Le pape prend-il ses vacances à Venise ?

Dans la série The New Pope, on voit le pape se balader en maillot de bain sur une plage de Venise, entourée de belles jeunes femmes peu habillées qui jouent au volley… Mais le pape prend-il ses vacances à Venise dans sa maison de vacances ?

Bien sûr que non : sans allusion aucune à toute polémique sur le célibat des prêtres, le pape a choisi de donner entièrement sa vie à Dieu, sans retard, sans retour et sans… restriction. Aussi, il n’a pas spécialement envie d’aller se balader en maillot de bain papal – qui ressemble plutôt ici à un vulgaire slip – sur une plage huppée de la Reine de l’Adriatique ou ville des amoureux, allias Venise…

Un pape jamais en vacances

Le pape François, on le sait, n’aime pas les vacances, et s’il doit se reposer, il se limite, contraint et forcé, à annuler quelques rendez-vous. En dehors des déplacements pontificaux, il reste toujours dans son petit appartement de la maison Sainte-Marthe où il a élu domicile depuis son élection, pour ne pas avoir à habiter le palais apostolique officiel, « trop grand et trop fastueux » pour lui.

Vue arérienne de Castel GandolfoD’ailleurs, le pape François a décidé, trois ans à peine après son élection, de ne plus profiter de la résidence d’été des papes, Castel Gandolfo, pour vivre un été plus sobre, renonçant ainsi définitivement à aller s’y reposer comme faisaient tous ses prédécesseurs et mettant fin ainsi à une tradition de plus de 420 ans ! Dès son élection, il avait fait ouvrir aux touristes les magnifiques jardins de ce bel écrin légèrement moins chaud que Rome en été, car situé en hauteur. Il a donc aussi ouvert aux publics les prestigieux appartements, de la même façon qu’il n’habite plus les appartements pontificaux.

Lire aussi : comment déjeune le pape ?

Jardins du pape - Castel GandolfoSi le pape François a patienté un peu avant d’ouvrir au public l’intégralité de ce magnifique espace chargé d’histoire, c’est qu’il voulait laisser le temps au pape émérite Benoît XVI, retiré à Castel Gandolfo depuis sa renonciation au trône de Pierre, de s’installer au petit monastère Mater Ecclesiae, dans les jardins du Vatican, qui avait besoin de gros travaux…

La longue histoire de Castel Gandolfo

Acquis par le Saint-Siège en 1596 en rémission d’une dette des Gandolfo-Savelli sous le Pape Clément VIII, le château était devenu résidence d’été des papes en 1626, sous le pontificat d’Urbain VIII (1623-1644). Les papes Pie XII et Paul VI y moururent en 1958 et 1978. Jean XXIII et Jean Paul II y séjournaient chaque été pour fuir la chaleur romaine (ce dernier appelait malicieusement les lieux « Vatican II »).

Bureau du pape - Castel Gandolfo
Bureau du pape – Castel Gandolfo

Cependant, le pape François ne reste pas reclus au Vatican comme un ermite. A la maison Sainte-Marthe, il déjeune souvent avec le personnel, invite même les pauvres de Rome, reçoit beaucoup. « Je ne peux pas vivre seul entouré d’un tout petit groupe de personnes. J’ai besoin de vivre avec des gens, de rencontrer des gens », a-t-il toujours dit.

 

Un domaine chargé d’histoire qui fait désormais partie des Musées du Vatican

Chambre du pape - Castel Gandolfo
Chambre du pape – Castel Gandolfo

Le domaine de  cinq hectares de nature et d’art  abrite plusieurs villas comme la magnifique villa Barberini ou encore celle de l’empereur Domitien, dernier empereur de la dynastie des Flaviens, avec une vue imprenable sur le lac d’Albano, près de Rome. Accueillant une petite ferme, le téléscope de l’Observatoire du Vatican et doté de l’électricité dès 1934, le domaine abritera à partir de 1943 plus de 3000 juifs fuyant les persécutions. Mais rien à voir avec le Pie XIII de la série The New Pope !

 

 

Pour aller plus loin :

Le pape choisit-il ses voyages comme dans la pub du Loto ?

Contents Comme Lucette et son mari dans le pub du Loto (vidéo ci-dessous), le pape choisit-il ses prochains voyages au hasard sur un globe terrestre ? C’est ce qu’on pourrait croire en regardant la série The New Pope… Qu’en est-il vraiment ?

