En référence à quelques scènes filmées à Venise et la musique de la série télévisée « The New Pope », voici une note du délégué de l’évêque de Venise pour la culture, Don Gianmatteo Caputo (traduction de PieXIII.com).
« Les images de la série The New Pope de Sorrentino ont suscité différentes réactions dans son contenu. Il s’agit d’une série fantaisiste et la créativité artistique du réalisateur cherche à provoquer des réactions controversées, parfois irrévérencieuses et provocantes. Ainsi la scène qui se déroule à l’abbaye Saint George de Venise est offensante, dépourvue en outre d’un contexte narratif justifiant son existence.
Par conséquent, ce qui est offert aux spectateurs n’est qu’un plan semblable à un clip vidéo réalisé dans un lieu fondamental de l’histoire et de la tradition monastique à Venise, abbaye Saint George, transformé en une sorte de scène de danse, au contenu clinquant et allusif, placé sous le symbole chrétien par excellence, la Croix.
Il y a offense et profanation du symbole de la croix, point n’est besoin de la censure pour le constater. Il est inapproprié car il est basé sur la volonté délibérée de provoquer et de susciter des réactions. Dans d’autres cas, il faudrait peut-être simplement l’ignorer pour faire échouer son objectif. En tout état de cause, il aurait été souhaitable de ne pas autoriser l’utilisation de cet espace de grande valeur historique et symbolique pour le tournage qu’est l’abbaye Saint George de Venise.
Oui, bien sûr, il en fume même 12 par jour, comme les apôtres ! 😉 Bon en fait, il ne faut pas se leurrer, une vie de pape n’est pas vraiment – voire même pas du tout – comme dans The Young Pope / The New Pope, où le Saint-Père fume sa clope tranquillement en jouant au billard avec son Coca à la cerise (véridique !) et décide de tout comme un chef maffieux…
Ceci est une vision déformée de la réalité. Mais bon, qui a dit que les séries à succès étaient toujours les plus réalistes ? 😉
Il faudrait déjà, avant toute chose, que le pape fume. Or, ce n’est pas le cas du cas actuel, François, à qui il manque un poumon. C’est d’ailleurs pas très sympa d’avoir représenté un jeune pape qui fume alors que le nôtre est déjà assez âgé et ne peut plus cloper !
Ensuite, il faudrait aussi que le pape joue au billard. Or cela n’est pas confirmé par la Secrétarie d’Etat. Il n’y en a d’ailleurs pas au Vatican, du moins à notre connaissance, car les caves vaticanesques renferment sans aucun doute de nombreux secrets cachés au commun des mortels que nous sommes…
C’est un peu comme le fait que le pape sache ou non jongler : ce n’est pas impossible, bien sûr, mais qui connaît la vérité ? Le plus simple serait de lui demander au cours d’une audience papale ou lors de sa catéchèse place Saint Pierre, lorsqu’il s’aventure dans la foule…
Enfin, il faudrait encore que le pape soit très mal élevé pour fumer au-dessus d’un billard : ça coûte une blinde de refaire le tapis si une cendre encore allumée le perce !
En revanche, ce qui est absolument certain, c’est que l’Eglise catholique n’a rien d’une maffia dont le pape serait le chef, pas plus que l’Eglise n’est une ONG à laquelle on cotise (dixit François), ni encore moins une secte qui a réussi.
Non, vraiment, la seule fumée que le pape connaisse bien, c’est la blanche qui l’a vu élire.
A priori non – en tout cas à notre connaissance – le pape ne sait pas jongler. Du moins, pas avec des balles ou des oranges, comme on le voit dans The Young Pope / The New Pope.
En revanche, le pape sait très certainement bien jongler avec la Curie romaine, les prélats ou les évêques un peu casse-pieds, voire même les cathos de son entourage un peu trop mollassons face à l’urgence de l’annonce du Christ aux périphéries de l’Eglise… Il est possible aussi qu’il sache jongler comme n’importe quel jongleur, mais il s’en est bien caché : après tout, nombre de saints savaient parfaitement jongler, comme par exemple Saint Jean Bosco, qui était aussi un acrobate hors pair.
Qui était Saint Jean Bosco ?
Saint Jean Bosco / « Don Bosco »
Né en Italie en 1815, dans une famille pauvre de paysans, il perd son père alors qu’il n’a que deux ans. Assez cancre à l’école, il passait la plupart de son temps dehors, comme berger, pendant lequel il apprend de nombreuses acrobaties. Finalement, il surmonte son manque d’éducation et devint prêtre. Toute sa vie, il manifestera une profonde compassion pour les jeunes orphelins. Devenu Don Bosco, il rassemble autour de lui un groupe de garçons qu’il héberge, nourrit, habille et éduque. Parfois, ce groupe peut atteindre jusqu’à 500 gamins. En tant que père de substitution, saint Jean Bosco est incroyablement gentil avec ses petits protégés, et généreux de son temps. Il courre avec eux, grimpe aux arbres avec eux et participe à tous leurs jeux. Il leur montre des tours de magie, sa jonglerie et des acrobaties. Il leur apprend même ! Et c’est ainsi qu’il leur apprend aussi à devenir de bons chrétiens, de fidèles témoins de la Bonne Nouvelle de ce Jésus venu sur Terre pour nous sauver de nos égarements, nous racheter et nous donner la vie éternelle !
