Les démons existent-ils vraiment ?

démon - possédé

Un homme possédé par un démon – c’est le cas du pseudo-thaumaturge qui apparaît dans la saison 1 de “The Young Pope/The New Pope” – dit voir la Sainte Vierge . . . Mais alors, les démons existent vraiment ?

Pour vous aider à y voir plus clair : une réponse tirée du livre du Père Jean-Régis FROPO (et librement adaptée) : “90 questions à un exorciste

UN MONDE INVISIBLE

Avec l’Évangile nous devons reconnaître qu’un monde invisible peuplé d’anges et de démons existe réellement, même si nos sens ne les perçoivent pas !

Dieu a donné l’existence à diverses espèces de créatures : le cosmos matériel, les être vivants, végétaux et animaux, et enfin l’homme « fait à son image » (La Bible, Genèse 1,27) à la fois corps et esprit. Il l’a établi souverain de toute la Création. Mais Dieu a également fait des créatures purement spirituelles invisibles à nos yeux de chair : les anges.

Ils ont une intelligence et une volonté libre comme nous. Ils sont capables, de connaître et d’aimer en esprit.

Dans la prière du CREDO  les catholiques proclament d’ailleurs que Dieu est « Créateur du monde visible et invisible ».

Il semble en effet logique que si Dieu a créé des éléments purement matériels. Il a également créé des êtres purement spirituels. «La perfection de l’univers exige qu’il y ait des créatures spirituelles.» (Saint Thomas d’Aquin – 1225-1274)

J’approfondis : Le CREDO c’est quoi ?

Un univers invisible ! Il y en a vraiment qui y croient ? Je veux en avoir le cœur net, j’utilise le chat’ !

ET LES DÉMONS ALORS ?

Les démons sont des anges rebelles. Ils ont refusé radicalement et irrévocablement Dieu et son Règne d’amour. Ils sont devenus mauvais.

Il leur est possible de communiquer entre eux. La société des démons est hiérarchisée. Ils ne sont pas tous égaux et semblent avoir chacun une spécialité : les impurs, les  menteurs, les jaloux, etc (enfin tout ce dont l’âme humaine peut être tourmentée).

Mieux encore, les démons ont une connaissance des réalités matérielles et de chaque objet en sa singularité. Ils ont certes une vision  de l’avenir, mais très partielle. Par exemple, ils ne voient pas le futur au sens où on le dit de Dieu qui sait tout de toute éternité, mais ils l’appréhendent par les causes, par conjecture. Il est vrai qu’ils connaissent les causes plus parfaitement et universellement que nous.

J’approfondis : Les neuf chœurs des anges

Donc ? Je veux en avoir le cœur net, j’utilise le chat’ !

ET DANS LE MONDE VISIBLE ?

Satan – qui avant sa chute était le plus beau de tous les anges – ne supporte pas que les hommes aient accès à l’éternité bienheureuse promise par Dieu, qu’il a lui-même perdue (1). Aussi, avec ses troupes de démons  agit-il parmi les hommes. Il cherche par tous les moyens à les entraîner dans sa révolte.

Les démons n’ont pas directement accès à nos pensées les plus intimes. Seul Dieu les connaît ! Cependant, par nos paroles, nos gestes, les expressions du visage et du corps, l’intime de nos cœurs peut être en partie découvert. Les démons peuvent ainsi percevoir avec une grande pénétration ces effets extérieurs. Il peuvent en déduire une part de nos pensées et agir en conséquence pour nous tenter et parfois même, si nous leur ouvrons trop la porte de nos cœurs, nous posséder.

Mais heureusement nous ne sommes pas seuls !

J’approfondis : L’ Ange Gardien

Donc les exorcismes ce n’est pas que dans les films ? Je veux en avoir le cœur net, j’utilise le chat’ !

 

  • Pour aller plus loin :

90 questions à un exorciste – Thérapeutiques des emprises maléfiques” – Jean-Régis FROPO – Pour se le procurer

Tactiques du diable – Lettre d’un vétéran de la tentation à un novice– C.S. Lewis – Pour se le procurer

(1) Cf. Catéchisme de l’Église catholique (CEC), n° 391 à 395.

Les cathos aiment-ils The New Pope ?

The New Pope

Les cathos aiment-ils The Young Pope / The New Pope ? Pourquoi les médias chrétiens en parlent-ils si peu ? Boude-t-elle la série d’HBO-Canal+, ou bien… ? Quelles sont les retombées presse de ce côté-là ? Les cathos regardent-ils la télé ou sont-ils du siècle dernier ?

Un sentiment mitigé

Le sentiment global est plutôt mitigé, dirons-nous. L’hebdomadaire Famille chrétienne avait publié une critique de la saison 1 qui s’intitulait (à juste titre ?) Souverains poncifs. Ils fustigeaient une “représentation captieuse, fallacieuse de l’Église” : “Bienvenue au royaume de la caricature et de la provoc ! Le Vatican ? C’est Dallas…” A l’époque, Pèlerin Magazine décrivait Pie XIII comme un pape “imbu de lui-même, vitupérant, cassant, autoritaire et caractériel”. Pour la saison 2, ils se sont tu : un silence très élogieux. Comme d’ailleurs beaucoup d’autres médias catholiques…

Le grand écart

En revanche, du côté de l’hebdomadaire La Vie, sous la plume de Marie Lucile Kubacki, on est dithyrambique. Pas moins ! On cautionne ainsi “une grande série“, “une oeuvre poétique et profonde“, et même “une plongée métaphysique…” : rien que ça ! Sérieusement ? Bah oui…

Citons cet article in extenso :Paolo Sorrentino signe plus qu’une grande série sur les arcanes du pouvoir au Vatican, une œuvre poétique et profonde sur le mal et le combat spirituel. Une plongée métaphysique dans les abîmes de l’âme humaine, haletante comme un thriller, servie par des plans soignés et un casting de rêve : outre John Malkovitch, Jude Law, Silvio Orlando et Ludivine Sagnier, déjà cités, on retrouve Cécile de France, Sharon Stone et Marylin Manson, qui rivalisent de charme et de drôlerie…

Bon, pour la drôlerie, il faudra en reparler : d’ailleurs, quelle différence entre humour et dérision ? La journaliste en poste à Rome évoque tout de même du bout du lèvres que “certaines scènes sont choquantes” (quand on sait qu’un communiqué du diocèse de Venise parle de profanation…), “mais, ajoute-t-elle, les provocations même les plus délirantes de Sorrentino contiennent des questions qui sonnent très juste.” Ah, nous voici rassurés !

