offusqué dans la mesure où, en lui, il avait toujours conservé un peu de l’esprit désinvolte du jeune étudiant polonais qui s’amusait à faire des blagues à ses amis.

Une histoire de chaussures…

A peine élu, il étonna les vieux cardinaux de la Curie et le cordonnier du Vatican parce que, quand on lui apporta les chaussures rouges, il les prit délicatement et les mit de côté, commandant aussitôt une belle paire de mocassins, par ailleurs marrons et pas même noirs, à utiliser immédiatement, lors de sa deuxième apparition en public.

Et depuis ce jour-là, c’est avec ces mocassins couleur cuir naturel qu’il a parcouru le monde entier avant de les porter avec lui dans la tombe. Le football lui est toutefois toujours resté cher. En 1984, au cours du Jubilé du sport, à Rome, il demanda à aller s’asseoir sur les tribunes du stade, faisant encore une fois frémir les conservateurs de la Curie qui se plaignaient en disant: «II nous manquait seulement le Pape au stade!». Mais lui ne s’en préoccupait guère et il s’amusait même beaucoup. A ce qu’en raconte son secrétaire particulier, Mgr Dziwisz, jusqu’à ce que sa santé le lui permit, il n’a jamais perdu une finale de coupe du monde. Et ce n’est pas tout. Il tint à renforcer l’équipe de football qui, encore aujourd’hui, endosse les couleurs du Vatican et se trouve formée de toutes pièces par des éléments qui travaillent outre les murs léonins qui jouent dans un championnat local. Je me rappelle encore une fois qu’il déclara dans un discours: «Les disciplines sportives pratiquées par des personnes de races et d’extraction sociale différentes deviennent un excellent moyen pour promouvoir la connaissance et la solidarité, tant nécessaire dans un monde déchiré par les conflits ethniques, religieux et raciaux».

Il ajouta ensuite: « Le sport est un médicament fabuleux qui réussit même à transformer les pulsions négatives des hommes en bonnes intentions » (du coup, on se demande si Pie XIII fait assez de sport, ndlr). Il l’a répété souvent, ajoutant au cours de son pontificat que c’est le sport qui avait trempé son caractère énergique.

Et de fait, qui mieux que lui et que son exemple peut enseigner aux autres comment entrer en compétition, comment accepter les grands défis de la vie ? Chacune de ses rencontres avec des sportifs de tout type avait toujours eu un impact extraordinaire réciproque: pour les athlètes, une injection d’enthousiasme et de fair-play, pour lui, un renforcement de souvenirs de jeunesse devenus toujours plus précieux au fur et à mesure que l’inexorable maladie poursuivait son agression. Il aimait à répéter ce que l’apôtre Paul disait souvent au Corinthiens: «Ne savez-vous par que, dans les courses au stade, tous participent mais un seul remporte le prix ? Courez, vous aussi, de manière à pouvoir le remporter!».

Le dernier match

La dernière course de Karol Wojtyla a duré cinq ans et a commencé lorsqu’il sentit qu’il ne pouvait plus marcher avec ces jambes qui l’avaient porté annoncer l’Évangile sur les cinq continents. Il confia à une canne, faite de bois de sa terre de Pologne, la mission de le soutenir plus encore moralement que physiquement, canne qui devint une précieuse compagne pendant au moins deux ans.

Puis ce soutien devint inutile parce que le vieux Karol avait déjà engagé un corps à corps avec la maladie qui l’assaillait tous les jours davantage, le clouant sur un fauteuil jusqu’à le contraindre à jouer le dernier match contre la mort. Quelle douleur pour qui l’avait vu escalader les montagnes, nager dans les rivières, grimper sur les cimes enneigées de ses chères montagnes ! Mais lui avait compris que le meilleur médicament était la rencontre avec les jeunes. Avec eux, il a retrouvé la vigueur de ses jeunes années, il a imaginé d’être redevenu de leur âge et ainsi il chantait, il battait les mains au rythme de la musique, il faisait onduler ses bras dans un mouvement affectueux de pendule entre une jeunesse qui exultait et une vieillesse sur le chemin du crépuscule.