Quid du pape ?
Si le pape sait jongler, en tout cas, jamais il ne le fait avec un air aussi bête que dans la série The Young Pope / The New Pope !
Comment déjeune le pape ? Contrairement à tout ce qu’on peut voir dans la série The Young Pope / The New Pope, le pape fait preuve d’une grande simplicité. Son style de vie est modeste, jusque dans les détails vestimentaires : il a renoncé aux traditionnels souliers rouges, conserve sa croix d’archevêque, a choisi un anneau en argent et non en or…. Il reste lui-même. Même dans le domaine culinaire, la sobriété est de mise….
La discrétion est de rigueur
José Manuel Vidal, journaliste espagnol, a récemment relaté dans Religion Digital son expérience dans la salle à manger du pape. Au lieu d’une grande salle dans les appartements pontificaux, jugés trop luxueux, François se contente du réfectoire de la Maison Sainte-Marthe, une petit hôtel au sein du Vatican. Dans un souci de discrétion, il y occupe une table excentrée, à gauche de la salle. Aucune mise en scène particulière pour le repas pontifical – contrairement là encore à ce qu’on peut voir dans The Young Pope / The New Pope. Seul son habit blanc au milieu des soutanes noires trahit sa présence… D’ailleurs, quand il laisse son manteau blanc au vestiaire, il a l’habitude de dire au garçon: « Pas besoin de me donner le numéro ».
Parfois, il déjeune en tête à tête avec son secrétaire particulier dans une petite pièce à côté du réfectoire. Le reste du temps, François partage le repas des autres convives, dans la salle à manger principale.
Pas de chichis !
Le repas est servi par deux religieuses, habillées de violet, et par plusieurs serveurs. Au centre de chaque table, une coupe remplie de fruits. A côté, une bouteille d’eau gazeuse et deux bouteilles de vin. Le rouge et le blanc viennent du Piémont, plus précisément de Barbera de Monferrato. Les connaisseurs de vins italiens disent que c’est « un vin de trotteur». Un Espagnol qui vit à Rome depuis des années le compare au Don Simón, ce vin de table populaire en Espagne… Rien de très pontifiant !
Un menu plus frugal que papal
En premier sont servis des macaronis, de préférence en spirales. Normal, ce sont des pâtes et nous sommes à Rome. Ensuite, des biftecks, accompagnés de petits pois et poivrons frits. Passable, pas plus. Celui qui veut peut se lever et se servir une salade de laitue. Pour le dessert, des fruits. Et un bon café: expresso, ou avec du lait. Un menu qui reviendrait à moins de 10 euros… loin du faste de la série The Young Pope / The New Pope !
Pour aller plus loin :Se procurerA la Table du Pape François (Editions Bayard), où recettes et anecdotes personnelles du souverain pontife se mélangent.
Et voici la bande-annonce officielle de la sulfureuse série The New Pope. Sous-titre : « Tout le monde peut être un saint » (ce qui n’est pas faux… sans doute d’ailleurs la seule chose vraie de toute la série !).
Réalisateur : Paolo Sorrentino
Casting : Jude Law, Diane Keaton, John Malkovitch…
Synopsis : Pie XIII (rien à voir avec Pie XII) est dans le coma. Après un premier conclave tumultueux, Sir John Brannox, un aristocrate anglais modéré, charmant et sophistiqué, est placé sur le trône papal. Ce nouveau pape parfait dissimule en fait des secrets et fait preuve d’une certaine fragilité…
Encore des secrets, donc, pour cette suite de la première saison qui s’appelait The Young Pope. Si vous l’avez manquée, vous pouvez aussi revoir la première bande-annonce qui date de 2016.
Alors que The Young Pope débarque sur HBO Canada, nous publions enfin l’avis de l’hebdomadaire catholique Famille chrétienne.Retour sur The Young Pope, la série choc qui brosse une représentation captieuse, fallacieuse de l’Église.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Canal+ ne s’est pas empressé de nous communiquer les épisodes (envoyés au compte—gouttes alors que la diffusion touche à sa fin) de sa série culte. Les premiers seront les derniers. Famille chrétienne livre donc in extremis ses impressions sur une production qui lui était a priori toute destinée. La chaîne cryptée a eu du pif : cette saga satirique sur l’Église catholique écope d’un triangle, la peine maximale dans notre échelle de cotation, que ni les rares idées conformes à l’enseignement de l’Église, ni la qualité de la réalisation, ni la somptuosité des décors ou le prestigieux casting loués par les critiques ne parviennent à contrebalancer.