Beaucoup de questions sans réponses

Et le journal d’en faire la judicieuse liste :

– Un pape qui ne peut plus exercer son ministère car il est dans l’incapacité de le faire – à l’instar de Pie XIII, en coma à durée indéterminée – cesse-t-il absolument de l’être ?
– Quelle est la frontière entre le péché et la corruption ?
– Dieu « aime-t-il » certains papes plus que d’autres ?
– Qu’est-ce que l’idolâtrie (dans la première saison, Pie XIII refusait les photos et les objets à son effigie, ce qui n’a fait que décupler la fascination pour sa personne) ?
– Faut-il des saints pour gouverner l’Église ?
– Quel est le prix spirituel des nécessaires aménagements diplomatiques et politiques dans la gouvernance de l’Église ?
– Dans quelle mesure le pape doit-il faire de la politique ?
– Jusqu’à quel point un saint peut-il être un grand pécheur ?

Nous tâcherons donc de répondre patiemment à toutes ces questions qu’elle (se) pose. Et qui c’est vrai, méritent d’être abordées  : mais avait-on besoin d’une telle série pour cela ?

En attendant, nous vous proposons ces questions un peu plus terre-à-terre :

Cependant, The New Pope peut donner l’occasion à de nombreux catholiques de témoigner de leur foi en Jésus-Christ, car comme le disait le premier pape de l’Eglise, Saint Pierre, dans sa première lettre apostolique (*) : “Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui en vous, faites-le avec douceur et respect”.

(*) La Bible, première lettre de Saint Pierre chapitre 3, verset 15.

Le pape boit-il du Coca Zéro cerise ?

Le pape boit-il du Coca Zéro à la cerise ? Serait-ce un placement de produit ?

A défaut d’avoir soif de rencontrer le Christ – dans ce cas, contactez immédiatement un de nos bénévoles sur le live chat’ de ce site, ici en bas à droite – le jeune pape Pie XIII pourrait vous donner soif ! A condition bien sûr d’aimer le Coca Zéro cerise. (Mais, d’après les spécialistes, un vrai pape ne se permettrait pas une hérésie pareille qui mérite le bûcher : ça montre bien l’ignorance des scénaristes). Cette information nous provient directement, via le net mondial, du blog américain Hollywood branded, traduisez littéralement par “marques embarquées à Hollywood”.

Mais avant de vous embarquer dans cette histoire de gros sous – (lire aussi : Le Vatican est-il riche ?), il faut dire que la chaîne qui produit la série The New Pope, HBO, est “au sommet de son art”, osons le dire sans détour, dixit ce blog marketing. Avec des séries primées comme Game Of Thrones et Silicon Valley, ainsi que de nouveaux succès et des critiques “hyper enthousiastes” sur la série Westworld, la chaîne est devenue célèbre pour sa production de “haute qualité” ! (Du moins d’un point de vue technique, parce que pour la réalité, dans The New Pope, il faudra repasser…). Elle attire donc un vaste public – magie de l’audience ! – surtout avec des séries à peine aguicheuses comme Sex And The City et The Sopranos.

Du coup, les autres chaînes qui la diffusent, comme Canal+, tirent aussi leurs marrons du feu, ce pourquoi cela vaut le coup de programme de telles séries, même si d’un point de vue descriptif, c’est du grand n’importe quoi. D’ailleurs, on aimerait bien savoir comment le réalisateur et les acteurs réagiraient si on peignait avec la même fantaisie critique leur famille (bah oui, chez les cathos, l’Eglise est leur famille) dans une telle fresque audiovisuelle (mais avons-le, ça ne serait pas très chrétien de leur part !).

Le casting de The Young Pope / The New Pope, il est vrai, a été soigné, avec une “liste de tueurs” (toujours d’après ce blog : mais qui veulent-ils tuer ?) avec Jude Law et Diane Keaton, et, depuis le nouveau titre de la série, The New Pope, John Malkovitch dans le rôle d’un deuxième pape (toute ressemblance avec la réalité du pontificat de François serait absolument totalement fortuite).

Avec des centaines de milliers de téléspectateurs, ces séries sont donc une mine d’or pour les marques qui cherchent naturellement à placer leur produit au cours des épisodes. Ainsi Hollywood Branded examine le placement “surprenant et réussi” – disent-ils – du produit Coke Zero – allias Coca Zéro – dans cette série. En l’occurrence, un Cherry Coke Zero, autrement dit, en bon français, un Coca Zéro à la cerise…

“Le jeune pape sait ce qu’il veut” (et c’est un Coca Zéro à la cerise)

Le jeune pape Pie XIII (toute filiation avec Pie XII serait là encore parfaitement fortuite !),“magistralement joué” (et parfois très bêtement, on se demande si c’est fait exprès) par Jude Law a été présenté en avant-première le 15 janvier 2016, donnant aux spectateurs “l’étrange vision” (sic !) du cinéaste italien Paulo Sorrentino sur le Vatican.

Dans la série, le premier pape américain vient d’être élu et il n’a que 57 ans, ce qui est assez jeune. En réalité, Jude Law a 47 ans et à l’écran, il ne fait pas son âge : du coup, c’est assez idéal pour toucher cette cible marketing. Ainsi, à partir du moment où il revêt son joli petit costume de pape, Pie XIII “ne marche pas à la légère” (venant d’un pape, ce serait étonnant) et il est très décidé. Il fait donc savoir aux gens ce qu’il veut : plus précisément, un Coca Zéro à la cerise ! Et que ça saute !

Dans l’une des scènes “les plus poignantes et mémorables”, “quoique ridicules” (sic) de ce spectacle, nous voyons ainsi le pape entrer dans sa salle à manger. Cependant, là-bas, il ne mange pas beaucoup. « Apportez-moi mon Cherry Coke Zero », ordonne-t-il. Comme cela, si le téléspectateur était un peu trop bête ou ne savait pas lire l’étiquette, la présence de la pub dans le script même du scénario permet d’éviter toute équivoque…

Un “génial” placement de produit

“Qu’est-ce qui est si génial dans ce placement ?” se demande notre blog. Et d’expliquer : “Le jeune pape, selon tous les témoignages, donne un étrange spectacle de la papauté. Pourtant, c’est devenu un sentiment général sur Internet et personne ne peut s’arrêter d’en parler… En contraste du Coca à la cerise, la scène avec le refroidisseur d’eau de bureau (sans marque) au milieu d’une grance pièce pleine de dorures est absolument à voir ! Ainsi, la série peut être fortement polarisante à certains moments et à d’autres, étrangement drôle (lire aussi : humour et déricision, quelle différence ?). Et la scène “Coke Zero”, telle qu’elle a maintenant été doublée, est l’un de ces grands moments de The Young Pope qui parvient à combiner les deux !“. Ah, ok, on voit bien que vous êtes enthousiaste et on ne voudrait pas vous refroidir…

“En réalité, et c’est là que c’est très fort, nous ne voyons jamais le logo Coca-Cola et nous ne voyons jamais réellement le Pape Pie XIII profiter de la boisson. Mais la vérité est que nous n’en avons pas besoin. Ce placement reste pour ainsi dire avec nous en tant que public, parce qu’il est si vivant, si étrange et différent de tout ce que nous voyons habituellement !”. Clairement, en effet, une belle innovation artistique !