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En réalité, le pape choisi ses destinations en fonction d’éléments qui lui semblent importants, autour de causes qui lui sont chères. Par exemple, son premier voyage hors du Vatican était le 8 juillet 2013, sur l’île italienne de Lampedusa, au large de la Tunisie : la porte d’entrée en Europe pour de nombreux migrants africains…. Cette visite, décidée peu de temps auparavant en réponse à une recrudescence d’arrivée de migrants – et non au hasard d’un globe lumineux comme dans The Young Pope ! -, se déroule avec un protocole très allégé, sans représentant du gouvernement italien ni représentant de l’épiscopat italien autre que l’évêque du lieu… Elle avait pour objectif d’attirer l’attention du monde sur la situation des migrants et fustiger « la culture du bien-être » qui rend les hommes « insensibles aux cris d’autrui et qui aboutit à une globalisation de l’indifférence ». C’était donc un geste très fort du pape ! 

Premiers voyages du pape

Son premier voyage hors de l’Italie n’était pas non plus dû au hasard. Du 23 au 28 juillet 2013, François se rend à Rio, où se déroulent  les 28èmes journées mondiales de la jeunesse, concept inventé par le pape Jean-Paul II et qui ont d’ailleurs permis de très nombreux voyages de papes à travers le monde ! L’évènement s’est clôturé par une par une messe géante à la Woodstock (-en réalité, beaucoup plus importante et transcendante-!), sur la plage de Copacabana, qui rassemble plus de trois millions de fidèles dans une atmosphère festive ! S’entretenant de façon imprévue avec la presse lors de son retour en avion – cette tradition oriente aussi le choix de la destination -, le pape François n’esquive aucune question, déclarant notamment, au sujet de l’homosexualité, que « si une personne est gay et qu’elle cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? Le catéchisme de l’Église catholique dit très bien qu’on ne doit pas marginaliser les homosexuels. Ils sont nos frères. Le problème n’est pas d’avoir cette tendance, mais de faire du lobbying. »

Et son pays natal ?

En revanche, le pape François ne s’est toujours pas rendu en voyage officiel dans son pays d’origine, tandis que Jean-Paul II et Benoît XVI sont retournés dans leur pays respectifs à peine quelques mois après leur élection… Le 22 mai 2019, le pape François affirmait ainsi aux évêques argentins « J’aimerais venir (…) mais pour le moment je donne la priorité aux lieux dans le monde où des gens sont tués pour des raisons politiques ou religieuses, pour parler de réconciliation et de paix. »

Et en France ?

Ah bah pour la France, ce n’est manifestement pas à l’ordre du jour… Le dernier voyage d’un pape remonte à celui de Benoît XVI, en 2008. Il faut dire que l’actualité est un peu chargée dans notre pays, avec des séries comme The New Pope, ça n’aide pas… 😉

Alors, vous voyez bien qu’un voyage papal, ce n’est pas un petit caprice autour d’une mappemonde ! Dans The Young Pope / The New Pope, on se demande même si ce globe lumineux serait pas utilisé par le pape pour prédire l’avenir… Or bien entendu, l’Eglise ne croit pas à l’efficacité de l’astrologie, qui n’est pas scientifiquement prouvée : nous ne sommes pas prédestinés. Mais c’est une autre histoire…

Pour aller plus loin :

 

Le pape fait-il des slams dans la foule ?

Pie XIII (Jude Law)

Dans The New Pope, on voit le pape Pie XIII faire un magnifique slam dans la foule, tel un festivalier des Vieilles charrues ou du Hellfest. Alors, le pape fait-il des slams dans la foule, hein ?

On est bien loin de la réalité. L’absence de drapeaux bretons rend déjà la scène irréaliste : dans tout festival qui se respecte, il y en a forcément un (bien qu’il n’y ait toujours pas d’explication scientifique à la chose).

Maintenant, est-ce qu’un pape slam dans la foule ? D’après les archives secrètes du Vatican, aucun pape ne l’a encore fait. Il faut dire que la hauteur du balcon des appartements pontificaux, qui donnent place Saint Pierre, rendrait le geste très dangereux, surtout s’il est exécuté par une personne âgée pas assez entraînée (le pape actuel a 83 ans).

Précisons que ces appartements ne sont plus habités par le pape François, qui leur préfère un petit hôtel du Vatican moins somptueux appelé Sainte Marthe. (Lire aussi : comment déjeune le pape ?)