Bienvenue au royaume de la caricature et de la provoc. Le Vatican ? C’est Dallas. Un univers impitoyable où fourmillent des cardinaux arrivistes, intrigants, aux mœurs peu reluisantes, et mal intentionnés à l’égard du jeune cardinal américain qu’ils viennent d’élire, certains de pouvoir le manipuler. Bien mal leur en prend. Car Pie XIII (Jude Law) a du caractère. Autoritaire, méprisant, un brin sadique et vaniteux, le « Saint-Père » tourne en rond clope au bec dans ses appartements, ruminant ses mauvais coups plus que ses futures encycliques.
Il prie peu ou de façon outrancière, répète à l’envi qu’il ne croit pas en Dieu, promet la pourpre cardinalice à qui violera le secret de la confession. Certes. le Vatican n’est pas un club de chérubins, mais enfin…
Au fil des épisodes, toutefois, son regard démoniaque s’adoucit, les scènes trash se raréfient. Tiare vissée sur la tête, « Sa Sainteté » n’hésite pas à fustiger l’individualisme de ses ouailles et à condamner l’avortement. Oui, car c’est le portrait d’un pape réac, soucieux de renouer avec les traditions de l’Église préconciliaire que le réalisateur Sorrentino dit avoir dressé.
Un pape incarnant « le germe d’un fondamentalisme catholique que nous excluons a priori, tout comme, il y a cinquante ans, nous aurions exclu le risque d’un fondamentalisme islamique ». Pas moins. Sorrentino, lanceur d’alerte, le Snowden de la catholicité. C’était donc ça ? Alors, disons que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Pour certains, l’assimilation de l’Église à une secte est une erreur grossière ; pour d’autres, au contraire, l’équivalence s’impose. Dans la première saison de The Young Pope / The New Pope, vu les comportements du pape Pie XIII, on se le demande sérieusement, notamment pour les interférences entre ses confessions et son gouvernement de l’Eglise… Alors, l’Église serait-elle une secte qui a réussi ? La réponse du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules – qui a voté au précédent conclave, mais pas pour Pie XIII – extraite du livre 100 questions sur l’Eglise dirigé par Emmanuel Pisani.
Emmanuel Pisani : L’Eglise propose-t-elle une définition du mot secte ?
Cardinal Philippe Barbarin : C’est un mot piégé car il a une connotation extrêmement négative. Si on l’identifie à des critères objectifs comme la capacité à pouvoir disposer de son temps, de son corps ou de son argent, alors on risque fort de conclure que les religieux qui font vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance sont manifestement entrés dans une secte.
À mes yeux, ces critères sociologiques ne sont donc pas suffisants. Ils ne sont pas assez affinés car ils ne tiennent pas compte des motivations spirituelles qui déterminent le choix des jeunes dans l’accomplissement de leur vocation.
En s’appuyant sur des critères uniquement sociologiques, on méconnaît la puissance de la charité, d’un amour de feu capable d’aller jusqu’à la folie. Lorsqu’un homme dit à sa femme : « Tout ce que je suis est à toi; mon corps est à toi, mon argent est à toi. Tout mon amour, tout mon cœur, je te les donne, nous faisons une seule chair, parce que Dieu nous a unis », peut-on en conclure que leur mariage est vécu comme une aliénation ? Si ce mariage est vécu dans la ligne de ce qu’enseigne l’Évangile, comme une offrande d’amour et un acte de Dieu en eux, il n’est pas question d’« aliénation » mais de don de soi à l’autre.
Il faut bien voir que c’est la même logique d’amour et de don de soi qui est à l’œuvre lorsqu’une jeune femme ou un jeune homme désire consacrer leur vie à Dieu.
E.P. : Du point de vue étymologique, le mot secte vient du latin secare qui signifie « couper ». En ce sens, il est vrai que le christianisme « s’est coupé » du judaïsme. N’est-il pas alors une secte juive ?
P.B. : À l’époque de Jésus, certains juifs ont reconnu en lui le Messie qui devait venir. D’autres ont vu en lui un imposteur. Il s’en est suivi une cassure et la naissance d’un groupuscule que l’on a nommé les Nazoréens (cf. La Bible, Actes des Apôtres, 24, 5 et 14). Toute la question est de savoir pourquoi ce groupuscule a réussi. Or il a réussi parce que ses membres avaient un dynamisme, un panache ou plutôt un charisme extraordinaire. Saint Paul, malgré sa fragilité, avait une énergie et une foi à déplacer les montagnes. Relisons l’argumentation de Garnaliel dans le livre des Actes des Apôtres. Le contexte historique est celui de la condamnation des disciples de Jésus, mais Garnaliel avertit les membres du Sanhédrin (Assemblée législative traditionnelle d’Israël et son tribunal suprême, ndlr.) :
« Hommes d’Israël, faites bien attention à la décision que vous allez prendre à l’égard de ces hommes. Il y a quelque temps, on a vu surgir Theudas. Il prétendait être quelqu’un et quatre cents hommes environ s’étaient ralliés à lui. Il a été tué et tous ses partisans ont été mis en déroute et réduits à rien. Après lui, (…) on a vu surgir Judas le Galiléen qui a entraîné derrière lui une foule de gens. Il a péri, lui aussi, et tous ses partisans ont été dispersés. Eh bien, dans la circonstance présente, je vous le dis, ne vous occupez plus de ces gens-là, laissez-les. Car si leur intention ou leur action vient des hommes, elle tombera » (Actes 5, 35-38).