Ultime précision – pour le cas où vous n’auriez pas compris le miracle de ce placement : “Le personnage de Jude Law répète trois fois la phrase “Coca Zéro cerise” dans cette scène, totalisant trois placements à l’oral. Mais au-delà, l’idée que le premier pape américain, qui ne prend pas de petit-déjeuner et refuse de faire quoi que ce soit jusqu’à ce qu’il ait son Coca Zéro cerise est le point focal de toute la scène. Ainsi, le placement est mémorable, avant-gardiste et honnêtement assez brillant.”

Déjà que la série est géniale et brillante, ça fait beaucoup de magnificence. Mais en réalité, le pape boit sûrement de la bière d’abbaye, et pas n’importe laquelle : nous y reviendrons !

A suivre…

Mise à jour 12:32 : un internaute nous envoie la photo ci-dessous (déjeuner du pape avec 1500 pauvres de Rome) et sur la table du Coca normal et du Fanta, mais pas du tout de Coca à la cerise…

Le pape boit du Coca normal
Le pape boit du Coca normal

Pour aller plus loin :

Le pape joue-t-il au billard en fumant sa clope ?

Lenny Belardo dit Pie XIII (Jude Law) dans la Série The Young Pope

Oui, bien sûr, il en fume même 12 par jour, comme les apôtres ! 😉 Bon en fait, il ne faut pas se leurrer, une vie de pape n’est pas vraiment – voire même pas du tout – comme dans The Young Pope / The New Pope, où le Saint-Père fume sa clope tranquillement en jouant au billard avec son Coca à la cerise (véridique !) et décide de tout comme un chef maffieux…

Ceci est une vision déformée de la réalité. Mais bon, qui a dit que les séries à succès étaient toujours les plus réalistes ? 😉

Il faudrait déjà, avant toute chose, que le pape fume. Or, ce n’est pas le cas du cas actuel, François, à qui il manque un poumon. C’est d’ailleurs pas très sympa d’avoir représenté un jeune pape qui fume alors que le nôtre est déjà assez âgé et ne peut plus cloper !

Ensuite, il faudrait aussi que le pape joue au billard. Or cela n’est pas confirmé par la Secrétarie d’Etat. Il n’y en a d’ailleurs pas au Vatican, du moins à notre connaissance, car les caves vaticanesques renferment sans aucun doute de nombreux secrets cachés au commun des mortels que nous sommes…

C’est un peu comme le fait que le pape sache ou non jongler : ce n’est pas impossible, bien sûr, mais qui connaît la vérité ? Le plus simple serait de lui demander au cours d’une audience papale ou lors de sa catéchèse place Saint Pierre, lorsqu’il s’aventure dans la foule…

Enfin, il faudrait encore que le pape soit très mal élevé pour fumer au-dessus d’un billard : ça coûte une blinde de refaire le tapis si une cendre encore allumée le perce !

En revanche, ce qui est absolument certain, c’est que l’Eglise catholique n’a rien d’une maffia dont le pape serait le chef, pas plus que l’Eglise n’est une ONG à laquelle on cotise (dixit François), ni encore moins une secte qui a réussi.

Non, vraiment, la seule fumée que le pape connaisse bien, c’est la blanche qui l’a vu élire.

Pour aller plus loin :

Souverains poncifs

The_Young_Pope-PieXIIIAlors que The Young Pope débarque sur HBO Canada, nous publions enfin l’avis de l’hebdomadaire catholique Famille chrétienne.  Retour sur The Young Pope, la série choc qui brosse une représentation captieuse, fallacieuse de l’Église.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Canal+ ne s’est pas empressé de nous communiquer les épisodes (envoyés au compte—gouttes alors que la diffusion touche à sa fin) de sa série culte. Les premiers seront les derniers. Famille chrétienne livre donc in extremis ses impressions sur une production qui lui était a priori toute destinée. La chaîne cryptée a eu du pif : cette saga satirique sur l’Église catholique écope d’un triangle, la peine maximale dans notre échelle de cotation, que ni les rares idées conformes à l’enseignement de l’Église, ni la qualité de la réalisation, ni la somptuosité des décors ou le prestigieux casting loués par les critiques ne parviennent à contrebalancer.

Bienvenue au royaume de la caricature et de la provoc. Le Vatican ? C’est Dallas. Un univers impitoyable où fourmillent des cardinaux arrivistes, intrigants, aux mœurs peu reluisantes, et mal intentionnés à l’égard du jeune cardinal américain qu’ils viennent d’élire, certains de pouvoir le manipuler. Bien mal leur en prend. Car Pie XIII (Jude Law) a du caractère. Autoritaire, méprisant, un brin sadique et vaniteux, le « Saint-Père » tourne en rond clope au bec dans ses appartements, ruminant ses mauvais coups plus que ses futures encycliques.

Lire aussi : le pape joue-t-il au billard en fumant sa clope ?

Il prie peu ou de façon outrancière, répète à l’envi qu’il ne croit pas en Dieu, promet la pourpre cardinalice à qui violera le secret de la confession. Certes. le Vatican n’est pas un club de chérubins, mais enfin…
Au fil des épisodes, toutefois, son regard démoniaque s’adoucit, les scènes trash se raréfient. Tiare vissée sur la tête, « Sa Sainteté » n’hésite pas à fustiger l’individualisme de ses ouailles et à condamner l’avortement. Oui, car c’est le portrait d’un pape réac, soucieux de renouer avec les traditions de l’Église préconciliaire que le réalisateur Sorrentino dit avoir dressé.

Lire encore : le pape sort-il souvent d’une piscine tout habillé ?

Un pape incarnant « le germe d’un fondamentalisme catholique que nous excluons a priori, tout comme, il y a cinquante ans, nous aurions exclu le risque d’un fondamentalisme islamique ». Pas moins. Sorrentino, lanceur d’alerte, le Snowden de la catholicité. C’était donc ça ? Alors, disons que l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Élisabeth Caillemer

Pour aller plus loin :

L’Eglise est-elle une secte qui a réussi ?

Pour certains, l’assimilation de l’Église à une secte est une erreur grossière ; pour d’autres, au contraire, l’équivalence s’impose. Dans la première saison de The Young Pope / The New Pope, vu les comportements du pape Pie XIII, on se le demande sérieusement, notamment pour les interférences entre ses confessions et son gouvernement de l’Eglise… Alors, l’Église serait-elle une secte qui a réussi ? La réponse du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules – qui a voté au précédent conclave, mais pas pour Pie XIII – extraite du livre 100 questions sur l’Eglise dirigé par Emmanuel Pisani.  

Emmanuel Pisani : L’Eglise propose-t-elle une définition du mot secte ?