Quand au balcon de la basilique Saint-Pierre, il est lui aussi beaucoup trop haut : environ 30 mètres. Imaginez un peu, ce serait un vrai crash…

Balcon Basilique Saint-Pierre-de-Rome

De plus, le service de sécurité du pape ne serait pas vraiment d’accord : les gardes suisses seraient obligés de slamer dans la foule eux aussi, or slamer avec une hallebarde pourrait blesser quelqu’un du public. (Il y a bien aussi des services de secours comme l’Ordre de Malte présents place Saint-Pierre, mais quand-même.)

Sans compter que l’uniforme de jour des gardes suisses n’est pas le plus adapté pour cette action : s’ils doivent le faire parce qu’un pape un peu loufoque voudrait quand-même tenter un slam, nous leur conseillons l’uniforme d’exercice qui sert aussi au service de nuit :

Pour aller plus loin : tout savoir sur les gardes suisses

Le pape voyage-t-il à genoux ?

Jude Law, un pape (Pie XII) qui prend l'avion...

Dans la série The Young Pope/The New Pope, le pape Pie XIII (rien à voir avec Pie XII) voyage à genoux. Pire : il y aurait une classe en dessous de la classe économique, où il n’y a même pas de siège mais un simple coussin… ou tapis ? Alors, qu’en est-il vraiment ?

Nous nous sommes renseignés auprès de la Secrétairerie d’Etat de la Cité du Vatican, pardon, non, du Saint-Siège (lire aussi : le Vatican et le Saint-Siège, c’est pareil ?), pour tirer tout cela au clair. En effet, c’est une affaire plus que supprenante de voir le pape voyager à genoux, qui plus est en priant ! (Bien sûr, pour les catholiques, il n’est pas interdit de prier quand on voyage… ni de voyager quand on prie, mais quand-même).

Démenti officieux

Après avoir fait sonner les portables, nous avons donc eu la confirmation du contraire : le pape voyage en réalité soit débout, soit assis. Tout simplement. En voici les preuves…

Sur cette image, on voit bien que le pape voyage assis :

Voici une autre image dans laquelle il voyage debout :

Parfois, il lui arrive même d’assister les pilotes (peut-être a-t-il eu son brevet d’aéronautisme quand il était ado ?) :

Autre précision incroyable : le pape a même son bagage en cabine ! Et n’a pas de jet privé, le Vatican n’étant pas aussi riche qu’on le croit parfois… (lire aussi : Le Vatican est-il riche ?).

Alors voilà, non seulement nous avons les preuves, mais en plus, un expert en sécurité aéronautique affirme que lors du décollage, cette position à genoux n’est pas autorisée par les procédures en vigueur dans l’aviation civile, d’autant que le coussin ne possède pas non plus de ceinture de sécurité. Et comme le pape est très respectueux de la législation, il respecte aussi cette règle-là…

“De fait, pour le moment la classe la plus  basse c’est la classe éco, or dans cette classe, chaque passager a bien un siège attitré”, précise ce spécialiste des voyages papaux. Un autre expert, spécialiste des genoux celui-là, affirme que “cette position n’est pas à garder durant la totalité d’un vol Paris-New-York, et ce même si on porte des bas de contention”. Et comme le pape est très respectueux du corps que Dieu lui a donné, il est aussi très respectueux de la médecine…

Un pape, ça voyage toujours beaucoup…

De fait, un pape, ça voyage beaucoup ! Si on prend par exemple Jean-Paul II, il est passé par 130 pays (sur les 191 que compte la planète), il a parcouru plus d’un million de kilomètres et visité près de 900 villes, ce qui n’est pas rien. D’ailleurs, selon les statistiques du Vatican, Jean-Paul II a ainsi effectué un peu plus de trois fois la distance entre la Terre et la Lune, ou encore près de 30 fois le tour de la Terre ! Il aurait même pu voyager en fusée ou en navette spatiale ! Et oui ! Enfin, si l’on compte ses nombreux déplacements en Italie (près de 150), le pape de la nouvelle annonce de la Bonne Nouvelle (*) a été absent presque trois ans du Vatican… loin de la vision véhiculée par la série The Young Pope / The New Pope, où le pape se la coule douce en buvant du Coca Zéro à la cerise ou en jouant au billard

Pour aller plus loin :

 

(*) pour ne pas dire nouvelle évangélisation, qu’on pourrait confondre à tort avec du prosélytisme…

Le pape joue-t-il au billard en fumant sa clope ?