Au fond, maintenant que Jésus est mort, il va de soi que l’action de ses disciples va perdre en intensité, elle va s’essoufler d’elle—même. Et Gamaliel énonce l’argument décisif à ses yeux :
« Si leur action vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu » (verset 39).
Quand on se demande si l’Église est une secte qui a réussi, il faut s’interroger sur ce verbe réussir : dans la bouche de Gamaliel, qui n’est pas très courageux mais cependant inspiré par la foi, « une secte qui a réussi », c’est un groupe qui a commencé comme ceux de Theudas ou de Judas le Galiléen, mais qui a fini par durer, franchir les obstacles. Il y a dans cette réussite une expression de la volonté de Dieu.
Pour Gamaliel, les événements parlent deux-mêmes, ils disent a posteriori que l’Église n’est pas une secte. Puisque l’annonce de Jésus comme Messie, Maître et Sauveur s’est répandue dans le monde entier, il est une conséquence qui s’impose à nous : cette communauté est voulue par Dieu.
Le cardinal Voiello (Silvio Orlando) dans The Young Pope / The New Pope : l’homme cet homme fait-il partie de la mafia-secte vaticanesque ?
E.P.: Lorsque l’on parle de secte, on imagine non loin un gourou qui exerce un pouvoir psychologique fort et qui manipule les adeptes du groupe. Vous nous parliez du panache de Saint Paul. Le panache de Jésus qui attire à sa suite les douze apôtres n’est-il pas une forme de magnétisme qui peut rappeler celui des gourous ?
P.B.: Il est sûr que Jésus avait un impact psychologique sur ceux qui le côtoyaient. Il était fascinant, il attirait à lui les foules et les interpellait :
« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau » (Evangile de Matthieu, 11, 28)
L’aura et le rayonnement de Jésus sont indéniables même s’ils ne suffisent pas à rendre compte de son oeuvre. Aujourd’hui, si l’on assistait à une scène comme celle de l’Evangile de Jean 7, 37: « Au jour solennel où se terminait la fête, Jésus, debout, s’écria : “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi!” », on l’accuserait de manipuler les foules.
Et pourtant, ce serait un peu rapide ! Bien d’autres hommes ont un charisme extraordinaire, par exemple des hommes politiques ou des artistes, sans être pour autant considérés comme des gourous. Rappelez—vous : quand vous étiez élève ou étudiant, vous avez été fasciné par certains professeurs qui vous ont réconcilié avec leur discipline ou peut-être même vous ont passionné pour elle. Je crois que le charisme qui apporte la lumière à une intelligence et la joie à un cœur n’a rien de mauvais. Toute la question est de savoir si l’on fait bon usage de ce charisme. Est-on en train d’assujettir une personne, de mettre la main sur elle pour se l’approprier ? Ou au contraire, l’aide-t-on à trouver le chemin de sa liberté, à se mettre dans la main de Dieu pour déployer toutes ses richesses ? Regardez saint Bernard entraînant ses amis et plusieurs membres de sa propre famille dans la générosité de sa vocation: son but était de les mettre tous dans la main de Dieu. La grande difficulté pour les chrétiens, lorsqu’ils veulent dialoguer avec la société civile, c’est que celle-ci pratique une analyse des fonctionnements sociaux ou psychologiques en faisant abstraction de toute dimension spirituelle.
E.P.: Certes, mais cet argument pourrait aussi être tenu par Gilbert Bourdin, le fondateur de la secte du Mandaron, ou encore Claude Vaurillon, le fondateur du mouvement des Raëliens!
P.B.: On doit mentionner ici le rôle de l’Église. Les fondateurs ne sont pas seuls, sans régulation. Il y a les évêques, et le pape, successeur de Pierre (— même si, bon, dans The Young Pope, on ne confierait pas à Pie XIII un tel discernement… -ndlr). Ainsi, lorsque saint François, que nous qualifierions aujourd’hui de charismatique, entraîne de jeunes frères derrière lui, obéissant à l’Église, il va rencontrer le pape Innocent III et se soumet à son jugement. Cela signifie que l’Église exerce un discernement. Par exemple, une « boule de feu » comme sainte Thérèse d’Avila devra attendre près de vingt ans avant de pouvoir réformer le Carmel, parce que tout le monde était contre elle. Convaincue qu’elle avait reçu un appel de Dieu, elle a dû en retarder la réalisation et faire preuve de patience. Il est clair qu’elle a exercé l’influence de ce que l’on appellerait aujourd’hui un gourou, mais elle est toujours restée dans l’obéissance à une norme qui était au-dessus d’elle. Tel n’est pas le cas, par exemple, du Mandaron, ni de Raël, ni de Moon, qui sont, pour eux—mêmes, la norme suprême.