Cardinal Philippe Barbarin : C’est un mot piégé car il a une connotation extrêmement négative. Si on l’identifie à des critères objectifs comme la capacité à pouvoir disposer de son temps, de son corps ou de son argent, alors on risque fort de conclure que les religieux qui font vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance sont manifestement entrés dans une secte.
À mes yeux, ces critères sociologiques ne sont donc pas suffisants. Ils ne sont pas assez affinés car ils ne tiennent pas compte des motivations spirituelles qui déterminent le choix des jeunes dans l’accomplissement de leur vocation.
En s’appuyant sur des critères uniquement sociologiques, on méconnaît la puissance de la charité, d’un amour de feu capable d’aller jusqu’à la folie. Lorsqu’un homme dit à sa femme : « Tout ce que je suis est à toi; mon corps est à toi, mon argent est à toi. Tout mon amour, tout mon cœur, je te les donne, nous faisons une seule chair, parce que Dieu nous a unis », peut-on en conclure que leur mariage est vécu comme une aliénation ? Si ce mariage est vécu dans la ligne de ce qu’enseigne l’Évangile, comme une offrande d’amour et un acte de Dieu en eux, il n’est pas question d’« aliénation » mais de don de soi à l’autre.
Il faut bien voir que c’est la même logique d’amour et de don de soi qui est à l’œuvre lorsqu’une jeune femme ou un jeune homme désire consacrer leur vie à Dieu.

E.P. : Du point de vue étymologique, le mot secte vient du latin secare qui signifie « couper ». En ce sens, il est vrai que le christianisme « s’est coupé » du judaïsme. N’est-il pas alors une secte juive ?

P.B. : À l’époque de Jésus, certains juifs ont reconnu en lui le Messie qui devait venir. D’autres ont vu en lui un imposteur. Il s’en est suivi une cassure et la naissance d’un groupuscule que l’on a nommé les Nazoréens (cf. La Bible, Actes des Apôtres, 24, 5 et 14). Toute la question est de savoir pourquoi ce groupuscule a réussi. Or il a réussi parce que ses membres avaient un dynamisme, un panache ou plutôt un charisme extraordinaire. Saint Paul, malgré sa fragilité, avait une énergie et une foi à déplacer les montagnes. Relisons l’argumentation de Garnaliel dans le livre des Actes des Apôtres. Le contexte historique est celui de la condamnation des disciples de Jésus, mais Garnaliel avertit les membres du Sanhédrin (Assemblée législative traditionnelle d’Israël et son tribunal suprême, ndlr.) :

« Hommes d’Israël, faites bien attention à la décision que vous allez prendre à l’égard de ces hommes. Il y a quelque temps, on a vu surgir Theudas. Il prétendait être quelqu’un et quatre cents hommes environ s’étaient ralliés à lui. Il a été tué et tous ses partisans ont été mis en déroute et réduits à rien. Après lui, (…) on a vu surgir Judas le Galiléen qui a entraîné derrière lui une foule de gens. Il a péri, lui aussi, et tous ses partisans ont été dispersés. Eh bien, dans la circonstance présente, je vous le dis, ne vous occupez plus de ces gens-là, laissez-les. Car si leur intention ou leur action vient des hommes, elle tombera » (Actes 5, 35-38).

Au fond, maintenant que Jésus est mort, il va de soi que l’action de ses disciples va perdre en intensité, elle va s’essoufler d’elle—même. Et Gamaliel énonce l’argument décisif à ses yeux :

« Si leur action vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu » (verset 39).

Quand on se demande si l’Église est une secte qui a réussi, il faut s’interroger sur ce verbe réussir : dans la bouche de Gamaliel, qui n’est pas très courageux mais cependant inspiré par la foi, « une secte qui a réussi », c’est un groupe qui a commencé comme ceux de Theudas ou de Judas le Galiléen, mais qui a fini par durer, franchir les obstacles. Il y a dans cette réussite une expression de la volonté de Dieu.

Pour Gamaliel, les événements parlent deux-mêmes, ils disent a posteriori que l’Église n’est pas une secte. Puisque l’annonce de Jésus comme Messie, Maître et Sauveur s’est répandue dans le monde entier, il est une conséquence qui s’impose à nous : cette communauté est voulue par Dieu.

Le cardinal Voiello (Silvio Orlando) dans The Young Pope
Le cardinal Voiello (Silvio Orlando) dans The Young Pope / The New Pope : l’homme cet homme fait-il partie de la mafia-secte vaticanesque ?

E.P.: Lorsque l’on parle de secte, on imagine non loin un gourou qui exerce un pouvoir psychologique fort et qui manipule les adeptes du groupe. Vous nous parliez du panache de Saint Paul. Le panache de Jésus qui attire à sa suite les douze apôtres n’est-il pas une forme de magnétisme qui peut rappeler celui des gourous ?

P.B.: Il est sûr que Jésus avait un impact psychologique sur ceux qui le côtoyaient. Il était fascinant, il attirait à lui les foules et les interpellait :

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau » (Evangile de Matthieu, 11, 28)

L’aura et le rayonnement de Jésus sont indéniables même s’ils ne suffisent pas à rendre compte de son oeuvre. Aujourd’hui, si l’on assistait à une scène comme celle de l’Evangile de Jean 7, 37: « Au jour solennel où se terminait la fête, Jésus, debout, s’écria : “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi!” », on l’accuserait de manipuler les foules.

Et pourtant, ce serait un peu rapide ! Bien d’autres hommes ont un charisme extraordinaire, par exemple des hommes politiques ou des artistes, sans être pour autant considérés comme des gourous. Rappelez—vous : quand vous étiez élève ou étudiant, vous avez été fasciné par certains professeurs qui vous ont réconcilié avec leur discipline ou peut-être même vous ont passionné pour elle. Je crois que le charisme qui apporte la lumière à une intelligence et la joie à un cœur n’a rien de mauvais. Toute la question est de savoir si l’on fait bon usage de ce charisme. Est-on en train d’assujettir une personne, de mettre la main sur elle pour se l’approprier ? Ou au contraire, l’aide-t-on à trouver le chemin de sa liberté, à se mettre dans la main de Dieu pour déployer toutes ses richesses ? Regardez saint Bernard entraînant ses amis et plusieurs membres de sa propre famille dans la générosité de sa vocation: son but était de les mettre tous dans la main de Dieu. La grande difficulté pour les chrétiens, lorsqu’ils veulent dialoguer avec la société civile, c’est que celle-ci pratique une analyse des fonctionnements sociaux ou psychologiques en faisant abstraction de toute dimension spirituelle.

E.P.: Certes, mais cet argument pourrait aussi être tenu par Gilbert Bourdin, le fondateur de la secte du Mandaron, ou encore Claude Vaurillon, le fondateur du mouvement des Raëliens!