Cher Karol, de lui on a dit tant de choses, à temps et à contre temps, comme cela arrive quand la vanité humaine parvient à écraser la discrétion et la vérité (et parfois aussi comme dans les séries comme The Young Pape, ndlr).

Moi qui ai été un grand admirateur et un ami dévoué, je veux l’imaginer, au moment le plus solennel de sa vie, redevenu le jeune qui, sur les prés de Wadowice, au coup de sifflet final du match de la Vie, sort du terrain en silence et sur le mur de l’Éternité met ses chaussures à crampons au clou de l’Histoire.

Pour aller plus loin :

Le pape sait-il ce que c’est que d’attendre le train un jour de grève ?

Si Dieu ne prend pas le train,  il peut quand même se faire une idée assez précise de que c’est que d’attendre le train un jour de grève. Comme quelqu’un  de suspendu à son téléphone qui attend qu’on l’appelle pour avoir des nouvelles d’un être cher (vous!)…

Bon, disons-le clairement, nous n’avons pas eu de pape français depuis que le train existe. Cependant, on peut dire avec certitude qu’il n’y a pas seulement des grèves à la SNCF, mais aussi dans d’autres pays. Et que donc, le pape, quelque soit son origine, ne vivant pas dans sa tour d’ivoire vaticanesque depuis sa plus tendre enfance, mais ayant pu être tour à tour bébé, collégien, lycéen (voire même scout), étudiant, bref simple voyageur parmi les voyageurs, a dû bien connaître, un jour où l’autre, une pénible attente sur un quai de gare, les pieds poudreux, gelés, transi de froid ou même étouffé par la chaleur tropicale… que sais-je.

Mais pourquoi cette question, au juste ? Parce qu’il a de fortes chances pour que le pape, s’il est bel et bien, comme on le dit souvent, le représentant de Dieu sur Terre, à une vie imprégnée de ce que vit l’Eternel, donc y compris sur cette question de l’attente (et de la tente aussi, mais c’est un autre sujet). Qui nous dit que Dieu est éternel ? -me répondrez-vous. Et bien, reprenons notre question de départ en la planquant sur Dieu, ce qui donne « Dieu sait-il ce que c’est que d’attendre le train un jour de grève ? », inspirée du livre de Paul Clavier (*).

Pour y répondre, si Dieu n’est pas éternel, alors son éternité ne le fait pas échapper au temps. Du coup, Dieu est sempiternel ! Il a beau être le Créateur de toute existence qui vient après lui – même pour Jude Law – , il n’est alors pas le créateur du temps : il est soumis à ce dernier. Du coup, il vieillit, et on l’imagine alors, du haut de son dernier nuage, avec une barbe touffue qui pendouille… Image d’Epinal-en-France fort sympa ! Par extension, Dieu ne connaît alors pas l’avenir, il le découvre chaque jour, comme cette série The Young Pope de Canal+, qui le surprend beaucoup, au fil des épisodes. Et les prophètes du Père Eternel ne sont alors que des marionnettes dans un jeu de poker menteur ! Bref, un Dieu manipulateur et lunatique…

Pourtant, la plupart des textes sacrés (bibliques, védiques, coraniques), évoquent un Dieu plus ou moins patient, plus ou moins lent à la colère, capable de revenir sur ses décisions, de changer d’avis et même d’user de pédagogie envers ses disciples (contrairement à l’attitude maffioso-dictatoriale de Pie XIII dans The Young Pope).

On peut donc en conclure que si Dieu ne prend pas le train – en tout cas pas autrement que par ses médiateurs/évangélisateurs de TGV, cf l’histoire bien connue de Gros prêtre cool – il peut quand même se faire une idée assez précise de que c’est que d’attendre le train un jour de grève. Il a beau avoir tout son temps (il est immortel, en fait, sinon ce n’est pas Dieu), il sait ce que c’est d’attendre… notre bon vouloir.