Pour aller plus loin : se procurer le livre 100 questions sur l’Eglise, via Amazon
Première image officielle de la série The Young Pope / The New Pope (photo ci-dessus) : on se demandait si le pape Pie XIII n’était pas en train d’écouter de la musique…
La bande-son électro-rock de la série The Young Pope / The New Pope fait l’unanimité et apporte beaucoup au rythme de la série. Pie XIII, d’ailleurs, qui cite cite Daft Punk, aime beaucoup écouter de la musique : lorsqu’une ministre d’un pays scandinave lui offre un vinyle, il s’empresse de demander à l’écouter… Contrairement à ce qu’on pourrait penser, d’ailleurs, les papes peuvent tout à fait être musiciens (Benoît XVI jouait du piano). Et Dieu, quelle musique écoute-t-il ? La réponse de Paul Clavier, philosophe normalien, dans son livre 100 questions sur Dieu.
Selon une légende propagée par le théologien suisse Karl Barth, Dieu, sur son trône, écoute (religieusement) les cantates de Jean—Sébastien Bach, interprétées par le chœur et l’orchestre des anges du paradis. Mais lorsque les anges sont entre eux, au cours des répétitions, ils se mettent à jouer du Mozart, et Dieu écoute à la porte.
Cet apologue traduit une intuition sur la personnalité de Dieu, très révélatrice de nos attentes humaines. En public, Dieu aime la majesté, la gloire, la solennité. En catimini, il goûte la frénésie mélancolique de Wolfgang… Amadeus. D’un côté, nous reconnaissons aisément la grandeur et la puissance de Dieu, et seule une « grande » musique semble alors à la hauteur. Mais nous tenons également à un Dieu sensible, capable de s’attendrir.
Nous imaginons sans peine Dieu à l’aise dans le Messie de Haendel et dans le chœur final de la « Neuvième symphonie » de Beethoven, où il est d’ailleurs évoqué sans détour :
« Frères, par-delà la tenture des étoiles doit habiter un père chéri. Vous prosternez-vous, milliards de créatures ? Monde, pressens-tu ton Créateur ? »
On peut également penser à la « Neuvième symphonie » de Bruckner, dédiée à Dieu, et qui propose un véritable trip métaphysique à l’auditeur emporté vers des horizons mystiques. Mais pourquoi Dieu ne se réjouirait pas d’une simple comptine qui chante la vie, les saisons, l’amour ou la nature ? Il n’est même pas exclu que Dieu aime la musique métal, à condition toutefois qu’elle célèbre l’énergie de la création, et non le plaisir douteux de la destruction.
Conclusion : c’est pareil pour The Young Pope / The New Pope, Dieu peut aimer la bande-originale, à condition toute fois qu’il ne s’agisse pas se servir l’entreprise de destruction massive d’un pseudo-pape Pie XIII revanchard et sournois, pour ne pas dire pervers… Allez, on vous met un lien vers la playlist de la BO de The Young Pope.
Le pape Pie XIII, dans The Young Pope, reçoit un kangourou en cadeau. Il le libère dans les jardins du Vatican… humour, ou dérision ?
Dans la série The Young Pope, on a souvent bien du mal à distinguer ce qui est drôle de ce qui est de la dérision à l’encontre de l’Eglise, du pape et des catholiques. C’est particulièrement le cas pour l’attitude « machiavélique, vitupérante, cassante, autoritaire, caractérielle » de Pie XIII, pour reprendre les mots du magazine Pèlerin. Alors, peut-on rire de tout ? Quelle est la différence entre humour et dérision ? La réponse du Père Guy Lescanne, théologien et sociologue, librement tirée et adaptée de son livre Petit vocabulaire de Dieu paru aux Editions Salvator.
Peut-on rire de tout ?
Pour ne pas trop vite répondre en me laissant enfermer dans l’air du temps, je formule une première hypothèse : n’y aurait-il pas aujourd’hui trop de dérision… et pas assez d’humour ?
Je ne joue pas sur les mots, surtout quand je pressens qu’il est un mot qui a un bon goût de Dieu, et un autre qui a le mauvais goût du Malin. Il me semble, en effet, que nous soufrons aujourd’hui d’une trop grande confusion entre humour et dérision. Une telle confusion peut être grave. Quand tout peut, d’une manière ou d’une autre, être objet de dérision, il est bien difficile de vivre ensemble.
Qu’il est difficile, pour ne citer que deux exemples, d’oser nouer des relations simples et vraies ou encore de s’exposer dans une prise de responsabilités, quand de telles attitudes font trop systématiquement l’objet de railleries… On peut le vérifier bien souvent, trop souvent, dans notre société médiatique. Mais ce peut être vrai aussi dans l’Église du Christ.
Humour et dérision, deux faux frères
Beaucoup de jeunes, entre autres, sont très vulnérabilisés dans leur capacité à prendre des responsabilités, par cette confusion entretenue entre ces deux « faux frères » que sont l’humour et la dérision, confusion qui menace de freiner, voire de paralyser, bien des engagements. Quel jeune va pouvoir aujourd’hui envisager sereinement de s’engager dans le domaine politique – par exemple – quand la moquerie, dans les médias et ailleurs, vient jeter la suspicion sur toutes celles et ceux qui prennent de telles responsabilités ? (— Y compris au Vatican, ndlr.)