P.B.: On doit mentionner ici le rôle de l’Église. Les fondateurs ne sont pas seuls, sans régulation. Il y a les évêques, et le pape, successeur de Pierre (— même si, bon, dans The Young Pope, on ne confierait pas à Pie XIII un tel discernement… -ndlr). Ainsi, lorsque saint François, que nous qualifierions aujourd’hui de charismatique, entraîne de jeunes frères derrière lui, obéissant à l’Église, il va rencontrer le pape Innocent III et se soumet à son jugement. Cela signifie que l’Église exerce un discernement. Par exemple, une « boule de feu » comme sainte Thérèse d’Avila devra attendre près de vingt ans avant de pouvoir réformer le Carmel, parce que tout le monde était contre elle. Convaincue qu’elle avait reçu un appel de Dieu, elle a dû en retarder la réalisation et faire preuve de patience. Il est clair qu’elle a exercé l’influence de ce que l’on appellerait aujourd’hui un gourou, mais elle est toujours restée dans l’obéissance à une norme qui était au-dessus d’elle. Tel n’est pas le cas, par exemple, du Mandaron, ni de Raël, ni de Moon, qui sont, pour eux—mêmes, la norme suprême.

  • Pour aller plus loin : se procurer le livre 100 questions sur l’Eglise, via Amazon

Humour et dérision, quelle différence ?

Le pape Pie XIII, dans The Young Pope, reçoit un kangourou en cadeau. Il le libère dans les jardins du Vatican… humour, ou dérision ?

Dans la série The Young Pope, on a souvent bien du mal à distinguer ce qui est drôle de ce qui est de la dérision à l’encontre de l’Eglise, du pape et des catholiques. C’est particulièrement le cas pour l’attitude « machiavélique, vitupérante, cassante, autoritaire, caractérielle » de Pie XIII, pour reprendre les mots du magazine Pèlerin. Alors, peut-on rire de tout ? Quelle est la différence entre humour et dérision ? La réponse du Père Guy Lescanne, théologien et sociologue, librement tirée et adaptée de son livre Petit vocabulaire de Dieu paru aux Editions Salvator.

Peut-on rire de tout ?

Pour ne pas trop vite répondre en me laissant enfermer dans l’air du temps, je formule une première hypothèse : n’y aurait-il pas aujourd’hui trop de dérision… et pas assez d’humour ?

Je ne joue pas sur les mots, surtout quand je pressens qu’il est un mot qui a un bon goût de Dieu, et un autre qui a le mauvais goût du Malin. Il me semble, en effet, que nous soufrons aujourd’hui d’une trop grande confusion entre humour et dérision. Une telle confusion peut être grave. Quand tout peut, d’une manière ou d’une autre, être objet de dérision, il est bien difficile de vivre ensemble.

Qu’il est difficile, pour ne citer que deux exemples, d’oser nouer des relations simples et vraies ou encore de s’exposer dans une prise de responsabilités, quand de telles attitudes font trop systématiquement l’objet de railleries… On peut le vérifier bien souvent, trop souvent, dans notre société médiatique. Mais ce peut être vrai aussi dans l’Église du Christ.

Humour et dérision, deux faux frères

Beaucoup de jeunes, entre autres, sont très vulnérabilisés dans leur capacité à prendre des responsabilités, par cette confusion entretenue entre ces deux « faux frères » que sont l’humour et la dérision, confusion qui menace de freiner, voire de paralyser, bien des engagements. Quel jeune va pouvoir aujourd’hui envisager sereinement de s’engager dans le domaine politique – par exemple – quand la moquerie, dans les médias et ailleurs, vient jeter la suspicion sur toutes celles et ceux qui prennent de telles responsabilités ? (— Y compris au Vatican, ndlr.)

On pourrait poser la même question, pour les vocations, sur les conséquences d’une trop fréquente dérision médiatisée sur l’Eglise en général, et sur les religieuses, les religieux et les prêtres en particulier. Ici comme ailleurs l’humour pourrait faire le plus grand bien, alors que la dérision fait le plus grand mal.

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Le t-shirt de soeur Mary, bras droit du pape, porte l’inscription “je suis vierge mais c’est un vieux t-shirt”. Humour… ou dérision ?

Des points de repère

Je me permets alors de proposer tout d’abord quelques points de repère pour mieux faire la distinction entre l’humour et la dérision et — pourquoi pas ? — mieux réagir.

L’humour instaure ou favorise une prise de distance critique. L’humour est critique, non au sens de dénigrement, mais de discernement. Il invite à voir plus grand et plus loin. Il réussit à marier bienveillance et lucidité. Dans un sens, il est profondément juste, car, avec le sourire, il met chacun à sa place.

C’est ainsi qu’il vise au moins autant celui qui le manie (l’auteur d’un propos plein d’humour), que celui qui le reçoit (son destinataire), et que celui qui en est l’objet (sa cible). L’humour appelle le plus souvent à une saine humilité. En ce sens, les meilleures blagues sont souvent celles où l’on est en capacité de rire de soi-même !

Finalement, nous venons tous de l’humus, tel Adam le terreux. Aujourd’hui comme hier, je suis convaincu, en effet, qu’en nous rappelant que nous sommes humains, l’humour contribue à nous humaniser. Nous manquons vraiment trop souvent d’humour ! Bienheureux ceux qui savent rire d’eux—mêmes, ils n’ont pas fini de s’amuser ! L’humour est plaisant, et il lui arrive même d’être profondément humanisant.

Quitte à me voir reprocher de ne pas être assez « large », de manquer d’ouverture et d’avoir bien des œillères, je poursuis en affirmant que la dérision n’est sûrement pas à mettre à la même enseigne. C’est même l’inverse. En effet, la dérision cherche d’abord l’humiliation de celui, de celle ou de ceux qu’elle vise. La dérision abaisse sa victime. Elle traîne sa proie « plus bas que terre », en lui faisant « mordre la poussière ». La dérision est déplaisante. Et il lui arrive même d’être profondément déshumanisante. Si l’humour permet de prendre de la distance, ne serait-ce qu’en nous permettant de ne pas nous prendre trop au sérieux, la dérision produit l’effet contraire. Elle colle à la peau de celui qu’elle prend comme souffre-douleur.

Je soutiens que la dérision interdit toute prise de distance en enfermant les personnes dans l’ironie. Elle est vite complice du mépris. Elle est souvent cynique. Pensons, par exemple, à certains propos blessants que l’on peut tenir sur des groupes de personnes d’une autre culture ou d’une autre religion… ou même d’une autre « sensibilité religieuse » au sein d’une même Eglise, alors même que les personnes incriminées ne sont pas là pour se défendre, ou pas assez « en force » pour réagir devant un auditoire habilement monté contre elles. (— Nous pensons ici à la puissance médiatique des séries TV face aux petites minorités créatives que nous sommes : c’est un peu David contre Goliath, ndlr.)

Je pense, entre autres ici, aux mauvaises blagues explicitement, ou pire, insidieusement racistes contre les juifs, les musulmans (— on pense aux caricatures sur Mahomet, ndlr) ou bien d’autres.