Lenny Belardo dit Pie XIII (Jude Law) dans la Série The Young Pope

Oui, bien sûr, il en fume même 12 par jour, comme les apôtres ! 😉 Bon en fait, il ne faut pas se leurrer, une vie de pape n’est pas vraiment – voire même pas du tout – comme dans The Young Pope / The New Pope, où le Saint-Père fume sa clope tranquillement en jouant au billard avec son Coca à la cerise (véridique !) et décide de tout comme un chef maffieux…

Ceci est une vision déformée de la réalité. Mais bon, qui a dit que les séries à succès étaient toujours les plus réalistes ? 😉

Il faudrait déjà, avant toute chose, que le pape fume. Or, ce n’est pas le cas du cas actuel, François, à qui il manque un poumon. C’est d’ailleurs pas très sympa d’avoir représenté un jeune pape qui fume alors que le nôtre est déjà assez âgé et ne peut plus cloper !

Ensuite, il faudrait aussi que le pape joue au billard. Or cela n’est pas confirmé par la Secrétarie d’Etat. Il n’y en a d’ailleurs pas au Vatican, du moins à notre connaissance, car les caves vaticanesques renferment sans aucun doute de nombreux secrets cachés au commun des mortels que nous sommes…

C’est un peu comme le fait que le pape sache ou non jongler : ce n’est pas impossible, bien sûr, mais qui connaît la vérité ? Le plus simple serait de lui demander au cours d’une audience papale ou lors de sa catéchèse place Saint Pierre, lorsqu’il s’aventure dans la foule…

Enfin, il faudrait encore que le pape soit très mal élevé pour fumer au-dessus d’un billard : ça coûte une blinde de refaire le tapis si une cendre encore allumée le perce !

En revanche, ce qui est absolument certain, c’est que l’Eglise catholique n’a rien d’une maffia dont le pape serait le chef, pas plus que l’Eglise n’est une ONG à laquelle on cotise (dixit François), ni encore moins une secte qui a réussi.

Non, vraiment, la seule fumée que le pape connaisse bien, c’est la blanche qui l’a vu élire.

Pour aller plus loin :

Le pape sait-il jongler ?

Le pape sait-il jongler ?

A priori non – en tout cas à notre connaissance – le pape ne sait pas jongler. Du moins, pas avec des balles ou des oranges, comme on le voit dans The Young Pope / The New Pope.

En revanche, le pape sait très certainement bien jongler avec la Curie romaine, les prélats ou les évêques un peu casse-pieds, voire même les cathos de son entourage un peu trop mollassons face à l’urgence de l’annonce du Christ aux périphéries de l’Eglise… Il est possible aussi qu’il sache jongler comme n’importe quel jongleur, mais il s’en est bien caché : après tout, nombre de saints savaient parfaitement jongler, comme par exemple Saint Jean Bosco, qui était aussi un acrobate hors pair.

Qui était Saint Jean Bosco ?

Saint Jean Bosco
Saint Jean Bosco / “Don Bosco”

Né en Italie en 1815, dans une famille pauvre de paysans, il perd son père alors qu’il n’a que deux ans. Assez cancre à l’école, il passait la plupart de son temps dehors, comme berger, pendant lequel il apprend de nombreuses acrobaties. Finalement, il surmonte son manque d’éducation et devint prêtre. Toute sa vie, il manifestera une profonde compassion pour les jeunes orphelins. Devenu Don Bosco, il rassemble autour de lui un groupe de garçons qu’il héberge, nourrit, habille et éduque. Parfois, ce groupe peut atteindre jusqu’à 500 gamins. En tant que père de substitution, saint Jean Bosco est incroyablement gentil avec ses petits protégés, et généreux de son temps. Il courre avec eux, grimpe aux arbres avec eux et participe à tous leurs jeux. Il leur montre des tours de magie, sa jonglerie et des acrobaties. Il leur apprend même ! Et c’est ainsi qu’il leur apprend aussi à devenir de bons chrétiens, de fidèles témoins de la Bonne Nouvelle de ce Jésus venu sur Terre pour nous sauver de nos égarements, nous racheter et nous donner la vie éternelle !

Quid du pape ?

Si le pape sait jongler, en tout cas, jamais il ne le fait avec un air aussi bête que dans la série The Young Pope / The New Pope !

Pour aller plus loin :

 

Comment déjeune le pape ?