On pourrait poser la même question, pour les vocations, sur les conséquences d’une trop fréquente dérision médiatisée sur l’Eglise en général, et sur les religieuses, les religieux et les prêtres en particulier. Ici comme ailleurs l’humour pourrait faire le plus grand bien, alors que la dérision fait le plus grand mal.
Le t-shirt de soeur Mary, bras droit du pape, porte l’inscription « je suis vierge mais c’est un vieux t-shirt ». Humour… ou dérision ?
Des points de repère
Je me permets alors de proposer tout d’abord quelques points de repère pour mieux faire la distinction entre l’humour et la dérision et — pourquoi pas ? — mieux réagir.
L’humour instaure ou favorise une prise de distance critique. L’humour est critique, non au sens de dénigrement, mais de discernement. Il invite à voir plus grand et plus loin. Il réussit à marier bienveillance et lucidité. Dans un sens, il est profondément juste, car, avec le sourire, il met chacun à sa place.
C’est ainsi qu’il vise au moins autant celui qui le manie (l’auteur d’un propos plein d’humour), que celui qui le reçoit (son destinataire), et que celui qui en est l’objet (sa cible). L’humour appelle le plus souvent à une saine humilité. En ce sens, les meilleures blagues sont souvent celles où l’on est en capacité de rire de soi-même !
Finalement, nous venons tous de l’humus, tel Adam le terreux. Aujourd’hui comme hier, je suis convaincu, en effet, qu’en nous rappelant que nous sommes humains, l’humour contribue à nous humaniser. Nous manquons vraiment trop souvent d’humour ! Bienheureux ceux qui savent rire d’eux—mêmes, ils n’ont pas fini de s’amuser ! L’humour est plaisant, et il lui arrive même d’être profondément humanisant.
Quitte à me voir reprocher de ne pas être assez « large », de manquer d’ouverture et d’avoir bien des œillères, je poursuis en affirmant que la dérision n’est sûrement pas à mettre à la même enseigne. C’est même l’inverse. En effet, la dérision cherche d’abord l’humiliation de celui, de celle ou de ceux qu’elle vise. La dérision abaisse sa victime. Elle traîne sa proie « plus bas que terre », en lui faisant « mordre la poussière ». La dérision est déplaisante. Et il lui arrive même d’être profondément déshumanisante. Si l’humour permet de prendre de la distance, ne serait-ce qu’en nous permettant de ne pas nous prendre trop au sérieux, la dérision produit l’effet contraire. Elle colle à la peau de celui qu’elle prend comme souffre-douleur.
Je soutiens que la dérision interdit toute prise de distance en enfermant les personnes dans l’ironie. Elle est vite complice du mépris. Elle est souvent cynique. Pensons, par exemple, à certains propos blessants que l’on peut tenir sur des groupes de personnes d’une autre culture ou d’une autre religion… ou même d’une autre « sensibilité religieuse » au sein d’une même Eglise, alors même que les personnes incriminées ne sont pas là pour se défendre, ou pas assez « en force » pour réagir devant un auditoire habilement monté contre elles. (— Nous pensons ici à la puissance médiatique des séries TV face aux petites minorités créatives que nous sommes : c’est un peu David contre Goliath, ndlr.)
Je pense, entre autres ici, aux mauvaises blagues explicitement, ou pire, insidieusement racistes contre les juifs, les musulmans (— on pense aux caricatures sur Mahomet, ndlr) ou bien d’autres.
Il me semble qu’il est un peu facile alors de ne faire porter le chapeau qu’aux médias. Nous avons tous notre part de responsabilité dans une telle confusion entre l’humour et la dérision. (— Annonçons-nous assez l’amour du Christ par ces mêmes médias et Internet ? -ndlr.)
Attention, la Parole de Dieu entre dans le débat !
Je prolonge en vous proposant quelques références bibliques, non d’abord pour étayer mes analyses, mais surtout pour mieux nous laisser « interpeller » par la parole de Dieu (— cette belle lettre d’amour de notre Père céleste, ndlr), pour lui donner d’entrer dans le débat. Comment discerner « évangéliquement » que l’on est bien en train de faire de l’humour et que l’on n’est pas sur la pente de la dérision ?
Il y a tout d’abord cette lame de fond de la Révélation attestée dans les deux Testaments: ce qui vient de Dieu élève et libère l’homme, alors que ce qui vient du Mauvais rabaisse et enferme.
Si l’on peut, dès lors, vérifier que des propos humoristiques contribuent â faire grandir, d’une manière ou d’une autre, ceux qui en sont les auteurs comme ceux qui en sont les objets, il ne m’étonnerait pas qu’ils puissent être comptés au nombre des mots inspirés par Dieu. En revanche, si l’on peut constater que des propos dérisoires abîment l’homme, ils sont alors des maux â mettre sur le compte du Mauvais.
Il me semble aussi que l’enseignement de Jésus sur la reconnaissance des arbres à leurs fruits nous met sur une très bonne piste.