Il me semble qu’il est un peu facile alors de ne faire porter le chapeau qu’aux médias. Nous avons tous notre part de responsabilité dans une telle confusion entre l’humour et la dérision. (— Annonçons-nous assez l’amour du Christ par ces mêmes médias et Internet ? -ndlr.)

Attention, la Parole de Dieu entre dans le débat !

Je prolonge en vous proposant quelques références bibliques, non d’abord pour étayer mes analyses, mais surtout pour mieux nous laisser « interpeller » par la parole de Dieu (— cette belle lettre d’amour de notre Père céleste, ndlr), pour lui donner d’entrer dans le débat. Comment discerner « évangéliquement » que l’on est bien en train de faire de l’humour et que l’on n’est pas sur la pente de la dérision ?

Il y a tout d’abord cette lame de fond de la Révélation attestée dans les deux Testaments: ce qui vient de Dieu élève et libère l’homme, alors que ce qui vient du Mauvais rabaisse et enferme.

Si l’on peut, dès lors, vérifier que des propos humoristiques contribuent â faire grandir, d’une manière ou d’une autre, ceux qui en sont les auteurs comme ceux qui en sont les objets, il ne m’étonnerait pas qu’ils puissent être comptés au nombre des mots inspirés par Dieu. En revanche, si l’on peut constater que des propos dérisoires abîment l’homme, ils sont alors des maux â mettre sur le compte du Mauvais.

Il me semble aussi que l’enseignement de Jésus sur la reconnaissance des arbres à leurs fruits nous met sur une très bonne piste.

« Il n’y a pas de bon arbre qui produise un fruit malade et pas davantage d ’arbre malade qui produise un bon fruit. Chaque arbre, en effet, se reconnaît au fruit qui lui est propre (…). L’homme bon, du bon trésor de son cœur, tire le bien et l’homme mauvais, de son mauvais trésor, tire le mal ; car ce que dit la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. » (La Bible, Evangile de Luc, 6, 43-45).

Invité à plus de lucidité sur les « fruits » de ce que « dit ma bouche », j’accueille alors comme un complément à l’enseignement du Christ ce que Paul nous révèle sur « les fruits de l’Esprit » :

« Voici les fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi. » (La Bible, Lettres aux Galates, 5, 22-23)

Et nous voilà alors mieux armés pour prendre personnellement et ensemble (oui, avec vous, internautes de passage ! – nldr) le chemin de conversion dont notre monde a tant besoin.

Pour « avoir de l’esprit », laissons l’Esprit nous habiter !

Celui qui aspire à devenir le disciple du Christ a, en effet, dans l’enseignement de Paul, je crois, des critères aussi simples que forts pour faire un bon discernement, pour éviter de confondre humour et dérision, pour avoir de l’esprit sans faire du mauvais esprit. Afin de ne pas être trop long (!), j’ai regroupé les fruits cités dans l’épître aux Galates deux par deux pour relire tout simplement nos manières de plaisanter :

1er groupe de fruits : la bonté et la bienveillance

Si je peux vériier que mes blagues – ceci dit sans mièvrerie – respirent la gentillesse, si je peux vérifier qu’elles permettent de mieux apprécier et faire apprécier ceux qui en sont l’objet, si nous pouvons vérifier que nos rires nous donnent d’exprimer un peu de la bonté qui nous habite, cela risque fort d’être de l’humour, à saveur évangélique.

Certes, Dieu seul est bon, mais ne sommes-nous pas créés à son image comme à sa ressemblance ? En revanche, quand nos blagues et nos rires séparent, déprécient, et parfois même excluent certains, à commencer par les plus petits et les plus fragiles, on est, me semble-t-il, sur la pente d’une dérision malveillante, et donc fort peu évangélique (— même pour une série TV, ndlr).

2eme groupe de fruits : la maîtrise de soi et la patience

Si je peux vérifier que mes blagues contribuent, même modestement, à dépasser un énervement maladroit, si l’on peut vérifier que nos rires nous appellent à une humble patience pour les autres comme pour nous-mêmes, cela risque fort d’être de l’humour, à saveur évangélique. En revanche, quand nos blagues et nos rires réveillent des instincts dont nous ne savons pas garder la maîtrise (je pense à la sexualité, mais aussi à la violence ou à la rancune) ou attisent des impatiences vis-à-vis de nous-mêmes ou vis-à-vis d’autres, à commencer par les plus petits et les plus fragiles, on est, me semble-t-il, sur la pente d’une dérision là aussi fort peu évangélique (— bon, inutile ici de se demander si The Young Pope flatte nos bons ou mauvais instincts !… -ndlr).

3eme groupe de fruits : la foi et la joie

Si je peux vérifier que mes blagues sont au service de la vérité, et d’une vérité qui humanise sans écraser parce qu’elle donne d’être paisiblement heureux d’y voir plus clair (— le ciel s’assombrit un peu pour l’Eglise avec The Young Pope, non ?), si nous pouvons vérifier que le rire déclenché ou le sourire suscité rend chacun simplement heureux, ne serait—ce que parce qu’ils aident à ne pas « se prendre la tête », ou se prendre trop au sérieux, cela risque fort d’être de l’humour, à saveur évangélique. En revanche, quand nos blagues et nos rires nous mettent au service du mensonge, quand ils contribuent, même « à petite dose », à déshumaniser en donnant de l’eau au moulin de ceux qui pensent qu’on ne peut plus croire en rien ni faire confiance à personne (et surtout pas au pape ou à l’Eglise, ndlr), on est, me semble-t-il, sur le terrain d’une triste dérision… là encore fort peu évangélique.

4° groupe de fruits : la paix et la douceur

Si je peux vérifier que mes blagues nous mettent, moi et mes auditeurs, bien simplement dans la paix, une vraie paix qui unifie nos vies en douceur, cela risque fort d’être de l’humour, â saveur évangélique. L’humour est plein de douceur, même quand il est rude, au sens où il laisse un bon goût dans la bouche. En revanche, quand nos blagues et nos rires jettent le trouble dans nos cœurs comme dans nos intelligences, en nous endurcissant illusoirement, on est, me semble-t-il, sur le terrain d’une dérision fort peu évangélique. Et on a bien raison de dire qu’il est des blagues qui sont de mauvais goût ! (— Et ce n’est malheureusement pas ce qui manque dans The Young Pope… ndlr.)

Humour rime avec amour!

Mais, au final, c’est même peut-être plus simple encore. Ne compliquons pas les choses. Le fruit, le premier fruit de l’Esprit, c’est l’amour ! Puissions-nous alors être pleins d’esprit ! (d’Esprit ?)

« Et par-dessus tout, revêtez l’amour. C’est le lien parfait. » (La Bible, 1ère lettre de Saint Paul apôtre aux Colossiens, 3, 14)

Mon humour contribue—t-il, même bien petitement, à bâtir un monde où l’amour ne cesse d’être mis à la première place ? Alors, non, on ne peut pas rire de tout ! Et sûrement pas de ce qui rend l’amour dérisoire.