Comment déjeune le pape ? Contrairement à tout ce qu’on peut voir dans la série The Young Pope / The New Pope, le pape fait preuve d’une grande simplicité. Son style de vie est modeste, jusque dans les détails vestimentaires : il a renoncé aux traditionnels souliers rouges, conserve sa croix d’archevêque, a choisi un anneau en argent et non en or…. Il reste lui-même. Même dans le domaine culinaire, la sobriété est de mise….

La discrétion est de rigueur

José Manuel Vidal, journaliste espagnol, a récemment relaté dans Religion Digital son expérience dans la salle à manger du pape. Au lieu d’une grande salle dans les appartements pontificaux, jugés trop luxueux, François se contente du réfectoire de la Maison Sainte-Marthe, une petit hôtel au sein du Vatican. Dans un souci de discrétion, il y occupe une table excentrée, à gauche de la salle. Aucune mise en scène particulière pour le repas pontifical – contrairement là encore à ce qu’on peut voir dans The Young Pope / The New Pope. Seul son habit blanc au milieu des soutanes noires trahit sa présence… D’ailleurs, quand il laisse son manteau blanc au vestiaire, il a l’habitude de dire au garçon: « Pas besoin de me donner le numéro ».

Parfois, il déjeune en tête à tête avec son secrétaire particulier dans une petite pièce à côté du réfectoire. Le reste du temps, François partage le repas des autres convives, dans la salle à manger principale.

Pas de chichis !

Le repas est servi par deux religieuses, habillées de violet, et par plusieurs serveurs.  Au centre de chaque table, une coupe remplie de fruits. A côté, une bouteille d’eau gazeuse et deux bouteilles de vin. Le rouge et le blanc viennent du Piémont, plus précisément de Barbera de Monferrato. Les connaisseurs de vins italiens disent que c’est « un vin de trotteur». Un Espagnol qui vit à Rome depuis des années le compare au Don Simón, ce vin de table populaire en Espagne… Rien de très pontifiant !

Un menu plus frugal que papal

En premier sont servis des macaronis, de préférence en spirales. Normal, ce sont des pâtes et nous sommes à Rome. Ensuite, des biftecks, accompagnés de petits pois et poivrons frits. Passable, pas plus. Celui qui veut peut se lever et se servir une salade de laitue. Pour le dessert, des fruits. Et un bon café: expresso, ou avec du lait. Un menu qui reviendrait à moins de 10 euros… loin du faste de la série The Young Pope / The New Pope !

  • Pour aller plus loin : Se procurer A la Table du Pape François (Editions Bayard), où recettes et anecdotes personnelles du souverain pontife se mélangent.

 

Quelle musique Dieu écoute-t-il ?

La première image de la série The Young Pope

Première image officielle de la série The Young Pope / The New Pope (photo ci-dessus) : on se demandait si le pape Pie XIII n’était pas en train d’écouter de la musique…

La bande-son électro-rock de la série The Young Pope / The New Pope fait l’unanimité et apporte beaucoup au rythme de la série. Pie XIII, d’ailleurs, qui cite cite Daft Punk, aime beaucoup écouter de la musique : lorsqu’une ministre d’un pays scandinave lui offre un vinyle, il s’empresse de demander à l’écouter… Contrairement à ce qu’on pourrait penser, d’ailleurs, les papes peuvent tout à fait être musiciens (Benoît XVI jouait du piano). Et Dieu, quelle musique écoute-t-il ? La réponse de Paul Clavier, philosophe normalien, dans son livre 100 questions sur Dieu.

Selon une légende propagée par le théologien suisse Karl Barth, Dieu, sur son trône, écoute (religieusement) les cantates de Jean—Sébastien Bach, interprétées par le chœur et l’orchestre des anges du paradis. Mais lorsque les anges sont entre eux, au cours des répétitions, ils se mettent à jouer du Mozart, et Dieu écoute à la porte.

Cet apologue traduit une intuition sur la personnalité de Dieu, très révélatrice de nos attentes humaines. En public, Dieu aime la majesté, la gloire, la solennité. En catimini, il goûte la frénésie mélancolique de Wolfgang… Amadeus. D’un côté, nous reconnaissons aisément la grandeur et la puissance de Dieu, et seule une « grande » musique semble alors à la hauteur. Mais nous tenons également à un Dieu sensible, capable de s’attendrir.