On peut même rajouter que non seulement il sait attendre, mais qu’il est dans une posture d’attente perpétuelle, comme quelqu’un suspendu à son téléphone attend qu’on l’appelle pour avoir des nouvelles d’un être cher (vous). Et en réalité – ce qui manque cruellement à la série The Young Pope-, pour reprendre les mots de la réalisatrice Natalie Saracco : Dieu attend notre appel, il « quémande notre amour, il souffre de notre indifférence ».

En fait, pour reprendre ce que dit de notre philosophe Paul Clavier, Dieu n’est tellement pas hors du temps qu’il surplombe les siècles des siècles. Rien n’est caché à ses yeux : il est comme un réalisateur de cinéma qui aurait lui toute les scènes du film, et qui va procéder au montage. (Un peu comme Paolo Sorrentino, mais en plus inspiré quand-même). Cela semble relativiser et dévaloriser les notions de durée, d’attente, d’espoir, et même de regret(s) !

* 100 questions sur Dieu, éditions La Boétie 2013 (Paul Clavier est normalien, agrégé de philosophie) – se procurer le livre sur Amazon

Coup de blues sur le Vatican

un-eclair-tombe-sur-la-basilique-saint-pierre-de-rome-le-jour-de-la-demission-du-pape-benoit-xviCa y est, The Young Pope débarque, coup de blues général au Vatican à cause des révélations fracassantes de la série, auxquelles on s’attend forcément : Dieu qui n’aime pas le sexe, foi forcément déconnectée de la raison, richesses et pouvoir du Vatican, hypocrisie des catholiques, vieillesse des cardinaux, mariage des prêtres et pédophilie, mensonges des apparitions, sans oublier misogynie & homophobie de l’Eglise. Bref, tout y passe, autant que possible… notre envoyé spécial vous prépare un papier, merci de revenir demain hors antenne !

En plus, cerise sur le gâteau, on y parle de Coca cherry bu par le souverain pontife (le drame absolu), de piscine (cf “désolé j’ai piscine” – ça calme toujours) et d’une religieuse, Soeur Mary, nouvelle conseillère du pape, qui ressemble étrangement à Soeur Antonietta dans Ainsi soient-ils, mais en version plus italienne et beaucoup moins jeune, même si ça lui arrive de porter un tee-shirt “je suis vierge mais ce tee-shirt est vieux” (sic).

Autre exemple complètement surréaliste (car cette série ne l’est pas du tout), le pape s’est fait installer un espace prière avec tapis pontifical dans son avion (car il en a un !), duquel il prie à genoux pendant les trajets. Et tout un tas d’autres lubies du même genre : tout lui est permis – fumer n’importe où par exemple – normal, c’est lui le chef.

En plus, il n’est vraiment pas sympa : il refuse par exemple à une religieuse l’autorisation de partir assister sa soeur malade, au Sri Lanka. Pour se faire pardonner, il lui fait quand même livrer son cercueil au Vatican, par hélicoptère. Soit 25 heures de vol sans compter les ravitaillements, à la vitesse de 300 km/h et compte-tenu de la distance Colombo-Rome de 7629 km, soit encore une facture de 38000 euros (à 1500 euros l’heure de vol) : ça fait cher le rapatriement, cette religieuse aurait mieux fait d’aller retrouver sa famille. Mais on n’est plus une contradiction près, sans compter non plus le prix de cette contradiction, la location d’un hélicoptère pour un tournage étant très onéreuse. (Il est vrai cependant que le réalisateur Paolo Sorrentino disposait du budget pharaonique de 35 millions d’euros, soit un petit 1/7 du budget du Vatican, pour faire pareil, mais en faux, bien sûr !). Rien que cette histoire, ça nous a trop donné le cafard ! Vous comprenez ? Pub Kleenex.

Bref, il se murmure aussi qu’une deuxième saison est déjà en préparation dans ces tuyaux percés : donc beaucoup, beaucoup de pain sur la planche de salut en perspective !

On vous propose donc de participer à la série en nous envoyant vos scoops, infos truculentes, papiers en tout genre, sur tous ces sujets : on prend tout, du moment que ce n’est pas trop mal écrit. Petit détail : nous prévenir par télégramme, on n’a pas Internet, ici.