« Il n’y a pas de bon arbre qui produise un fruit malade et pas davantage d ’arbre malade qui produise un bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît au fruit qui lui est propre (…). L’homme bon, du bon trésor de son cœur, tire le bien et l’homme mauvais, de son mauvais trésor, tire le mal ; car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. » (La Bible, Evangile de Luc, 6, 43-45).
Invité à plus de lucidité sur les « fruits » de ce que « dit ma bouche », j’accueille alors comme un complément à l’enseignement du Christ ce que Paul nous révèle sur « les fruits de l’Esprit » :
« Voici les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi. » (La Bible, Lettres aux Galates, 5, 22-23)
Et nous voilà alors mieux armés pour prendre personnellement et ensemble (oui, avec vous, internautes de passage ! – nldr) le chemin de conversion dont notre monde a tant besoin.
Pour « avoir de l’esprit », laissons l’Esprit nous habiter !
Celui qui aspire à devenir le disciple du Christ a, en effet, dans l’enseignement de Paul, je crois, des critères aussi simples que forts pour faire un bon discernement, pour éviter de confondre humour et dérision, pour avoir de l’esprit sans faire du mauvais esprit. Afin de ne pas être trop long (!), j’ai regroupé les fruits cités dans l’épître aux Galates deux par deux pour relire tout simplement nos manières de plaisanter :
1er groupe de fruits : la bonté et la bienveillance
Si je peux vériier que mes blagues – ceci dit sans mièvrerie – respirent la gentillesse, si je peux vérifier qu’elles permettent de mieux apprécier et faire apprécier ceux qui en sont l’objet, si nous pouvons vérifier que nos rires nous donnent d’exprimer un peu de la bonté qui nous habite, cela risque fort d’être de l’humour, à saveur évangélique.
Certes, Dieu seul est bon, mais ne sommes-nous pas créés à son image comme à sa ressemblance ? En revanche, quand nos blagues et nos rires séparent, déprécient, et parfois même excluent certains, à commencer par les plus petits et les plus fragiles, on est, me semble-t-il, sur la pente d’une dérision malveillante, et donc fort peu évangélique (— même pour une série TV, ndlr).
2eme groupe de fruits : la maîtrise de soi et la patience
Si je peux vérifier que mes blagues contribuent, même modestement, à dépasser un énervement maladroit, si l’on peut vérifier que nos rires nous appellent à une humble patience pour les autres comme pour nous-mêmes, cela risque fort d’être de l’humour, à saveur évangélique. En revanche, quand nos blagues et nos rires réveillent des instincts dont nous ne savons pas garder la maîtrise (je pense à la sexualité, mais aussi à la violence ou à la rancune) ou attisent des impatiences vis-à-vis de nous-mêmes ou vis-à-vis d’autres, à commencer par les plus petits et les plus fragiles, on est, me semble-t-il, sur la pente d’une dérision là aussi fort peu évangélique (— bon, inutile ici de se demander si The Young Pope flatte nos bons ou mauvais instincts !… -ndlr).
3eme groupe de fruits : la foi et la joie
Si je peux vérifier que mes blagues sont au service de la vérité, et d’une vérité qui humanise sans écraser parce qu’elle donne d’être paisiblement heureux d’y voir plus clair (— le ciel s’assombrit un peu pour l’Eglise avec The Young Pope, non ?), si nous pouvons vérifier que le rire déclenché ou le sourire suscité rend chacun simplement heureux, ne serait—ce que parce qu’ils aident à ne pas « se prendre la tête », ou se prendre trop au sérieux, cela risque fort d’être de l’humour, à saveur évangélique. En revanche, quand nos blagues et nos rires nous mettent au service du mensonge, quand ils contribuent, même « à petite dose », à déshumaniser en donnant de l’eau au moulin de ceux qui pensent qu’on ne peut plus croire en rien ni faire confiance à personne (et surtout pas au pape ou à l’Eglise, ndlr), on est, me semble-t-il, sur le terrain d’une triste dérision… là encore fort peu évangélique.
4° groupe de fruits : la paix et la douceur
Si je peux vérifier que mes blagues nous mettent, moi et mes auditeurs, bien simplement dans la paix, une vraie paix qui unifie nos vies en douceur, cela risque fort d’être de l’humour, â saveur évangélique. L’humour est plein de douceur, même quand il est rude, au sens où il laisse un bon goût dans la bouche. En revanche, quand nos blagues et nos rires jettent le trouble dans nos cœurs comme dans nos intelligences, en nous endurcissant illusoirement, on est, me semble-t-il, sur le terrain d’une dérision fort peu évangélique. Et on a bien raison de dire qu’il est des blagues qui sont de mauvais goût ! (— Et ce n’est malheureusement pas ce qui manque dans The Young Pope… ndlr.)
Humour rime avec amour!
Mais, au final, c’est même peut-être plus simple encore. Ne compliquons pas les choses. Le fruit, le premier fruit de l’Esprit, c’est l’amour ! Puissions-nous alors être pleins d’esprit ! (d’Esprit ?)