Qui était réellement Pie XII ?

Pie XII
Pie XII
Pie XII écrit un de ses messages radios de Noël à la machine à écrire. Aucune similitude avec le Pie XIII de The Young Pope, si ce n’est l’habit…

Dans The Young Pope, on parle peu de Pie XII, si ce n’est pour affirmer qu’il était conservateur. Mais qui était réellement ce pape ? La réponse d’Ivan Gobry, auteur du Dictionnaire des papes, paru en 2013 aux éditions Pygmalion.

PIE XII – Eugenio Pacelli (Rome, 1876 – Castelgandolfo, 1958)
260e pape (1939-1958) – successeur de Pie XI.

Né à Rome le 2 mars 1876, il est le fils de Filippo Pacelli, doyen des avocats du Consistoire pontifical. Il entre en 1894, après ses études secondaires, au collège romain Capranica, comme clerc externe, puis à l’Athénée pontifical Saint-Appolinaire,  pour ses études de théologie. Ordonné prêtre le 2 avril 1889 par Mgr Cassetta, patriarche d’Antioche, il est reçu au doctorat in utroque jure (droit canon et droit civil) et au doctorat de théologie. En 1902, il est nommé professeur de droit canon à l’Apollinaire. Le cardinal Varnnutelli lui ouvre en 1905 les portes de la Secrétairerie d’État, où il franchit les degrés de l’administration. Ensuite, la promotion est rapide : en 1912, Pacelli est pro-secrétaire d’Etat, en 1914 secrétaire d’État de Pie X. Il a trente-huit ans. Il demeure dans ce poste durant le pontificat de Benoît XV. En 1917, Pacelli est nommé nonce apostolique à Munich et archevêque titulaire de Sardes. Il négocie alors plusieurs concordats : avec la Lettonie (1922), la Bavière (1924), la Pologne (1925), la Roumanie (1927), la Prusse (1929). Nommé en 1929 comme cardinal secrétaire d’État par Pie XI, il signe en 1933 un concordat avec Hitler, devenu chancelier de la République de Weimar. Ce gouvernement ne respectant pas l’accord souscrit, Pacelli lui adresse cinquante-cinq notes de protestation.

En 1938, à la suite de l’Anschluss, il réclame au cardinal Innitzer, archevêque de Vienne, de rédiger une déclaration contre l’invasion de l’Autriche par l’Allemagne. Pie XI étant mort le 10 février 1939, le conclave se réunit le 1er mars. Pacelli est élu dès le lendemain et prend le nom de Pie XII.

Un pape… bavard ! (40 encycliques)

Il choisir pour secrétaire d’Etat le cardinal Maglione. L’Europe venait de s’engager dans la Seconde Guerre mondiale. Le pape la dénonça dans sa première  encyclique, Summi puntificatusles merveilleux desseins du Seigneur » – 20 octobre 1939), condamna l’agression de l’armée soviétique contre la Finlande (26 décembre 1939), dénonça par Radio Vatican les atrocités commises par les armées allemandes en Pologne. Le 11 mars 1940, Pie XII protesta auprès de Ribbentrop contre le traitement des juifs en Allemagne, le 25 décembre 1941, à 1a radio, contre les persécutions raciales, le 2 juin 1943, contre les « mesures d’extermination », le 26 juin 1943, contre « la distinction entre les juifs et les autres hommes ».

Après la guerre, ce fut le communisme que le pape dut affronter. En 1948, le cardinal Mindszenty, primat de Hongrie et Mgr Stepinac, archevêque de Zagreb, furent Juges et emprisonnés par des États communistes. Le 1er juillet 1949, les persécuteurs
furent excommuniés.
Pie XII a proclamé le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie (constitution apostolique Munificentissemus Deus – « Dieu bienfaisant », 1er novembre 1950). Il a canonisé Gemma Galgani (1940), Louis-Marie Grignion de Montfort (1947), Catherine Laboure (1947), Jeanne de France (1950), Maria Goretti (1950), Pie X (1954).

Un précurseur

Il armonça la découverte, après de savants travaux archéologiques, de la tombe de saint Pierre, sous l’autel majeur de la basilique Saint Pierre (23 décembre 1950).

Il publia les encycliques Mediator DeiDieu médiateur », 20 novembre 1947) sur la liturgie, et Mirando prorsusLes merveilleux progrès techniques »  – 8 septembre 1957) sur les moyens de communication.
Pie XII mourut le 9 octobre 1958 à Castelgandolfo, résidence d’été des papes, après un pontificat de dix-neuf ans et sept mois. Il fut inhumé dans les grottes vaticanes, près de la chapelle ad caputaux pieds »), qui touche à la tombe de saint Pierre. Sa cause de béatification est à l’étude. Son successeur fut Jean XXIII.

Le Vatican est-il riche ?

L'exubérance de Pie XIII tranche avec la simplicité du pape actuel..

L’exubérance de Pie XIII (Jude Law), dans The Young Pope / The New Pope, tranche avec la simplicité du pape actuel, qui reçoit des SDF au Vatican…

Parlons gros sous : le Vatican est-il riche ? Pas tant que ça, détrompez-vous : voici un détail de son budget, dépenses et recettes, d’après Théo, l’encyclopédie catholique pour tous (édition 2009).

Les budgets du Vatican

L’organisation interne du Vatican se subdivise en deux types de services : ceux qui assurent le fonctionnement interne de la Cité du Vatican et ceux qui contribuent au gouvernement de l’Église universelle. L’organisation financière se fait en deux budgets distincts, auxquels il faut ajouter le budget des missions qui est totalement indépendant.

Le budget du Saint-Siège

Ses dépenses ont trait à tout ce qui concerne le gouvernement de l’Eglise universelle. Elles comportent en premier lieu, les traitements et retraites du personnel concerné (en 2007, 2748 personnes, depuis les secrétaires jusqu’aux cardinaux de la Curie ; soit 778 ecclésiastiques, 333 religieux, 1637 laïcs – dont 425 femmes – auxquels il faut ajouter 929 retraités).

Les dépenses comportent, en second lieu, les frais de fonctionnement et de déplacement (on compte de nombreuses rencontres internationales chaque année). En 2007, le montant total de dépenses était de 245,8 millions d’euros, contre un montant total de recette de 236,7 millions d’euros, soit un déficit de 9 millions d’euros (après trois années de gains des exercices antérieurs).

L’activité institutionnelle du Saint-Siège, secrétairerie d’État, congrégations, conseils, tribunaux, synodes et autres organismes, ne produit aucun bénéfice.

Le budget du Saint-Siège comprend également les frais des nonciatures apostoliques et des représentations pontificales sur les cinq continents auprès des organisations internationales, qui sont au nombre de 178.