Nous imaginons sans peine Dieu à l’aise dans le Messie de Haendel et dans le chœur final de la « Neuvième symphonie » de Beethoven, où il est d’ailleurs évoqué sans détour :

« Frères, par-delà la tenture des étoiles doit habiter un père chéri. Vous prosternez-vous, milliards de créatures ? Monde, pressens-tu ton Créateur ? »

On peut également penser à la « Neuvième symphonie » de Bruckner, dédiée à Dieu, et qui propose un véritable trip métaphysique à l’auditeur emporté vers des horizons mystiques. Mais pourquoi Dieu ne se réjouirait pas d’une simple comptine qui chante la vie, les saisons, l’amour ou la nature ? Il n’est même pas exclu que Dieu aime la musique métal, à condition toutefois qu’elle célèbre l’énergie de la création, et non le plaisir douteux de la destruction.

Conclusion : c’est pareil pour The Young Pope / The New Pope, Dieu peut aimer la bande-originale, à condition toute fois qu’il ne s’agisse pas se servir l’entreprise de destruction massive d’un pseudo-pape Pie XIII revanchard et sournois, pour ne pas dire pervers… Allez, on vous met un lien vers la playlist de la BO de The Young Pope.

 

Pour aller plus loin :

Tout savoir sur les gardes suisses !

La Garde Suisse, au Vatican
La Garde suisse, au Vatican, a toute une histoire… elle a même changé plusieurs fois d’uniforme – ce que n’a pas envisagé le pape Pie XIII dans la série The Young Pope !

D’où vient la Garde suisse et ses militaires, que l’on retrouve toujours dès qu’il est question de filmer quelque chose au Vatican, comme dans The Young Pope ? (Le mari d’Esther – Ludivine Sagnier – en est un). Que faut-il pour devenir garde suisse et se mettre ainsi au service direct du pape ?

D’où vient la Garde suisse ?

Crée par le pape Jules II le 22 janvier 1506 (annoncé depuis le 7 décembre 1505), la Garde Suisse est la plus petite armée du monde (110 militaires), chargée de veiller à la sécurité du pape et du Vatican. Il fut un temps où le seul métier autorisé pour un Suisse hors de Suisse était d’être mercenaire. C’étaient alors de très bons soldats : le futur Jules II, encore évêque de Lausanne, avait remarqué chez eux cette qualité, pendant les guerres de Bourgogne.

La Garde suisse est la dernière encore existante (des détachements de mercenaires suisses servaient de garde rapprochée et protocolaire pour différentes cours européennes à partir du XVe siècle : y compris en France, ils protégèrent Louis XVI lors de l’attaque des Tuileries, et la plupart périrent pour sauver le roi…

Les accords du Latran (1929) signés entre l’Etat italien et l’Eglise catholique sont une étape importante pour la Garde suisse : ils comportent un traité qui reconnaît au Saint-Siège une juridiction souveraine, exclusive et absolue sur le Vatican. Celui-ci, précise, à l’article 3 :

« L’Italie reconnaît au Saint-Siège la pleine souveraineté et l’autorité exclusive et absolue et juridiction souveraine sur le Vatican, tel qu’il est actuellement constitué, avec toutes ses pertinences et dotations, en créant de cette façon la Cité du Vatican dans les buts spécifiques et avec les modalités du présent Traité. »

Un autre paragraphe reprend et précise la question des accès et des frontières :

« Il est entendu que la place Saint-Pierre, tout en faisant partie du Vatican, continuera d’être normalement ouverte au public et assujettie aux pouvoirs de police des autorités italiennes ; lesquelles s’arrêteront au pied des marches de la basilique, bien que celle-ci continue d’être destinée au culte public, et par conséquent elles s’abstiendront de gravir les marches et d’accéder à ladite basilique, sauf si elles y sont invitées par l’autorité compétente. Si le Saint-Siège, en vue de fonctions particulières, souhaitait soustraire temporairement la place Saint-Pierre à la libre circulation du public, les autorités italiennes, à moins qu’elles ne soient invitées à rester par l’autorité compétente, se retireront au-delà des traits extérieurs de la colonnade du Bernin et de leur prolongement. »

La création du nouvel État de la Cité du Vatican pose aussi une question délicate à la Confédération helvétique, du moment qu’il s’agissait de permettre à certains de ses citoyens de s’enrôler dans une « armée » étrangère. La question fut résolue par un délibéré du Conseil fédéral suisse, qui, quatre jours après la signature des accords, précise :

« Il est difficile de considérer la garde papale comme un corps armé étranger, au sens de l’article 94 du Code pénal militaire, dans la mesure où cette troupe est une simple garde de police, quiconque pourra y prêter service sans l’autorisation du Conseil fédéral. »

C’est aussi en 1929 que commencent les travaux pour la construction des locaux d’habitation des officiers et sous-officiers de la garde, et que l’on achève la restauration de la petite église des Saints-Martin-et-Sébastien que Pie V avait fait bâtir en 1568 dans le quartier des Suisses… S’il leur est demandé d’être célibataires, c’est surtout à cause de la vie en caserne où ils sont plusieurs par chambre, et qu’il y a peu de logements indépendants…

Que faut-il pour devenir Garde suisse ?