« Et par-dessus tout, revêtez l’amour. C’est le lien parfait. » (La Bible, 1ère lettre de Saint Paul apôtre aux Colossiens, 3, 14)
Mon humour contribue—t-il, même bien petitement, à bâtir un monde où l’amour ne cesse d’être mis à la première place ? Alors, non, on ne peut pas rire de tout ! Et sûrement pas de ce qui rend l’amour dérisoire.
Pie XII écrit un de ses messages radios de Noël à la machine à écrire. Aucune similitude avec le Pie XIII de The Young Pope, si ce n’est l’habit…
Dans The Young Pope, on parle peu de Pie XII, si ce n’est pour affirmer qu’il était conservateur. Mais qui était réellement ce pape ? La réponse d’Ivan Gobry, auteur du Dictionnaire des papes, paru en 2013 aux éditions Pygmalion.
PIE XII – Eugenio Pacelli (Rome, 1876 – Castelgandolfo, 1958)
260e pape (1939-1958) – successeur de Pie XI.
Né à Rome le 2 mars 1876, il est le fils de Filippo Pacelli, doyen des avocats du Consistoire pontifical. Il entre en 1894, après ses études secondaires, au collège romain Capranica, comme clerc externe, puis à l’Athénée pontifical Saint-Appolinaire, pour ses études de théologie. Ordonné prêtre le 2 avril 1889 par Mgr Cassetta, patriarche d’Antioche, il est reçu au doctorat in utroque jure (droit canon et droit civil) et au doctorat de théologie. En 1902, il est nommé professeur de droit canon à l’Apollinaire. Le cardinal Varnnutelli lui ouvre en 1905 les portes de la Secrétairerie d’État, où il franchit les degrés de l’administration. Ensuite, la promotion est rapide : en 1912, Pacelli est pro-secrétaire d’Etat, en 1914 secrétaire d’État de Pie X. Il a trente-huit ans. Il demeure dans ce poste durant le pontificat de Benoît XV. En 1917, Pacelli est nommé nonce apostolique à Munich et archevêque titulaire de Sardes. Il négocie alors plusieurs concordats : avec la Lettonie (1922), la Bavière (1924), la Pologne (1925), la Roumanie (1927), la Prusse (1929). Nommé en 1929 comme cardinal secrétaire d’État par Pie XI, il signe en 1933 un concordat avec Hitler, devenu chancelier de la République de Weimar. Ce gouvernement ne respectant pas l’accord souscrit, Pacelli lui adresse cinquante-cinq notes de protestation.
En 1938, à la suite de l’Anschluss, il réclame au cardinal Innitzer, archevêque de Vienne, de rédiger une déclaration contre l’invasion de l’Autriche par l’Allemagne. Pie XI étant mort le 10 février 1939, le conclave se réunit le 1er mars. Pacelli est élu dès le lendemain et prend le nom de Pie XII.
Un pape… bavard ! (40 encycliques)
Il choisir pour secrétaire d’Etat le cardinal Maglione. L’Europe venait de s’engager dans la Seconde Guerre mondiale. Le pape la dénonça dans sa première encyclique, Summi puntificatus (« les merveilleux desseins du Seigneur » – 20 octobre 1939), condamna l’agression de l’armée soviétique contre la Finlande (26 décembre 1939), dénonça par Radio Vatican les atrocités commises par les armées allemandes en Pologne. Le 11 mars 1940, Pie XII protesta auprès de Ribbentrop contre le traitement des juifs en Allemagne, le 25 décembre 1941, à 1a radio, contre les persécutions raciales, le 2 juin 1943, contre les « mesures d’extermination », le 26 juin 1943, contre « la distinction entre les juifs et les autres hommes ».
Après la guerre, ce fut le communisme que le pape dut affronter. En 1948, le cardinal Mindszenty, primat de Hongrie et Mgr Stepinac, archevêque de Zagreb, furent Juges et emprisonnés par des États communistes. Le 1er juillet 1949, les persécuteurs
furent excommuniés.
Pie XII a proclamé le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie (constitution apostolique Munificentissemus Deus – « Dieu bienfaisant », 1er novembre 1950). Il a canonisé Gemma Galgani (1940), Louis-Marie Grignion de Montfort (1947), Catherine Laboure (1947), Jeanne de France (1950), Maria Goretti (1950), Pie X (1954).
Un précurseur
Il armonça la découverte, après de savants travaux archéologiques, de la tombe de saint Pierre, sous l’autel majeur de la basilique Saint Pierre (23 décembre 1950).
Il publia les encycliques Mediator Dei (« Dieu médiateur », 20 novembre 1947) sur la liturgie, et Mirando prorsus (« Les merveilleux progrès techniques » – 8 septembre 1957) sur les moyens de communication.
Pie XII mourut le 9 octobre 1958 à Castelgandolfo, résidence d’été des papes, après un pontificat de dix-neuf ans et sept mois. Il fut inhumé dans les grottes vaticanes, près de la chapelle ad caput (« aux pieds »), qui touche à la tombe de saint Pierre. Sa cause de béatification est à l’étude. Son successeur fut Jean XXIII.