Lorsque Jean-Paul ll est devenu pape, il n’y avait que 77 représentations diplomatiques du Saint-Siège. Cette augmentation est liée notamment au développement des relations entre les États, aux voyages du Saint-Père et aux nouveaux pays d’Europe de l’Est. Ce développement pèse sur le budget du Saint-Siège.

Certaines institutions rattachées au Saint-Siège présentent un déficit structurel : Radio Vatican (367 salariés) et le journal officiel du Vatican, L’Osservatore Romano (117 salariés) qui n’ont aucun soutien publicitaire (et pour cause).

En revanche, la Typographie, la LEV (maison d’édition vaticane — 114 salariés) et le CTV (centre de télévision vaticane — 20 salariés) sont bénéficiaires.

La contribution des diocèses en 2007 s’est élevée à 18,7 millions d’euros. Les plus gros contributeurs étant : l’Allemagne (31,5 %), les États-Unis (28,3 %), l’Italie (18,9 %) et l’Autriche (3,7 %).

Le denier de Saint-Pierre (contribution des fidèles) a permis de recueillir près de 50,8 millions d’euros en 2007 (contre 74,6 millions d’euros en 2006). Les pays les plus contributeurs sont : les Etats-Unis (28,3 %), l’Italie (13%), l’Allemagne 6,1%), I’Espagne (4,1 %) et la France (3,7 %).

Habituellement, le saint-père destine le Denier à des interventions caritatives en faveur des populations de divers pays du monde frappes par des catastrophes, au soutien de nombreuses initiatives des communautés ecclésiales du tiers-monde et à aux Églises locales les plus pauvres.

Le Gouvernorat de la cité du Vatican

Le bilan économique de la Cité du Vatican, qui comprend ses musées et ses services propres comme toute ville (de la pharmacie au supermarché), est indépendant de celui du Saint-Siège. Le Gouvernorat a en charge l’entretien et la restauration des bâtiments et musées situés dans l’enceinte du Vatican, le financement de la Garde suisse, de la Gendarmerie pontificale, ainsi que les traitements et retraites du personnel de ses services propres (900 retraités et environ 1 700 salariés :
ouvriers, pompiers, gardes, employés de la poste vaticane, gardiens, etc.).

L’accès au magasin hors taxes est réservé au personnel et l’organisation médicale gratuite, avec un très faible ticket modérateur, améliorent le niveau de vie.  L’Association des employés laïcs du Vatican (ADLV) joue le rôle de syndicat.

Les recettes du Gouvernorat de la Cité du Vatican proviennent principalement des ventes de timbres, de monnaies de collection et des entrées des musées. En 2007, ce budget est positif de 6,7 millions d’euros, contre 21,8 millions d’euros pour l’exercice 2006. Le Gouvernorat couvre aussi la moitié du déficit de Radio-Vatican (12,2 millions d’euros en 2007).

Le Gouvernorat fait appel au mécénat pour de grosses dépenses, comme la restauration de la chapelle Sixtine, qui a été financée par une chaîne de télévision japonaise.

Pour aller plus loin :

Jésus fait-il de la politique ?

L'élection du présomptueux pape Pie XIII, dans la série The Young Pope : à l'inverse de celle du pape François.
L’élection du présomptueux pape Pie XIII, dans la série The Young Pope / The New Pope : à l’inverse de celle du pape François, qui, lui, s’était incliné et avait demandé la bénédiction du peuple de Dieu.

Dans The Young Pope / The New Pope, le vicaire du Christ, Pie XIII, fait de la politique de bas étage. Mais au fait, Jésus, lui, fait-il de la politique ? La réponse du Père Henri-Dominique Lacordaire, dominicain, un des précurseurs du catholicisme moderne, dans son fabuleux livre Qui est Jésus-Christ ?qui nous fait entrer dans l’intimité de Jésus.

Jésus-Christ voulait être reconnu comme Dieu, aimé comme Dieu, servi comme Dieu, adoré comme Dieu : il semble que la volonté dût quelquefois fléchir sous un si lourd fardeau, et que du moins Jésus-Christ devait recourir à tous les moyens humains capables d’assurer le succès d’une aussi gigantesque ambition (et y compris la politique, ndlr). Il n’en est rien, Jésus-Christ a méprisé tous les moyens humains, ou plutôt il s’en est abstenu.

La politique compte au premier rang de ces moyens. Elle est l’art de saisir dans un moment donné la tendance des esprits, d’assembler des opinions et des intérêts qui recherchent satisfaction, de pressentir ce que veut un peuple sans qu’il en ait toujours lui-même une conscience exacte, de se poser, à l’aide des circonstances, comme son représentant naturel, et de le pousser un jour sur une pente qui nous emportera
avec lui pour cinquante ans. Telle est la politique, art illustre, dont on peut user pour le bien et pour le mal, et qui est la source des vicissitudes heureuses et malheureuses parmi les nations.

Jésus-Christ était admirablement placé pour se faire l’instrument d’une révolution qui eût servi ses desseins religieux. Le peuple dont il était issu avait perdu, sous le joug des Romains, les restes de son antique nationalité. La haine de Rome y était au comble, et chaque jour les déserts et les montagnes de la Judée voyaient se former des bandes libératrices, sous le commandement de quelque patriote pourvu de hardiesse ou de considérations (voir aussi notre site La Résurrection du Christ).

Ces mouvements étaient secondés par des prophéties célèbres, qui avaient annoncé de longue main au peuple juif un chef et un sauveur. Le rapport de ces idées et de ces intérêts avec le nouveau royaume dont Jésus-Christ annonçait la venue prochaine, était manifeste.

Cependant, loin d’y conniver et de s’en servir, Il les foule aux pieds. On lui demande, pour le sonder, s’il faut payer le tribut à César, il se fait apporter une pièce de monnaie, et s’informant de qui en est l’image et l’inscription, il répond ensuite froidement :

« Rendez donc à César ce qui est à César; et à Dieu ce qui est à Dieu. » (c’est cela, la laïcité, ndlr).

Il va plus loin. Il annonce la ruine temporelle de sa nation. Il parle contre le temple, objet de la vénération
religieuse et patriotique des Juifs, et il prédit ouvertement qu’il n’en restera pas pierre sur pierre, ce qui fut cause qu’on rangea ce grief parmi les accusations portées contre lui devant la souveraine magistrature.

Sa doctrine, très favorable au peuple et aux petits, était de nature à lui concilier une grande popularité, ce qui est un ressort admirable pour les révolutions. Il obtint, en effet, l’ascendant sur le peuple, jusque là qu’on veut l’élire pour roi d’Israël, mais il s’enfuit pour éviter cet honneur, et brise entre ses mains une arme que le vulgaire des grands hommes eût estimée un don et un aveu du Ciel.

Conclusion :  Jésus s’est passé de la politique.

  • Pour aller plus loin : se procurer le livre Qui est Jésus-Christ ? sur Amazon.