Le site Internet de la Curie romaine dresse très clairement la liste des qualités nécessaires pour devenir soldat du pape :

« Je suis citoyen suisse. Je suis de foi catholique romaine. J’ai une réputation irréprochable. J’ai fréquenté l’école des recrues en Suisse. J’ai entre dix—neuf et trente ans. Je mesure au moins 1 74 centimètres. Je suis célibataire. Je suis titulaire d’un certificat d’aptitude professionnelle ou d’un baccalauréat. »

Bref : sexe masculin, suisse, taille moyenne, célibataire et… catholique. Précisons, sur cet aspect, qu’il faut obligatoirement être baptisé, confirmé, avoir fait sa première communion, avoir une lettre d’un prêtre suisse qui certifie que vous puisez vos forces aux sacrements de l’Eglise… Il faut enfin avoir fait au moins 1 des 2 années de service militaire (si on en a fait qu’une on peut faire la seconde à la Garde suisse mais comme on signe pour au moins 2 ans, on a donc un service militaire de 3 ans !). Le salaire mensuel d’environ 1 350 euros. On ne peut se marier qu’après l’âge de vingt-cinq ans, à condition d’avoir trois ans d’expérience et le grade de caporal, et de s’engager à servir l’Église de Rome pendant au moins trois années encore.

Que fait la police ?

Les deux tiers du personnel sont attachés à la garde des différentes entrées des palais apostoliques : dans la cour Saint-Damase, dans celle du Belvédère, aux étages des Loggias, dans la salle Royale, face aux bureaux du secrétariat d’État, dans les appartements privés du pape. De plus, la garde surveille les accès extérieurs : accès du Petriano, Arc des Clochers, porte de Bronze et porte Sainte-Anne.

Les gardes suisses sont de service d’honneur et de sécurité chaque fois que le pape est présent : lors des cérémonies à la basilique Saint-Pierre, des audiences générales et au cours des visites de chefs d’États étrangers, etc. Il y a ensuite les inspections, les marches, les exercices de tir, les répétitions de la fanfare, le chœur…

Les cent seize soldats sont répartis en trois escadrons qui alternent au cours de la journée. L’un est de service, l’autre de renfort, le troisième a quartier libre. Trois officiers et un groupe de sous-officiers travaillent sous les ordres du commandant-colonel. En général, les officiers et le sergent-major travaillent en civil. Le chapelain du corps est l’équivalent d’un lieutenant-colonel. Les gardes se restaurent à la cantine interne, gérée par les religieuses albertines.

Le drapeau de la garde suisse est partagé en quatre champs par une croix blanche. Le premier affiche le blason du pape régnant, le quatrième celui de Jules II, les deux étant sur fond rouge. Les deuxième et troisième champs se rehaussent en revanche des couleurs du corps militaire : le bleu, le rouge et le jaune. Au point d’intersection des bras de la croix, se détache le blason du commandant en charge.

Bon à savoir

Dans les guide touristiques de Rome, il est dit que l’uniforme fut dessiné par Raphaël chargé à l’époque de la décoration du Vatican. En réalité, chaque pape, avec sa fortune personnelle, s’il le souhaite, peut faire changer l’uniforme et les couleurs de la garde. Le dernier en date à le faire fut Benoit XV au début du 20ème siècle.

Enfin on ne peut parler de la Garde suisse sans parler du 6 mai 1527 : 40.000 soldats sous les ordre des Bourbons attaquèrent Rome. Rome de son côté avait formé à la hâte, pour se défendre, une armée de 3.000 hommes et quelques anciens gardes suisses étaient venu prêter main forte pour former une troupe de 189 gardes suisses sous les ordre du Commandant Kaspar Roist. Autant vous dire que les 3.000 hommes ne furent pas le poids et que les 189 gardes suisses furent le dernier rempart pour protéger le pape. Il décidèrent alors d’amener le pape au château Saint Ange pour le mettre à l’abri. Certains partir avec le pape et d’autres restèrent pour retarder l’armée adverse. Le pape fut sauvé. Il restait alors seulement 42 gardes suisses qui réussir à tenir le siège jusqu’au 5 juin, où le pape finit par se rendre contre l’assurance de sa vie sauve et de celle de ses garde, contre une rançon en or et en territoire, avec l’assurance de continuer d’être pape et la possibilité que les gardes suisses encore en vie puissent rester dans sa garde personnelle. Depuis, la fête de la Garde suisse est le 6 mai : si vous êtes à Rome ce jour-là, vous pouvez aller les voir défiler place Saint-Pierre !

Un autre anniversaire

En mai 2006, la garde suisse a fêté le cinquième centenaire de sa fondation. Le pape Benoît XVI a alors déclaré, dans son homélie :

« Devenir gardes suisses signifie adhérer sans réserve au Christ et à l’Eglise, prêts pour cela à donner leur propre vie.(…) A Rome, où se trouve en effet le centre de l’Eglise universelle, se croisent des chrétiens du monde entier. L’Eglise catholique est internationale et malgré la multiplicité de ses formes elle est une. Cette unité s’exprime dans la profession de foi et se manifeste concrètement dans le lien avec Pierre et le Pape, son Successeur. L’Eglise rassemble des hommes et des femmes de cultures très diverses, qui forment ensemble une communauté de vie et de foi, c’est cette expérience de grande importance que l’Eglise vous offre aujourd’hui, afin de la communiquer ensuite à d’autres, de montrer que dans la foi en Jésus-Christ, des mondes différents peuvent être une chose seule et créer des ponts de paix et de solidarité entre peuples. »

 

Un pape ‘moderne’ porte-t-il la tiare ?

Un pape moderne qui porte la tiare ?

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Quand Pie XIII, dans The Young Pope, s’amuse à porter tout ce qui ne l’est plus depuis un demi-siècle…

D’après Direct matin qui en a fait sa Une (voir ci-contre), il s’agit d’un pape moderne… Mais alors, pourquoi porte-t-il encore la tiare ?

Il faut savoir que la tiare vient du latin tiara, mot d’origine perse. Nous voici bien avancés ! Mais figurez-vous que dans l’antiquité, la tiare était une coiffure d’apparat de forme conique, portée par de grands dignitaires de l’Orient, notamment en Egypte.

La tiare comme coiffure propre au pape remonte probablement au XIe siècle, d’après cette notice gracieusement fournie par l’encyclopédie Théo. Son origine reste pourtant… obscure (et non pas obscurantiste comme Pie XIII). Elle devient peu à peu le symbole du pouvoir temporel et même impérial des papes. Elle reçoit une première couronne à la fin du XIIe siècle avec Innocent III (peut-être pas si innocent que ça, alors ?), en pleine querelle du sacerdoce et de l’empire (qu’est-ce que je vous disais ?), puis une deuxième (comme si cela ne suffisait pas) à la fin du XIIIe siècle  avec Boniface VIII, aux prises avec Philipe le Bel, et même une troisième (no comment) au XIVe siècle avec Benoît VII, pape d’Avignon.

La richesse de l’ornementation de la tiare atteint des proportions incroyables. Celle de Jules II, au XVIe siècle, comporte un rubis de 120 carats surmonté d’une énorme perle.

Pie XIII dans TéléObs
Une autre photo d’envergure révélée par nos confrères du Télé Observateur…

Peu à peu ce symbolisme du pouvoir temporel s’estompe pour ne laisser place qu’à celui du seul pouvoir spirituel (et heureusement !). C’est à ce titre que la tiare figure encore aujourd’hui, avec les clefs de saint Pierre, dans les armes pontificales.

Aujourd’hui l’expression « coiffer la tiare » pour désigner l’accession à la papauté ne correspond plus à la réalité, car Jean XXIII a été le dernier pape à se faire couronner de la tiare. Paul VI, élu en plein concile Vatican II (1963), rompt de manière significative avec l’usage séculaire en excluant le port de cette coiffure. (Il n’en est pas moins passé par la « chambre des pleurs », mais cela n’a pas pour autant donné d’expression consacrée, à notre connaissance du moins…).

Le pape étant d’abord l’évêque de Rome, Paul VI ne coiffe jamais que la mitre dont le symbolisme est essentiellement de caractère pastoral, manifestant ainsi clairement sa communion d’esprit avec les orientations conciliaires. Ses successeurs sont restés fidèles à cette nouvelle manière de faire… Jusqu’à Pie XIII, mais ça, c’est de la pure fiction !